LA VIE POLITIQUE, comme la vie tout court, est décidément pleine de surprises. Qui eût imaginé non pas tant la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine de ce mardi 5 novembre 2024 mais surtout l’ampleur considérable de ce succès ? Non seulement le futur 47e président des Etats-Unis d’Amérique est le deuxième chef d’Etat de ce pays à être réélu après avoir été battu lors de sa première tentative de réélection — il faut remonter au démocrate Grover Cleveland il y a 132 ans, en 1892, pour trouver pareille configuration —, mais de plus le candidat républicain est triomphalement réélu avec près de quatre millions de voix d’avance dans l’ensemble du pays sur son adversaire démocrate, Kamala Harris. 31 Etats sur 50 tombent dans l’escarcelle de Trump qui réunit 312 grands électeurs contre 226 pour sa concurrente (soit plus qu’en 2016 où le candidat populiste en avait obtenu 306 contre 232 pour Hillary Clinton). De manière plus impressionnante encore, le vibrionnant septuagénaire réalise le grand chelem tant au niveau du Congrès — où le Parti républicain récupère la majorité absolue au Sénat (avec 53 élus) et la conserve à la chambre des représentants — qu’au niveau des fameux sept Etats clés (la Pennsylvanie, la Géorgie, la Caroline du Nord, le Michigan, le Nevada, le Wisconsin et l’Arizona) qu’il remporte tous, à la surprise générale, et souvent très nettement, avec des dizaines voire des centaines de milliers de voix d’avance.
Contrairement à 2020 où la victoire sur le fil de Joe Biden avait mis quatre jours à se dessiner — et elle avait du reste été contestée jusqu’au bout par Trump —, le succès de l’homme d’affaires américain en 2024 est net, clair, indéniable et sans bavure. Quel que soit le jugement que l’on porte sur l’homme et sur le bilan de son premier mandat présidentiel, de janvier 2017 à janvier 2021, on ne peut qu’être frappé par son extraordinaire résilience. C’est d’évidence une bête politique, un grand fauve aux mille vies, instinctif, habile, qui sait parler aux Américains, mouiller sa chemise — il a tenu en tout ces dernières années 900 meetings ! Il aura résisté à tout, aux deux tentatives de destitution, à la folle journée du 6 janvier 2021 où une partie de ses partisans gonflée à bloc par son discours accusateur avait envahi, certes pacifiquement, le Capitole, aux quatre procès pénaux (dont un seul s’est tenu réellement pour le moment, ses avocats ayant réussi à retarder la tenue des trois autres), à deux tentatives présumées d’assassinat ces derniers mois, à la diabolisation constante de sa personne, de son discours, de son programme et de son action par la gauche, l’extrême gauche et l’essentiel des grands media états-uniens. Lorsque Joe Biden avait traité ses électeurs et partisans d’“ordures”, ce qui en dit long sur ce que pense réellement la gauche du peuple, Trump avait conduit un grand camion d’ordures ménagères à son nom et s’était habillé en éboueur pour tenir un grand meeting devant ses soutiens survoltés. Chaque fois qu’il était attaqué, il a su non seulement résister mais contre-attaquer se souvenant que, tant en matière sportive que militaire et politique, la meilleure défense, c’est l’attaque. De même, quand on regardait ses clips de campagne, on ne pouvait que constater à quel points ils étaient percutants et sans concession contre l’idéologie transgenre, le wokisme, l’immigrationnisme. On est là à des années-lumière de la politique de normalisation de Marine Le Pen qui se garde bien de dénoncer, si peu que ce soit, le lobby LGBT et qui est resté muette devant le spectacle sacrilège et abominable qu’a été la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Paris.
