Depuis des années, Étienne Chouard défend avec ardeur une idée qu’il considère comme la clé de la véritable démocratie : le tirage au sort en politique. Pour lui, l’élection, loin d’être un instrument de souveraineté populaire, n’est qu’un mécanisme oligarchique qui confisque le pouvoir au profit d’une minorité organisée et riche. Dans ses conférences, ses écrits, ses ateliers constituants, Chouard répète inlassablement ce constat : élire, ce n’est pas choisir, c’est se soumettre à un système qui place toujours les mêmes au sommet. Pour briser ce cercle, il propose de confier les charges publiques au hasard, accompagné de mandats courts, révocables, contrôlés. Ainsi, pense-t-il, la politique cesserait d’être l’affaire d’une caste et redeviendrait celle de tous. Cette thèse, séduisante par sa simplicité et sa radicalité, mérite d’être examinée avec sérieux. Car si le constat est juste, la solution est illusoire et nous y opposons la conception d’une société organique, enracinée, telle que les nationalistes la défendent depuis un siècle.
Le premier argument de Chouard est que l’élection produit l’oligarchie. C’est indéniable : les campagnes exigent de l’argent, des réseaux, des relais médiatiques. Le suffrage universel ne choisit pas les meilleurs mais les mieux soutenus par la finance et la propagande. Le citoyen croit décider, mais il ne fait qu’entériner un choix déjà orchestré par les puissances d’argent. Mais de ce constat, Chouard tire une conclusion erronée : il faudrait donc supprimer l’élection et tirer au sort. Le problème n’est pas qu’il existe des élites, mais que celles-ci sont illégitimes, déracinées et corrompues. La société organique ne nie pas la nécessité d’une élite : elle affirme qu’elle doit être enracinée dans la nation, formée à servir et non à se servir, encadrée par les corps intermédiaires et soumise au bien commun.
Le deuxième argument est que le tirage au sort garantit l’égalité politique. Chaque citoyen, dit Chouard, a la même chance d’être désigné, et c’est cela la démocratie. Mais l’égalité ne signifie pas interchangeabilité. Les hommes sont égaux en dignité, non en capacité. Gouverner n’est pas un droit automatique mais une charge exigeante, qui réclame vision, expérience et autorité. Confier le destin d’une nation au hasard, c’est mépriser la hiérarchie naturelle. La société organique, au contraire, reconnaît que chaque homme a sa place et sa fonction : le paysan dans son champ, le soldat dans ses rangs, le chef dans sa mission de guide. L’harmonie vient de la complémentarité, non du nivellement.
Chouard insiste ensuite sur la fin de la professionnalisation politique. Avec des mandats courts et non renouvelables, plus de carrière, plus de caste. Mais cette instabilité détruit la mémoire et la continuité. Un État ne peut pas être dirigé par des novices éphémères. Une politique d’éducation, d’industrie ou de défense se construit sur des décennies. La société organique, en assumant la permanence des institutions et l’autorité des chefs, garantit cette stabilité. Loin d’être un danger, la continuité est une condition vitale de la prospérité nationale.
Il avance encore que le tirage au sort reflète mieux la diversité sociale. Mais en réduisant la nation à des individus isolés, il détruit la réalité des communautés. La véritable représentation ne se fait pas par le hasard mais par les corps intermédiaires : familles, communes, métiers, armée, Église. Ce sont eux qui expriment la diversité réelle du peuple. La société organique repose sur ce principe : le peuple n’est pas une masse d’individus abstraits, mais un organisme vivant composé de communautés enracinées.
Un autre argument est que le tirage au sort protégerait de la corruption. L’élu est redevable à ses soutiens, tandis que le tiré au sort n’ayant rien demandé serait plus intègre. Mais la corruption prend mille formes : la peur, la flatterie, l’achat, la menace. Un citoyen sans formation sera encore plus vulnérable aux pressions que l’élu. L’intégrité ne s’impose pas par le hasard, elle se cultive par l’éducation, la tradition, la foi, l’enracinement. La société organique combat la corruption non par une mécanique aveugle, mais par la formation morale, par la discipline et par le contrôle exercé par les communautés.
Chouard soutient aussi que le tirage au sort empêche la concentration du pouvoir. Mais le pouvoir se concentre toujours quelque part. Si ce n’est pas dans les mains d’un élu, ce sera dans celles d’un haut fonctionnaire, d’un technocrate, d’un expert permanent. Le citoyen tiré au sort, novice, deviendra la marionnette de ceux qui savent, et qui ne tourneront jamais. La société organique assume la verticalité : un peuple a besoin d’une tête qui commande et de membres qui obéissent. La concentration du pouvoir n’est pas un mal si elle est ordonnée au bien commun, si elle est contrôlée par les institutions et par la fidélité à la loi naturelle.
