L’article du Harper Magazine en 1946
Vers la fin de la guerre, les Alliés n’ont pas fait que découvrir les camps, derrière ces images sombres complaisamment exposées, se déroulait un pillage en règle d’une face beaucoup plus lumineuse du Reich, les Alliés se saisissant à pleines mains des fruits du génie scientifique et technique de tout un peuple, dans le domaine militaire, mais tout autant, si ce n’est plus, dans le domaine civil.
On trouvera ci-dessous un article particulièrement édifiant publié dans le numéro d’octobre 1946 du Harper Magazine – à peine plus d’un an après la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’article révèle que le gouvernement américain avait récupéré plusieurs tonnes de documents secrets chez les nazis. Ces documents sensationnels montraient sans l’ombre d’un doute que dans pratiquement tous les domaines de la recherche scientifique, les nazis étaient loin devant les forces Alliées – souvent en avance de dix ans, voire plus. Tube électronique en porcelaine, bande magnétique, lunette infra-rouge, condensateur sur papier, mica synthétique, mais aussi dans les carburants, la métallurgie, le textile, les colorants, l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique …
Attention, même si le sujet est proche, il ne s’agit pas ici de l’opération paper-clip visant à récupérer les scientifiques et techniciens eux-mêmes mais du pillage des brevets déjà existants.
Des secrets par milliers
Les lecteurs du Harper sont familiers de M. Walker et de ses articles sur toutes les machineries de guerre des Alliés. Il nous emmène à présent à la découverte de certaines des plus déconcertantes trouvailles que l’ennemi avait dans sa manche.
Quelqu’un s’est récemment adressé au Wright Field, disant qu’il avait cru comprendre que le pays avait amassé toute une collection de secrets de guerre chez l’ennemi, que nombre d’entre eux étaient maintenant classés dans le domaine public, et si on pouvait avoir l’amabilité de lui envoyer tout ce qui avait trait aux moteurs à réaction allemands. Le service des archives de l’Armée de l’air lui a répondu : « désolé, mais il y en aurait pour cinquante tonnes ».
Qui plus est, ces cinquante tonnes ne constitueraient encore qu’une partie de ce qui est incontestablement la plus vaste récolte de secrets de guerre jamais faite chez un ennemi. Si vous pensez que les renseignements sur les armes secrètes arrivent au compte-gouttes pour être transmises discrètement aux autorités intéressées, sachez qu’en l’occurrence, les secrets se comptent en milliers, qu’on dispose d’une montagne de documents, et qu’il n’existe rien de comparable au monde.
Tout ce butin est aujourd’hui principalement conservé en trois endroits : au Wright Field (Ohio), à la bibliothèque du Congrès (à Washington) et au Département du Commerce. Le Wright Field travaille sur un lot de base de quinze cents tonnes, à Washington, l’Office of Technical Services (qui a absorbé la direction du Publication Board, l’agence initialement prévue pour gérer la moisson de données) fait état de milliers de tonnes de documents. On estime à plus d’un million le nombre de documents répertoriés, lesquels contiennent vraisemblablement l’ensemble des secrets scientifiques, industriels et militaires de l’Allemagne nazie.
Pour un responsable de Washington, il s’agit « de la plus grande source de ce genre au monde, la première exploitation systématique de la puissance scientifique et technique de tout un pays ».
La constitution de ce stock d’archives remonte à une décision du chef d’état-major combiné Allié qui, un jour de 1944, mettait en branle sur l’ensemble des territoires allemands conquis une gigantesque chasse aux secrets de guerre. À cet effet, un groupe mixte composé de civils et de militaires, le Joint Intelligence Objectives Committee avait été créé, qui devait suivre les armées d’invasion en Allemagne et partir à la recherche de tous ses secrets militaires, scientifiques et industriels susceptibles dans un premier temps, d’être recyclés contre le Japon. Cette équipe travaillait contre la montre pour tirer les informations les plus vitales avant qu’elles ne soient détruites, déployant des prodiges d’ingéniosité et de ténacité.