LA VICTOIRE éclatante, et impressionnante par son ampleur, de Donald Trump à la présidentielle américaine est, comme l’écrit pertinemment le chef des Nationalistes, Yvan Benedetti, sur son compte X « la preuve de la révolte des peuples contre la tyrannie sanitaire, woke, financiériste, liberticide et plus généralement de la “bien-pensance” des élites décadentes de l’Oligarchie mondialiste ». Nous ignorons ce que fera Donald Trump lors de son second et dernier mandat présidentiel, du 20 janvier 2025 au 20 janvier 2029. Tout peut arriver, le pire comme le meilleur. Mais au moins dans un certain nombre de domaines il devrait y avoir, en tout cas sur le papier, des changements positifs. On peut a priori s’attendre à un combat contre le LGBtisme tant dans les écoles qu’à l’armée, à l’arrêt des financements et de la promotion de l’avortement, au moins au niveau fédéral — même si de nombreux Etats permettent encore l’IVG, y compris de manière très tardive, et que Trump a été hélas beaucoup moins clair et tranchant sur le sujet qu’en 2016 et en 2020 —. Le 47e président des Etats-Unis devrait également retirer son pays des COP sur le climat, de l’accord de Paris, comme il l’avait déjà fait précédemment. Et c’est une bonne chose car cela réduira un peu la toute-puissance du lobby onusien défendant et promouvant le dogme du réchauffement climatique d’origine anthropique et de la transition énergétique.
De même Trump est-il beaucoup moins un adepte de la tyrannie sanitaire et du tout vaccinal que le parti démocrate. Il a ainsi reçu le soutien pendant sa campagne de Robert Kennedy junior, neveu de JFK, ancien candidat indépendant à la présidentielle et qui a récemment rejoint Trump, et il pourrait, dit-on, en faire un ministre de la Santé. Robert Kennedy est la bête noire de Big Pharma et la grande presse le désigne comme « un antivax notoire » car il s’était vigoureusement opposé aux mesures prises par l’administration américaine et par beaucoup de gouverneurs lors de la crise covidesque. Par ailleurs, sur le plan des flux migratoires, même s’il faut reconnaître que son bilan a été plutôt mince sur ce point lors de son premier mandat, Trump s’est engagé à renvoyer des millions de clandestins et à finir la construction du mur séparant les Etats-Unis du Mexique. On le jugera sur les actes. Il sera également intéressant de voir le rôle exercé auprès de lui par le milliardaire Elon Musk, le patron de Twitter (désormais X), qui a activement soutenu sa candidature présidentielle. Bien que cet entrepreneur libertarien se dise pro-israélien, il est très attaché à la liberté d’expression et il a eu maille à partir avec les puissantes organisations juives qui voulaient l’obliger à fermer des comptes X jugés antisémites. Que fera-t-il si Trump, comme il s’y est engagé, lui confie d’importantes responsabilités ?
EN POLITIQUE ÉTRANGÈRE, une présidence Trump pourrait, au moins en théorie, être positive quant à la recherche d’une solution mettant fin à l’interminable conflit russo-ukrainien. On sait que les Républicains sont globalement hostiles au maintien de l’aide militaire et financière à Kiev, du moins dans les proportions actuelles qui sont considérables, et qu’ils souhaiteraient une forme de statu quo sur le terrain, la Russie conservant la Crimée et ses acquis territoriaux dans le Donbass. Nul ne l’ignore, Trump n’a pas de sympathie particulière ni pour l’OTAN, ni pour l’ONU, ni pour l’Union européenne. A bien des égards, il est un isolationniste américain prônant l’America first et souhaitant se dégager au maximum des théâtres d’opérations extérieurs. En 2018, il avait déjà ainsi ordonné le retrait des troupes américaines de Syrie et d’Afghanistan. Poutine manifestement voit plutôt d’un bon œil l’élection de Trump qu’il a publiquement jugé courageux compte tenu de son attitude lors de la tentative présumée d’assassinat contre lui et il semble prêt à reprendre rapidement le dialogue avec la Maison-Blanche. Espérons que cela permettra la mise en œuvre d’une solution pacifique et acceptable par les deux parties afin que cette guerre fratricide horrible faisant des dizaines de milliers de morts et de blessés entre deux peuples européens cesse enfin, même si la vérité oblige à dire qu’il s’agit bien plus actuellement d’une guerre entre la Russie et l’OTAN que d’un simple conflit régional et limité entre Moscou et Kiev au nom de territoires historiquement et géographiquement disputés.