Enfin, Chouard proclame que le tirage au sort est la seule vraie démocratie. Mais cette démocratie est une illusion. L’histoire nous enseigne que les nations ne se maintiennent pas par le hasard, mais par l’autorité incarnée. Les empires et les royaumes ont duré parce qu’ils étaient enracinés dans une structure verticale, dans une autorité organique. Athènes, modèle invoqué par Chouard, a fini par s’effondrer. Rome, structurée par la discipline et l’autorité, a bâti un empire de plusieurs siècles. La démocratie moderne, qu’elle soit élective ou tirée au sort, reste prisonnière du même travers : réduire le peuple à une masse d’individus isolés, sans transcendance ni ordre.
À ce stade, il faut souligner ce que Chouard ne dit pas : comment passer de la situation actuelle à son modèle idéal ? Comment renverser l’oligarchie qui tient l’État, l’école, la presse, la finance ? Chouard reste muet. Il décrit un après, mais ne dit rien du chemin. Or les oligarchies ne tombent pas devant des schémas théoriques. Elles se défendent, elles répriment, elles manipulent. Les régimes ne s’écroulent que face à une force organisée, à une volonté incarnée, à une autorité capable de trancher. Sans cela, ses ateliers constituants resteront des illusions.
C’est pourquoi, malgré nos divergences, il existe une convergence : nous avons un ennemi commun. Chouard et ceux qui l’écoutent dénoncent le même système que nous, la même imposture parlementaire, le même règne oligarchique. Sur ce point, nous sommes alliés naturels. Nous divergeons sur la société future, mais nous savons qu’avant toute chose il faut abattre le régime. Et il faut être lucide : cette chute ne débouchera pas immédiatement sur une démocratie idéale. Elle nécessitera une phase de pouvoir fort, capable de rétablir l’ordre, la souveraineté, la sécurité, la prospérité. Ce pouvoir devra assainir les institutions, chasser la corruption, restaurer les frontières, libérer la presse et l’école, remettre la France debout. Ce pouvoir fort ne sera pas une fin en soi, mais une étape de transition, une purification préalable.
C’est seulement après cette phase de redressement que l’on pourra réfléchir à la place de la participation populaire. La société organique n’exclut pas toute démocratie directe. Elle peut, dans une France redevenue saine et souveraine, laisser place à des référendums d’initiative, à des assemblées locales, à des jurys de contrôle tirés au sort pour surveiller l’usage des deniers publics ou rappeler à l’ordre les institutions. Mais ce rôle sera secondaire, complémentaire, jamais central. Le cœur du régime restera organique, hiérarchique, enraciné dans les communautés naturelles. Le peuple participera, non comme une masse d’individus interchangeables, mais comme un corps vivant où chaque organe a sa mission.
Nous sommes donc clairs : le tirage au sort ne peut pas constituer le fondement du régime. Il nie l’ordre, la hiérarchie, la continuité. Mais il pourrait, à la marge, avoir une utilité comme outil de contrôle, une fois que la nation aura été restaurée. Pour l’heure, nous en sommes très loin. L’urgence n’est pas de rêver à une démocratie idéale, mais de renverser l’oligarchie et de sauver la France. Pour cela, il faut un pouvoir fort. Une fois la maison reconstruite, on pourra réfléchir aux aménagements. Tant qu’elle brûle, il faut éteindre l’incendie.
C’est pourquoi nous tendons la main à ceux qui, comme Chouard, dénoncent l’imposture élective. Nos chemins divergent sur l’horizon, mais pour l’instant, nous avons un combat commun. Marchons ensemble contre l’oligarchie, abattons le régime, restaurons la souveraineté. Ensuite viendra le temps de débattre. Mais sans une étape de pouvoir fort, il n’y aura ni démocratie réelle ni société organique : il n’y aura que le chaos ou la soumission. Voilà pourquoi notre choix est clair : unir nos forces pour rétablir l’ordre, la souveraineté et la prospérité, et préparer ainsi l’avenir.
Le « peuple » nouveau, comme il en va des vendanges, est abasourdi par trois decennies de pedagogisme distille dans les ecoles, des l’age tendre… ce qui en fait des proies cuites comme recuites pour aveugles conduisant d’autres aveugles. Nous devons voir et revoir ce systeme d’etouffoir mental, intellectuel et moral. C’est la condition sine qua non d’une restitution nationale et du renouvellement du politique. Sinon, nous nous parlons a nous-memes, plus a quelques-uns. Ce n’est pas la dire « Present ! », mais merci pour le chocolat… denommant en russe le mot de Cambron!
A l’évidence, il faut faire tomber la « démocrassie » et tout ce qui va avec, en particulier le suffrage universel, aboutissement de ce système dans ce qu’il a de plus délétère (et comme par hasard dû à De Gaulle…), et c’est effectivement la priorité absolue.
Ensuite, il faut le fascisme, et plus tard la monarchie absolue car il faut rétablir l’Ordre Naturel si l’on veut vraiment retomber sur nos pieds, et cela exclut toute organisation qui conserve, comme ça reste encore malheureusement le cas avec le fascisme, des principes d’ordre républicain.