Par exemple, dans une entreprise d’optique à Wetzlav, près de Francfort, le colonel qui enquêtait sentait bien que les cadres dirigeants lui tenaient tête, mais ces derniers n’en démordaient pas, ils lui avaient tout donné. Le lendemain, il revint à la charge avec un formulaire qu’il leur demandait de signer, selon lequel ils déclaraient qu’ils avaient remis « toutes les données scientifiques et commerciales, et qu’à défaut, ils en subiraient les conséquences ». Deux jours plus tard, d’un air sombre, ils se résignaient à signer le document, puis, conduisait le colonel à une cache près d’un entrepôt. D’un coffre jaillissaient soudain les dossiers secrets sur les instruments optiques, les microscopes et les dispositifs de visée.
Ailleurs, un binôme d’enquêteurs se retrouvait complètement bloqué, les archives qu’ils devaient trouver avaient complètement disparu, une rumeur semblait indiquer qu’elles avaient pu être dissimulées dans une montagne, le duo a ratissé la région en Jeep : rien. Mais en insistant, ils ont fini par tomber sur une petite route forestière à l’entrée de laquelle était affiché : « Achtung! Minen! » [attention, mines]
Lentement, avec précaution, ils ont engagé leur Jeep dans le chemin, rien ne se produisait, puis, un abri de béton coulé dans la colline leur apparut avec une autre pancarte : « Explosion en cas d’ouverture ». « On a tiré à pile ou face » raconta l’un des deux, « et le perdant a attelé l’élingue de la Jeep à la porte de l’abri, a retenu sa respiration et appuyé sur l’accélérateur ». Il n’y eut pas d’explosion, la porte fut arrachée à ses gonds, les fichiers convoités se trouvaient à l’intérieur.
L’office allemand des brevets avait caché ses brevets les plus importants dans un puits de mine à 500 mètres de profondeur à Heringen et les avait recouverts de bombonnes d’oxygène liquide. Lorsque les agents de l’American Joint Intelligence Objectives les ont découverts, ils se sont demandé s’ils pourraient être sauvés. Ils étaient lisibles, mais dans un tel état de délabrement qu’une remontée vers la surface achèverait de les désagréger. On fit alors descendre tout un équipement photographique et une équipe dans le puits et les brevets furent récupérés sous forme de microfilm.
Les premières équipes du Joint Intelligence Objectives ont été suivies par d’autres, spécifiquement destinées à faire moisson des secrets industriels et scientifiques. Le Technical Industrial Intelligence Committee était l’une d’entre elles, elle était composée de trois cent quatre-vingts civils représentant soixante-dix industries américaines. Puis vint l’Office of the Publication Board et ses nombreuses officines de collecte de l’industrie privée. De ces dernières – qu’on appelait en Allemagne les Field Intelligence Agencies, Technical (FIAT) – on en dénombrait plus de cinq cents, chacune comprenant de un à une dizaine de membres, elles opéraient à l’invitation et sous l’égide de l’OPB.
Aujourd’hui encore, la recherche se poursuit. L’Office of Technical Services dispose en Europe d’une équipe de quatre à cinq cents collaborateurs. À Hoechst, elle a une centaine de compilateurs qui luttent fiévreusement pour faire face au flux incessant de microfilm, environ 30 000 mètres par mois enregistrés par une quarantaine de caméras.
Qu’avons-nous trouvé ? Voulez-vous des exemples parlants de la liste des secrets de guerre ? Le directeur du service communication du Technical Industrial Intelligence Branch ouvrit un tiroir de son bureau et en ressortit le plus minuscule tube à vide que j’aie jamais vu, d’une longueur d’un demi-pouce environ.
« Notez qu’il est en porcelaine épaisse – pas en verre – qu’il est donc pratiquement incassable. Il est prévu pour un millier de Watts et fait environ le dixième de la taille d’un tube américain de la même capacité. Aujourd’hui, nos industriels connaissent son secret de fabrication et … voici encore autre chose … »
Il sortit quelque chose qui pouvait ressembler à une bobine de papier kraft, le ruban pouvait faire un quart de pouce de large, il avait un côté mat et un côté brillant.
« Il s’agit d’une bande magnétophone » fit-il, « elle est en plastique, métallisée sur une face à l’oxyde de fer ». En Allemagne, cela a supplanté l’enregistrement sur disque. Toute une journée d’émission de radio peut contenir sur une bobine. On peut à tout moment la démagnétiser pour l’effacer et enregistrer une nouvelle émission dessus. Pas d’aiguille de tourne-disque, donc pas de bruit parasite. Une bobine d’une heure revient à cinquante cents.
