Trois mois après les attentats de janvier 2015, Samy A. est contrôlé alors qu’il se trouve à un distributeur automatique de billets en pleine nuit. L’individu s’est habillé visiblement pour masquer son visage, allant jusqu’à porter des lunettes de soleil, en pleine nuit. Il est en possession de 900 euros en liquide, mais également d’une carte visa au nom de Pascal S. Or, l’individu est rapidement identifié et il ne s’appelle pas Pascal. Cet étranger à papiers français est Samy A. ; né le 27 juillet 1984 à Clermont-Ferrand, il affirme habiter à Roubaix, sans expliquer sa présence à Marseille.
Il est doublement recherché, d’abord pour n’avoir pas obéi à une injonction de remettre ses papiers aux autorités, mesure prise pour l’empêcher de quitter le territoire.
« Considérant que M. Samy A. est connu pour son adhésion aux thèses les plus extrémistes de l’islam ainsi que pour ses prises de position en faveur de groupes armés djihadistes actifs en Syrie ; qu’il évolue au sein d’un groupe d’islamistes radicaux présents à Roubaix dont plusieurs membres ont rejoint ou tenté de rejoindre la Syrie pour y mener le jihad au sein du groupe terroriste État islamique ; qu’ainsi, il entretint des relations avec [N. N.] et [N. N.], tous deux connus pour avoir tenté, sans y parvenir, de gagner les rangs de ce groupe terroriste en Syrie ; qu’il est par ailleurs en contact avec [N. N.], membre du groupe radical roubaisien, actuellement présent en Syrie où il combat dans les rangs de ce groupe terroriste »
précise la décision ministérielle pour motiver cette décision. Il est interdit de quitter le territoire pour six mois. Considéré comme membre de la « mouvance islamiste radicale internationale », il est également objet d’une fiche S. Les documents précisent qu’il s’agit d’un « individu dangereux », à « appréhender ».
Placé en garde à vue, l’islamiste fait rapidement usage de son droit au silence.
Les services spécialisés sont contactés, notamment l’Unité de coordination de la lutte anti-terrorisme (UCLAT) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ; peu après l’identification, l’officier de garde de cet organisme est prévenu de l’arrestation. Il fait savoir aux policiers marseillais qu’il sera donné suite à cette affaire durant les heures de bureau. L’un des officiers de l’UCLAT contacte dans la journée les enquêteurs pour leur donner quelques instructions, notamment de récupérer les papiers du gardé à vue.
Alors qu’il affirme habiter à Roubaix, les enquêteurs découvrent qu’il possède un logement à Marseille, 93 boulevard des Neiges (VIIIe arrondissement) : c’est l’adresse qu’il a donnée lors de l’ouverture d’un compte à la SOFINCO, où il a obtenu un prêt de 5 300 euros. Dans cet appartement, les policiers découvrent une dizaine de cartes bancaires, y compris avec des faux noms, de faux papiers divers, plusieurs ordinateurs et téléphones portables et 1 500 euros notamment.
Mis en examen pour escroquerie, il est libéré sous simple contrôle judiciaire après environ trois mois de prison. Il vivrait actuellement à Roubaix, l’une des villes les plus envahies de France, à l’origine des groupes « modernes » de tueurs avec le « gang de Roubaix ». Tout indique pourtant que c’est bien à une cellule islamiste – pour ne pas dire terroriste – qu’il appartient. Certaines sources le présentent comme membre d’un groupe toulousain qui achemine des islamistes vers la Syrie.