Pendant que ses soldats mènent une guerre d’une extrême violence en Turquie et dans les pays alentours – ils prennent le temps de diffuser des vidéos les montrant s’amuser se filmant en train de traîner des cadavres dans les rues de villes kurdes avec leurs véhicules –, et protègent les groupes terroristes islamistes en Syrie, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a dirigé dimanche une importante réunion électorale à Strasbourg.
[attention images choquantes, tournées à Sirnak ](ou ici)
Environ 12 000 extrémistes turcs vivants dans la région de Strasbourg, mais également venus d’Allemagne, de Suisse et de Belgique, s’étaient réunis. Les images témoignent du degré d’intégration de ces populations et de leur adhésion aux principes républicains.
(ou ici)
Réunion électorale islamiste à la veille des élections législatives
Les élections législatives du 1er novembre s’annoncent très difficiles pour Recep Tayyip Erdoğan, qui sait pouvoir compter sur une forte mobilisation de l’électorat turc à l’étranger, qui agissent pour nombre d’entre eux comme des agents de l’État turc en service commandé. Fort d’une politique de colonisation agressive principalement en Europe, la Turquie dispose ainsi de près de 3 millions d’électeurs à l’étranger, un total de 5,2 % du corps électoral. Ils pourront commencer à voter dès le 8 octobre.
Jusqu’ici aucun sondage n’accorde la majorité au Parti pour la justice et le développement (AKP, Adalet ve Kalkınma Partisi), qui dirige le pays depuis treize ans. Il est crédité depuis la mi-septembre de résultats oscillant entre 38,9 % et 44,7 %1. Si ces résultats sont confirmés dans les urnes, ce serait un échec pour Recep Tayyip Erdoğan et la crise politique se poursuivrait en Turquie.
L’UEDT, satellite de l’AKP
Officiellement, l’événement était organisé par l’Union des démocrates turcs européens (UETD, Union of European Turkish Democrats), satellite de l’AKP. À chaque élection, l’UETD fait sans ambiguïté campagne pour les candidats de l’AKP est spécifiquement pour Recep Tayyip Erdoğan. Il y a près de 20 ans, la mairie de Strasbourg avait tout tenté pour empêcher le congrès du FN dans la capitale alsacienne ; rien de tel n’a été mis en place contre la venue d’un chef d’État qui a favorisé durant plusieurs années les groupes terroristes islamistes en Syrie.
Pourtant, le maire de Bruxelles, Yvan Mayeur, s’est opposé à la tenue d’une réunion semblable dans la capitale belge.
La Turquie, soutien des groupes islamistes
Un document des services secrets allemands, révélé par la presse vraisemblablement via un parlementaire du parti La gauche (Die Linke) – le parquet a ouvert une enquête suite à la divulgation de ce document – affirme que le gouvernement turc arme et aide le Mouvement islamique des hommes libres du Levant (Harakat Ahrar ash-Sham al-Islamiyya dit Ahrār ash-Sahām), qui a été intégré le Front islamique (el-Jabhah el-Islāmiyyah). Ce dernier regroupe les sept principaux groupes islamistes de Syrie ; Ahrar ash-Sham en forme la principale composante. Ce Front islamique vise à l’instauration d’un État islamique en Syrie fondé sur l’observance stricte des principes de la ‘charia’, considérant les « minorités » comme populations inférieures et rejetant la démocratie.
Le Front islamique est le principal rival en Syrie de l’État islamique (ÉI), disposant d’un nombre comparable de combattants (45 000 à 80 000 pour probablement plus de 100 000 pour l’ÉI sur deux pays), plus puissant que l’Armée syrienne libre (ASL) ou le Front pour la victoire du peuple du Levant (Jabhat an-Nuṣrah li-Ahl ash-Shām dit Front al-Nosra), la branche syrienne La Base (el-Qaïda) avec lequel il collabore localement.
Faible mobilisation des opposants
La guerre turco-kurde ne s’est pas importée en France. Alors que plusieurs très graves incidents ont opposé les activistes kurdes et turcs ces dernières semaines en Allemagne ou en Suisse, la France, qui accueille pourtant une forte colonie kurde, n’a pas été le théâtre de violences.
Pour toute contestation, samedi, une contre-manifestation organisée à Strasbourg par la Fédération Union des Alévis de France n’a rassemblé qu’environ 1 500 personnes.
1Le principal parti d’opposition de gauche, le Parti républicain du peuple (CHP, Cumhuriyet Halk Partisi) obtiendrait entre 24,8 % et 27,8 %, le Parti d’action nationaliste (MHP, Milliyetçi Hareket Partisi) entre 12,9 % et 14,6 % et le Parti démocratique du peuple (HDP, Halkların Demokratik Partisi), issu des partis kurdes, entre 11 % et 14,6 %, et l’ensemble des autres groupes concourant aux élections moins de 5 %.