Il me fit voir ensuite ce qui avait été les deux secrets les mieux gardés de la guerre : un dispositif de vision nocturne à infra-rouge et le générateur remarquablement minuscule qui l’alimentait. Les Allemands pouvaient rouler à toute vitesse dans le noir, ils distinguaient les obstacles comme en plein jour jusqu’à deux cents mètres. Les chars munis d’un tel dispositif pouvaient détecter des cibles à plus de trois kilomètres. Adapté sur la lunette d’un fusil, il permettait au tireur d’élite d’abattre un homme dans le noir complet.
Il y avait un tube de visée et un écran au sélénium à l’avant. L’écran captait les infra-rouges, créant un courant des électrons du sélénium qui circulaient dans le tube pour arriver sur un autre écran, électriquement chargé et fluorescent sur laquelle une image se formait. Sa clarté et sa netteté pour viser étaient phénoménales. Même la déviation du flux d’électrons à l’intérieur du tube par le magnétisme terrestre était prévue et corrigée !
Le générateur miniature, cinq pouces de diamètre, faisait passer la tension d’une pile ordinaire de lampe de poche à 15 000 volts. Il avait un moteur de la taille d’une noix capable de faire tourner un rotor à 10 000 tours minutes – si vite qu’au départ, il faisait partir en fumée tous les lubrifiants du fait de la quantité d’ozone qu’il produisait. Les Allemands ont dû concevoir une huile spéciale : la chlorofinate de paraffine. Le générateur pouvait alors marcher 3 000 heures.
Un sac de toile sur le dos du tireur d’élite abritait l’appareil. Son fusil avait deux détentes, il appuyait sur l’une quelques secondes pour faire marcher le générateur et la lunette … puis sur la deuxième pour abattre l’homme dans le noir. On s’est servi de ce secret piqué aux Allemands pour la première fois à Okinawa – pour la plus grande mystification des Japs.
Au milieu de tous ces trophées, on trouvait en plus le procédé et la machine pour la fabrication des plus remarquables condensateurs électroniques au monde. Il en faut des millions pour faire les radars ou les radios. Nos propres condensateurs étaient toujours faits à partir de feuille métallique. Ici, il s’agissait de simples feuilles de papier sur lesquelles on avait vaporisé une couche de 1/250 000 pouce de zinc. Quarante pour cent plus petit et vingt pour cent moins cher que les nôtres, en outre, ils se réparaient d’eux-mêmes. C’est-à-dire qu’en cas de panne (un fusible qui saute), le film de zinc s’évaporait, le papier faisait immédiatement isolant et le condensateur pouvait de nouveau fonctionner. Il pouvait ainsi supporter plusieurs pannes – sous une tension cinquante pour cent plus élevée que les nôtres ! Pour la plupart des experts radio américains, c’était doublement magique.
Il y avait aussi le mica. En principe, il n’y en avait aucun gisement en Allemagne, ce qui ne manquait pas d’intriguer nos services de transmission : où l’Allemagne s’en procurait-elle ?
Un jour, des pièces en mica avaient pu être transmises aux experts du bureau américain des mines pour analyse et diagnostic. « Mica naturel » répondirent-ils « et sans impuretés ».
En fait, le mica était synthétique. L’Institut Kaiser Guillaume pour la recherche sur le silicate avait découvert comment le fabriquer et – une chose qui avait toujours échappé aux scientifiques – en grandes plaques.
On sait maintenant grâce aux équipes de FIAT, que les ingrédients naturels du mica avaient été fondus dans des creusets capables de résister à 2 300°C et qu’ils étaient ensuite refroidis – là résidait le vrai secret – d’une manière spéciale. Il fallait d’abord s’assurer d’une complète absence de vibrations. Deux forces perpendiculaires l’une à l’autre étaient alors appliquées. L’une, verticalement était un gradient de refroidissement contrôlé, l’autre horizontale, consistait en un champ magnétique. Ceci entraînait la formation du cristal en grandes strates horizontales.
