Un phénomène est observable depuis quelques décennies : l’accélération de l’apparition de zoonoses, c’est-à-dire des maladies ou infections qui se transmettent des animaux vertébrés à l’homme, et vice versa. Les éléments pathogènes en cause peuvent être des bactéries, des virus ou des parasites. Au XXe siècle, il en apparaissait une nouvelle en moyenne tous les quinze ans. Depuis une vingtaine d’années, le phénomène s’accélère. Au début des années 2000, une nouvelle maladie émergente est découverte tous les 14 à 16 mois. Cette augmentation s’explique certes par une attention accrue – ou veille épidémiologique – à ces maladies, mais aussi par une aggravation des conditions favorisant leur émergence.
Selon l’ONU, 60 % des maladies infectieuses décrites chez l’humain sont d’origine animale. C’est également le cas de 75 % des maladies humaines émergentes. Surtout, en 2016, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) soulignait que « les zoonoses sont des maladies opportunistes qui se développent lorsque l’environnement change ». Là est le fond du problème, à savoir la destruction de la biodiversité.
La destruction des forêts tropicales
La première cause de toutes les maladies infectieuses émergentes se trouve dans la destruction des forêts tropicales. En effet, la biodiversité protège la santé. Dans une forêt primaire, existe un équilibre entre espèces et agents pathogènes qui opèrent à « très bas bruit », c’est-à-dire sans connaître de dérèglements majeurs.
Prenons l’exemple de la maladie de Lyme aux Etats-Unis. Elle est transmise lors d’une piqûre de tique infectée par une bactérie de la famille des spirochètes dont sont porteuses les souris à pattes blanches. Afin de réduire les risques de voir les tiques piquer ces souris, il est nécessaire qu’il y ait dans les forêts de nombreux mammifères rongeurs tels des opossums et des écureuils qui ne sont pas porteurs de cette bactérie. Mais si ceux-ci disparaissent, ne serait-ce que parce que leur milieu naturel est détruit ou réduit, il ne va rester qu’un seul type de rongeurs. Les animaux qui ne se nourrissent que de certains types d’aliments vont disparaitre, tandis que ceux qui se nourrissent de tout se maintiendront. Or ce sont ces derniers qui sont un réservoir d’agents pathogènes comme la bactérie qui donne la maladie de Lyme. Nous comprenons ainsi combien il est essentiel de maintenir la biodiversité d’un milieu. Ajoutons que des prédateurs contrôlent les populations, notamment de cette souris et évitent ainsi son trop grand développement avec les risques infectieux afférents. (Lire notamment M.M Robin, La Fabrique des pandémies, La Découverte 2021)
Ainsi, les virus, les bactéries existent de temps immémoriaux dans la nature, mais les modifications rapides effectuées par l’homme perturbent gravement de nombreux milieux naturels et libère l’activité de ces éléments pathogènes. En quelque sorte, lorsque les écosystèmes sont malades, l’homme le devient aussi. L’homme vit avec les virus, les bactéries et c’est au contact des milieux naturels qu’il s’immunise. Cela pose le problème des OGM, ces aliments transgéniques, et des élevages intensifs et de la destruction inconsidérée des forêts.
Prenons un nouvel exemple. Ainsi, à Bornéo, a-t-on déforesté des milliers d’hectares de forêt pour planter des palmiers à huile. Voyant leur milieu détruit, les chauve-souris ont fui ces régions devenues pour elles inhospitalières tout en développant des stress importants et sont arrivés sur les côtes malaises où ces animaux frugivores ont trouvé à se nourrir avec des mangues mais en infectant par la même occasion avec leurs excréments les élevages intensifs de porcs installés dans la région d’un virus dont elles sont naturellement porteuses mais qui, jusqu’alors était demeuré au fond des forêts tropicales, le virus « nipah » dont le taux de létalité est très élevé car se situant entre 40% et 75%. Or le porc partage 95 % de son génome avec celui de l’homme, facilitant la contamination de celui-ci d’autant plus rapidement que les porcs sont exportés.
Par ailleurs, l’homme vivant dans des conditions rustiques mais saines est-il moins sujet à des allergies que ceux vivants dans des villes, des cités où la biodiversité est des plus réduites. Les enfants vivant à la campagne sont bien plus résistants que les enfants de villes à diverses infections dans la mesure où le microbiote (l’ensemble des microorganismes vivant dans un environnement spécifique, le microbiome, chez un hôte) de ces derniers est très faible.
Ce facteur a certainement été déterminant pour expliquer qu’en Afrique, avec le coronavirus, il y ait eu peu de morts dans les zones rurales, comparativement aux zones urbaines car les paysans sont exposés par le contact avec leurs animaux à de nombreux types de coronavirus. Ils vivent dans des milieux de forte biodiversité qui les rendent résistants aux orages inflammatoires ; leur appareil digestif contient des oxyures, de petits vers intestinaux qui ont développé une protéine qui permet de combattre les effets inflammatoires divers, dont l’asthme.
Par ailleurs, répétons-le, le traitement industriel des élevages d’animaux est irresponsable : il suffit de se rappeler la maladie dite de « la vache folle » qui est due au fait que l’on a donné à manger des farines animales, donc de la viande, à des animaux herbivores, ce qui est une hérésie.
Il ne sert à rien de s’en prendre aux émissions de CO2 comme le font les autoproclamés écologistes, si l’on détruit les sols, bétonne les meilleures terres, comme c’est le cas en France, autour des grandes agglomérations. Il est vital de rééquilibrer le peuplement du territoire français. Nous en avons souvent traité dans cette revue.
Vivre au pays
De même, il importe de permettre à chaque race d’hommes, à chaque ethnie de continuer à vivre sur ses terres natales, celles auxquelles il s’est adapté, plutôt que de les transplanter comme des éléments interchangeables en n’importe quel endroit de la planète, car ces mouvements de populations sont aussi des facteurs de développement d’épidémies.
Mais une réponse sûre et positive à tous ces défis ne pourra se faire que lorsque les peuples seront parvenus à se défaire de l’oligarchie prédatrice et mondialisée qui ne comprend le monde qu’au travers du prisme réducteur du matérialisme lui-même asservi au culte du profit financier.
Rappelons que, parmi les facteurs de disparition des civilisations, outre une profonde crise spirituelle, figurent les éléments suivants :
- l’épuisement des ressources ;
- la mauvaise répartition des richesses, surtout si le phénomène n’est pas corrigé, comme c’est le cas actuellement où la richesse des 1% les plus riches de la planète correspond à plus de 2 fois la richesse de 90 % de la population mondiale, soit 6,9 milliards de personnes. Il arrive alors un moment où, lorsque l’effondrement s’amorce, les pauvres sont certes les premiers touchés mais de proche en proche les riches sont aussi atteints et périclitent à leur tour.
Nous devons intégrer ces éléments dans notre manière de penser. Le nationalisme est un socialisme, comme le disait Barrès, mais c’est surtout un écologisme : assurer à chaque homme, membre d’un peuple, enraciné sur un territoire, les moyens d développer sa personnalité et de pérenniser le peuple dont il est issu au fil des siècles dans une harmonie spirituelle naturelle et matérielle.
Emile MALLIE
Source : MILITANT n°736, Avril 2021
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