Si le retour de Trump à la Maison-Blanche peut donc être bénéfique, au moins en théorie, dans de nombreux domaines, et tout particulièrement en politique intérieure, y compris sur le plan économique — avec un protectionnisme patriotique intelligent — et fiscal — avec de nouvelles baisses d’impôts et de charges de nature à dynamiser le pays et à favoriser les initiatives et les réussites tant des particuliers que des entreprises — soit tout l’inverse de ce qui est fait imbécilement ou de manière criminelle en France ! —, on peut en revanche légitimement s’inquiéter de l’ultra-sionisme de Trump et de la plupart de ses soutiens. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s’est sans surprise réjoui bruyamment de sa victoire et s’est déjà entretenu à maintes reprises avec le président américain nouvellement élu. Donald Trump n’a jamais caché sa franche hostilité à l’Iran, pays et régime envers lesquels il entend exercer des pressions très fortes et engager des sanctions renforcées. Même s’il ne s’est pas dit favorable à une guerre contre Téhéran et qu’il a même assuré qu’il souhaitait rétablir partout la paix, tant en Ukraine qu’au Proche-Orient, et même s’il est vrai qu’il n’a pas engagé de conflit armé pendant son premier mandat présidentiel, on peut néanmoins craindre le pire. L’entité sioniste, avec un tel puissant allié à Washington, ne va-t-elle pas en effet être tentée d’aller encore plus loin, d’agir encore plus fort contre les Palestiniens génocidés, tant à Gaza qu’en Cisjordanie, et contre les Libanais martyrisés ? C’est une vraie crainte.
N’oublions pas que Trump avait fait déplacer en 2018 l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, qu’il avait joué un rôle clé dans la signature des Accords d’Abraham par lesquels quatre pays arabo-musulmans reconnaissaient en 2020 l’existence de l’Etat d’Israël (Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Maroc et le Soudan), qu’il est à l’origine de l’assassinat à Bagdad le 3 janvier 2020 du général iranien Qassem Soleimani, commandant de la Force Al-Qods du corps des Gardiens de la Révolution, chargée des opérations extérieures de la République islamique et ayant joué à ce titre un rôle central dans l’Axe de la Résistance contre l’entité sioniste, enfin qu’il a toujours donné son feu vert à la politique de colonisation sioniste tant à Jérusalem-Est qu’en Cisjordanie. C’est dire que les Palestiniens ne se sont certainement pas réjouis de la victoire de Trump. Cela dit, sur ce point, Kamala Harris, poursuivant la politique totalement pro-israélienne de Joe Biden, n’aurait certainement pas mené une action foncièrement différente, hormis peut-être quelques expressions verbales de pure forme et sans aucun effet concret sur le terrain.
QUANT À la France, on voit difficilement en quoi la victoire de Trump à la présidentielle américaine pourrait changer les choses. Car, il ne faut pas l’oublier, ce n’est pas Trump, Poutine ou Orban qui nous sauveront. C’est à nous-mêmes, dans notre patrie, de nous redresser et de nous sauver. Pour autant qu’il ne soit pas trop tard. Pour peu que nous gardions courage et persévérance malgré les ténèbres actuelles. Et pourvu que la Providence, sans laquelle rien n’est possible, nous aide puissamment. […]
RIVAROL, <[email protected]>
Source : Éditorial de Rivarol
Très bonne article de Jérôme Bourbon mais… pour une fois une volonté de défendre quelqu’un sans en avoir les munitions. On sent que Jérôme Bourbon connait tout ce que Trump a de mauvais mais il a fait le maximum pour en donner une image positive. Le pacte Trump Poutine est: Poutine je te laisse à peu près tranquille sur le partage de l’Ukraine et tu me laisses tranquille sur la défense du gouvernement israélien. Toute l’extrême-droite sioniste mais aussi AS, ont fait le choix de Trump le sioniste affiché. Que Jeune Nation /Rivarol reste de phare dans la tempête judaïque.