« Vous voyez ce truc… » me disait le chef de la communication du TIIB : c’était en métal et on aurait dit une maison de poupée alambiquée dont il manquerait le toit. « c’est le châssis ou le boîtage d’une radio. Pour le réaliser, les Américains découperaient, évideraient, façonneraient et ajusteraient – le tout en une douzaine de processus différents. Ici, c’est fait sur une presse en une seule opération. On appelle ce procédé l’extrusion à froid. Nous le faisons avec des métaux mous et étirables, les Allemands le font avec de l’acier froid ! Des milliers de pièces jusqu’ici réalisées par moulage ou à partir de fonte malléable peuvent à présent être fabriquées par extrusion à froid. Au passage, la cadence de production s’en trouve augmentée d’un petit 1 000 pour cent, une paille ! »
De l’avis des sidérurgistes américains, à lui seul, ce secret de fabrication peut potentiellement chambouler des dizaines de filières du façonnage des métaux.
Dans le domaine du textile, la récolte est si riche de révélations que les professionnels du secteur en Amérique en sont un peu sonnés.
Les Allemands possèdent une machine à tisser la rayonne, découverte il y un an par l’équipe de recherche chargée des machines de bonneteries, cette machine augmente la production rapportée à la surface d’atelier de 150 pour cent. Leur métier à tisser « Links-Links » produit un tissu indémaillable et sans échelles.
Une nouvelle machine va sans doute venir bouleverser l’industrie de la filature textile aussi bien en Amérique qu’en Angleterre. Les Allemands ont une méthode pour filer la laine des peaux de moutons sans endommager le cuir ou le fil, en utilisant une enzyme. Avant, « l’extracteur » – un secret commercial américain – était extrait d’un pancréas animal, durant la guerre, les Allemands le tiraient d’une moisissure, l’aspergil paraciticus, qu’ils cultivaient sur du son. Cela donnait non seulement une laine de meilleure qualité, mais un rendement supérieur de dix pour cent.
Une autre innovation consistait à crêper d’une certaine manière une fibre en viscose pour lui donner l’apparence, la chaleur, la résistance à l’usure et la même capacité à être teinte que la laine. L’astuce ici, comme l’ont compris les enquêteurs, était de rajouter à la cellulose vingt-cinq pour cent de protéines de poisson.
Mais le plus grand gisement de secrets industriels, c’était l’ensemble des usines et laboratoires du cartel de l’I. G. Farbenindustrie, une véritable mine d’or comme on n’en avait jamais vu ailleurs auparavant : cela couvrait les carburants liquides et solides [FG : dont l’essence synthétique produite à partir du charbon à Auschwitz], le caoutchouc synthétique, la métallurgie, la chimie, les textiles, le plastique, les médicaments, les colorants. Un spécialiste américain des colorants déclarait :
« Cela comprenait les formules et le savoir-faire de plus de cinquante mille colorants, la plupart plus rapides et meilleurs que les nôtres, beaucoup que nous n’avions jamais été capables de faire. L’industrie américaine des colorants va faire un saut de dix ans ».
Dans l’alimentaire, la médecine, le militaire, les découvertes des équipes de recherche n’étaient pas moins impressionnantes et dans le domaine de l’aéronautique et des missiles guidés elles étaient mêmes franchement alarmantes.
L’industrie agroalimentaire nazie avait par exemple trouvé un procédé de stérilisation des jus de fruit sans chauffage. Le jus était filtré, refroidi, gazéifié et placé sous une pression de huit bars de dioxyde de carbone. Puis le dioxyde de carbone était retiré, le jus de nouveau filtré était alors débarrassé de tous les germes et pouvait être embouteillé : un procédé dont devrait peut-être s’inspirer l’industrie de la conserve en Amérique.
La pasteurisation du lait par les ultra-violets avait été tentée dans plusieurs pays, sans succès, mais les Allemands, eux, avaient trouvé comment faire : ils utilisaient des tubes lumineux de grande longueur, au passage, ils réussissaient à enrichir le lait en vitamine D.
Dans une usine de Kiel, les enquêteurs britanniques du Joint Intelligence Objectives Committee sont tombés sur un procédé de fabrication de fromage de Hollande et de tilsiter, les fromages étaient produits à une vitesse-record : quatre-vingts minutes de l’emprésurage au cerclage du caillé, on n’avait jamais vu ça dans l’industrie fromagère ailleurs dans le monde.
Dans une laiterie proche d’Hambourg, on trouvait quelque chose dont les fabricants de beurre Américains avaient longtemps rêvé : une machine à produire le beurre en continu. C’était une invention d’un industriel de Stuttgart, elle prenait moins de place que les barattes américaines et débitait 750 kilos à l’heure. La machine fut promptement expédiée en Amérique pour y être essayée par l’American Butter Institute.
On trouvait aussi au milieu de tous ces secrets de l’agroalimentaire, une façon de produire la levure en quantité quasi illimitée. La liqueur de sulfite, résidu de la fabrication de cellulose à partir du bois d’hêtre, était traitée par un organisme connu des bactériologistes sous le nom de candida arborea à une température bien plus élevée que ce qui se faisait jusqu’alors dans la production de levure. Le produit fini servait à la fois à l’alimentation humaine et animale, sa valeur calorique était quatre fois celle de la viande maigre et elle contenait deux fois plus de protéines.
Les Allemands avaient également développé de nouvelles méthodes de conservation des aliments sous plastique et de nouvelles techniques de réfrigération. La réfrigération et l’air conditionné des U-boats étaient devenus à ce point performants que les sous-marins pouvaient partir d’Allemagne jusque dans le Pacifique, y effectuer une mission de deux mois, et rentrer sans avoir à refaire provision d’eau pour l’équipage. Un plastique d’une composition secrète (il contenait de l’acétate de polyvinyle, de la craie et du talc) était utilisé pour emballer le pain et le fromage : une miche de pain pouvait ainsi se conserver et être consommée huit mois plus tard. [FG : Il semble en effet que les U-Boat effectuaient des missions de liaison entre l’Allemagne et le Japon, pour échange de données stratégiques, scientifiques ou techniques].
[…]Dans le domaine médical, les chercheurs Allemands avaient trouvé le moyen de produire du plasma sanguin synthétique. Sous l’appellation de Periston, il était fabriqué à l’échelle commerciale et il avait les mêmes propriétés et performances que celle du plasma naturel.
Par ailleurs, les nazis ont été les premiers à réussir la production industrielle de l’adrénaline, une molécule essentielle pour lutter contre l’hypertension qui fait 750 000 victimes par an aux USA, le secret de cette industrialisation est maintenant également utilisé en Amérique, permettant enfin un approvisionnement massif du marché.
De même d’une grande importance médicale, les recherches du Dr. Boris Rojewsky de l’Institut Kaiser Guillaume de biophysique de Francfort. Elles portaient sur les effets sur la santé de l’ionisation de l’air. Un air positivement ionisé s’avérait ainsi avoir des effets délétères sur le bien-être et était responsable de l’inconfort voire de l’état dépressif ressenti lorsque le baromètre chute. On constatait que chez de nombreux sujets, l’ionisation positive pouvait provoquer des crises d’asthme, des rhumes des foins, être à l’origine de tensions nerveuses et même parfois faire monter la pression sanguine jusqu’à des limites dangereuses. On retrouvait les mêmes symptômes que pour le mal des montagnes, une respiration haletante, des vertiges, de la fatigue et de la somnolence.
Une atmosphère négativement ionisée, par contre, avait des effets exactement opposés, apportant bonne humeur et bien être, euphorisante, elle pouvait combattre la dépression mentale. Dans des cas pathologiques, elle stabilisait la respiration, réduisait l’hypertension artérielle, permettait de contrôler l’asthme et les allergies. L’importance de sa présence partout où les gens vivent, travaillent, ou se remettent d’une maladie est telle que sa production pourrait un jour devenir la fonction première de la climatisation.
Mais bien sûr, le plus important pour l’avenir immédiat, c’était tout ce qui touchait à l’aviation et aux divers types de missiles.
Selon une publication de l’Army Air Force « La fusée V2 avec laquelle Londres a été bombardée, n’était qu’un jouet en comparaison de ce que les Allemands avaient en projet sous le coude ».
À la fin de la guerre, nous le savons maintenant, ils disposaient de 138 types de missiles guidés à divers stades de développement ou de production, dotés de tous les types connus de téléguidage et de mise à feu : radio, radar, fil, onde acoustique, infra-rouge, rayon lumineux et magnétique et étaient pourvus de propulsion à réaction pour des vitesses subsoniques ou supersoniques. Ils avaient même adapté le principe de la réaction au rotor de l’hélicoptère : le carburant était acheminé vers les chambres à combustion situées à l’extrémité des pales du rotor où il faisait explosion, faisant mouliner les pâles à la manière d’un arroseur à gazon.
Quant à la propulsion, leur fusée A4 [la fameuse V2], qui commençait à peine à être produite à grande échelle à la fin de la guerre, d’une longueur de 14 mètres et d’un poids de 11 tonnes elle avait une portée de 370 kilomètres, montait à 96 kilomètres d’altitude et filait à 6 000 kilomètres- heures – trois fois la vitesse de rotation de la Terre à l’équateur. Le secret de sa vitesse supersonique résidait dans l’utilisation d’un carburant composé d’oxygène liquide et d’alcool. La fusée était contrôlée soit à distance par radio, soit par autoguidage gyroscopique. Comme elle allait plus vite que le son, on ne pouvait pas l’entendre arriver.
Une autre fusée était en préparation, la A-9, encore plus grosse, 13 tonnes, elle disposait d’ailerons qui lui donnaient une portée de 5 000 kilomètres. Elle était montée dans le fameux centre d’essais de Peenemünde et devait atteindre la vitesse incroyable de 9 500 kilomètre-heure. Une fusée à longue portée dont les documents indiquent qu’elle n’a pu être terminée simplement du fait de la fin rapide de la guerre et qui aurait été capable en partant d’Allemagne d’atteindre New York en quarante minutes. Il était prévu un système de guidage pour la phase finale du vol, la fusée aurait volé à une altitude de 150 kilomètres, le lancement devait se faire à l’aide d’une catapulte à 800 kilomètres heures et la fusée aurait atteint son altitude maximum en à peine quatre minutes. Là, le carburant entièrement consommé, elle aurait plané sur les hautes couches atmosphériques jusqu’à sa cible. Avec une centaine de bombes de ce type, les Allemands pensaient pouvoir détruire n’importe quelle ville en quelques jours.
Dès lors, il n’est pas étonnant d’entendre aujourd’hui les experts de l’Army Air Force déclarer publiquement que dans le domaine des fusées et des missiles guidés, les nazis étaient en avance sur nous d’au moins dix ans.
Les Allemands avaient même prévu un dispositif permettant au pilote en cas de besoin de quitter en vol un avion supersonique. En principe, un pilote qui sortirait sa tête de l’habitacle à de telles vitesses serait immédiatement décapité, en outre, son parachute à l’ouverture partirait en lambeaux. Pour résoudre ces problèmes, ils avaient conçu un siège éjectable qui libérait le pilote instantanément, le parachute à l’ouverture était ajouré, composé de bandes placées en treillis, les trous se refermaient sous la force de la traînée.
Variante du missile guidé, les nazis avaient conçu une torpille qui se dirigeait infailliblement vers sa cible, guidée par le bruit de l’hélice du navire cible. La torpille avait une portée de 20 kilomètres, filait sans faire de sillage à dix mètres sous la surface à une vitesse de soixante-cinq kilomètre-heure. Arrivée sous sa cible, elle faisait explosion.
Toutes ces révélations amènent naturellement une question : l’Allemagne était-elle déjà à ce point avancée dans les recherches sur l’aérien, les fusées et les missiles qu’avec un peu plus de temps, elle aurait pu gagner la guerre ? Les renseignements dont nous disposons maintenant sembleraient indiquer que oui.
C’est ainsi que le commandant général adjoint du renseignement de l’Armée de l’air à la tête de la direction technique de l’air déclarait il y a quelques mois devant la Société des Ingénieurs Aéronautiques : « Les Allemands avaient préparé des fusées surprises pour le monde en général et pour l’Angleterre en particulier, dont on estime qu’elles auraient pu changer le cours de la guerre si l’invasion avait été reportée ne serait-ce que de six mois ».
Dix jours après la reddition du Japon, le Président Truman décidait par un décret de rendre public les secrets collectés, créant pour en assurer la plus large diffusion l’Office of the Publication Board. Le décret précisait que les secrets de l’ennemi n’étaient pas seuls concernés, l’étaient également, avec des exceptions, les secrets scientifiques et techniques de toutes les directions militaires américaines, entre autres, l’Office of Scientific Research and Development et le National Research Council.
Et c’est ainsi que fut créé ce qu’on qualifie aujourd’hui de plus gros problème d’édition qu’un organisme public ait jamais eu à gérer.
C’est qu’en effet les secrets de guerre qui d’habitude se limitaient à quelques dizaines, se comptaient cette fois en milliers répartis sur 750 000 documents distincts, les deux tiers concernant l’aéronautique, et qu’il faudrait plusieurs années et plusieurs centaines de personnes pour les mettre sur microfilm et les rendre accessibles au grand public.
Aujourd’hui, les traducteurs et les rédacteurs de notes de synthèse de l’Office of Technical Services, qui a pris la suite de l’OPB, sont en train de les traiter au rythme d’un millier par semaine environ. L’indexation pour archivage des documents qui seront conservés de manière permanente pourrait nécessiter plus de deux millions de fiches. Au Wright Field, la tâche est si complexe qu’on doit installer des machines à cartes perforées. Tout un nouveau glossaire de termes allemands – anglais a dû être élaboré – quelque chose comme quarante mille mots sur des nouveaux éléments techniques et scientifiques.
Avec autant de documents, il a bien sûr fallu se résoudre, pour des contraintes de temps et d’argent, à se limiter à l’impression de quelques-uns d’entre eux seulement. Une bibliographie hebdomadaire de l’OTS informait le public de ce qui était disponible, elle listait les derniers documents mis à disposition accompagnés d’une petite note de synthèse et l’indication du prix pour en obtenir un exemplaire.
Les documents originaux, ou leur copie sur microfilm étaient alors en général envoyés à la Bibliothèque du Congrès qui en est à l’heure actuelle le plus grand dépositaire. Pour les rendre plus accessibles au public, la bibliothèque envoyait des exemplaires, quand il y en avait suffisamment, vers 125 bibliothèques dites dépositaires annexes partout aux États-Unis.
Et quel a été le succès auprès du public ? Cela a été une curée : il y a eu plus de vingt mille demandes le premier mois et le rythme actuel se situe à environ mille par jour. Les scientifiques et les ingénieurs disent que les informations « font gagner des années que nous aurions passées à étudier des problèmes déjà résolus ».
Les hommes d’affaires américains ne sont pas en reste… ! Un parcours des fichiers du Publication Board montre que : la société Bendix de South Bend, dans l’Indiana, écrit pour un brevet allemand sur un changeur de tourne-disque « sa platine croulant sous une pile de disques ». Les Moulins de Pillsbury veulent savoir ce qui est disponible sur les méthodes allemandes de production de farine et de pain. La Kendall Manifacturing Compagny (« Soapine ») veut des composés insectifuges. Pioneer Hi-Bred Corn Company, dans l’Iowa, désire connaître « les conclusions de l’interrogatoire des chercheurs du lycée agricole de Hohenheim ». Pacific Mills a besoin du traitement de l’I. G. Farbenindustrie pour rendre infroissable et hydrofuge la rayonne filée. La société Polaroid veut ce qui concerne la photographie et l’optique (soit dit en passant, il reste encore dix à vingt mille brevets allemands à examiner).
Le client le plus insatiable, c’est Amtorg, l’agence chargée du commerce extérieur de l’Union soviétique. L’un de ses représentants s’est rendu au Publication Board office brochure en main en disant : « je veux tout ». Les Russes ont adressé une commande au mois de mai d’un montant de $ 5 594 pour deux mille secrets de guerre distincts. En général, Ils achètent systématiquement tout ce qui est publié.
Les Américains aussi pensent qu’il y a là un filon extraordinaire à exploiter. Les cadres dirigeants des sociétés se garent pratiquement sur le seuil de l’OTS, voulant à tout prix être les premiers à se saisir de telle ou telle publication. Certaines informations sont si intéressantes que les avoir un jour avant les concurrents peut représenter des milliers de dollars. Mais l’OTS fait en sorte qu’aucun rapport ne soit jamais disponible avant sa mise dans le domaine public.
On a demandé à une compagnie aérienne américaine qui avait commandé un de ces secrets de guerre si cela lui avait fait faire des économies. Le document lui avait coûté quelques dollars. « Ouai ! » a-t-elle répondu « au moins une centaine de milliers de dollars ».
Un directeur de recherche d’une autre firme a passé trois heures à prendre des notes à l’OTS, « Merci beaucoup », fit-il, « ces notes valent environ un demi-million de dollars pour ma société ».
Et après avoir parcouru l’ensemble du rapport sur l’industrie de la fibre synthétique en Allemagne, un industriel Américain faisait remarquer : « ma société serait prête à payer vingt millions de dollars pour ce rapport si elle pouvait en avoir l’exclusivité ».
Mais bien sûr, vous, comme n’importe qui, pouvez à présent y avoir accès tout comme à tous les autres secrets de fabrication répertoriés pour quelques dollars. Tous les secrets divulgués sont totalement du domaine public.
C. Lester Walker
Traduction : Francis Goumain
Source : War Secrets by the Thousands – Harper’s Magazine -October 1946, Page 329, via Want to know info | NAZI Technology: War Secrets (wanttoknow.info)
Voilà une contribution de salut public, une traduction extrêmement importante et précieuse qu’il faut conserver par-devers soi, honorer et chérir.
On ne le dira jamais assez, il faut le répéter à satiété, la victoire alliée fut la victoire des cancres, des bons à rien, des mythomanes qui se prennent pour des grands hommes et des ambitieux incapables et bavards n’engendrant que des malheurs.
Tous nos Macron, nos Sarkozy-Mallah, nos Hollande, tous ces gens sans culture, sans goût, sans curiosité, sans racine ayant répudié toute conscience historique et culturelle, tous les demi-illettrés et les incultes dans les ministères, les universités, les grandes administrations viennent de là. Nous sommes en train de crever de toute cette vermine, de cette pouillerie et de cette sous-humanité qui n’est pas à sa place.
Le processus avait cependant commencé en 1789, il n’a fait que s’affermir ensuite, tous les inférieurs sont devenus rois, mais sans comprendre que pour devenir roi, il faut tout un apprentissage avant et au moins deux ou trois générations, des « étapes » comme dit Paul Bourget, pour s’acclimater à ses nouvelles conditions.
Il faut lire et relire ce maître livre, L’Etape de Paul Bourget dis-je, mieux que Balzac, Stendhal encore, il campe celui qui préside à nos destinées depuis deux siècles maintenant: le protagoniste de l’oeuvre, l’avorton Joseph Monneron. La victoire du grand Reich nous aurait enfin permis de remettre enfin les Joseph Monneron à leur place, voire plus… Mais c’est Joseph Monneron qui a gagné et pas uniquement Goldstein, disons qu’il a gagné avec Goldstein mais je dirais toutefois que c’est plus sa victoire dans la mesure où nous n’avons aujourd’hui en Europe de l’Ouest que des Joseph Monneron qui président à nos destinées et dans tous les domaines, c.à.d des Français de souche ici, des Allemands, des Néerlandais de souche là-bas qui auraient dû faire un CAP menuiserie au lieu de devenir ministres, l’ENA, des hautes études, etc. Goldstein crée un effet d’optique, il y a également beaucoup trop de Goldstein aussi dans nos ministères, dans les médias et ailleurs, je n’en disconviens pas, mais nous inclinons à plus remarquer les Goldstein et pas assez les Joseph Monneron, qui sont bien plus nombreux et tout aussi nuisibles. Un fils de paysan berrichon qui devient chef d’agence du crédit agricole et qui milite ensuite au Front de gauche (cas réel) sera tout aussi nocif et un péril sérieux pour toute continuité culturelle, ethnique et anthropologique de nos nations d’Europe de l’Ouest. Il se prosternera devant le Système, le considèrera comme indépassable, adorera tout ce qui est exotique, dissolvant, sacrifiera à toutes les modes, etc. Pareil pour un fils d’ouvrier qui devient prof d’université, ce sont les pires, genre Didier Eribon et pédéraste en plus.
On l’oublie donc souvent la défaite de 45 est non seulement la victoire de Goldtein et des forces de décomposition, mais encore plus la victoire de Joseph Monneron, encore plus pernicieux et délétère.
Heil Deustchland!
Un commentaire à la hauteur de l’article !
Cet article apporte un élément de plus à ceux qui pensent qu’Hitler ne mentait pas lorsqu’il demandait aux allemands de tenir quelques mois de plus en attende de la mise au point d’armes nouvelles. 1945 est la victoire des rats contre les aigles. Et le génocide par remplacement que nous subissons aujourd’hui en est la conséquence. C’est l’Europe blanche qui a été vaincue en 1945 ! Quant au véritable vainqueur, la censure interdit d’en prononcer le nom. Mais les moins stupides le connaissant…
« Pour savoir qui vous dirige vraiment, il suffit de savoir qui vous ne pouvez critiquer » Kevin Alfred Strom.
Au moins, les nazis n’ont pas inventé de vaccin.
On note aussi que les Américains n’ont pas trouvé de brevet sur les fours et autres choses du même genre.