L’expérience politique fasciste (1922-1943-1945) a constitué un moment fondamental de l’Histoire de l’Italie, et de l’Europe. Au moins sur le plan esthétique, et un certain nombre d’idées d’encadrement des populations et mouvements politiques et sociaux, l’influence du fascisme italien a été en particulier très significative sur l’Allemagne nationale-socialiste (1933-1945).
A cette époque, l’Italie a pu apparaître de façon générale comme un modèle pour les nationalistes de tous les pays européens.
QU’EST-CE QUE LE FASCISME ?
Le fascisme possède un nom tiré des faisceaux des licteurs –gardes symboliques des hauts magistrats romains-, et constitue un hommage à la République romaine antique et ses vertus civiques. Ce mouvement moderne a cherché à combiner nécessaire autorité ferme de l’Etat, politique sociale avancée –sans tomber pour autant dans le socialisme intégral à la soviétique-, et idéal de consolidation de la Nation. Il a développé un contenu idéologique réel, tout en conservant une réelle souplesse, et sans pratiques vraiment oppressives, et ce particulièrement lors de la publication du livre, en 1939.
Le fascisme n’est pas une idéologie à prétention universelle. Telle est l’erreur majeure diffusée par la gauche et l’extrême-gauche, qui a voulu fabriquer son ennemi suprême, son exact symétrique inversé, un « fascisme » universaliste. Cette extravagance structure l’univers mental si pauvre et délirant des « antifascistes ». Or, il n’a jamais existé, et ne peut pas exister, un tel « fascisme », pour le passé comme le présent. Toutefois, avec beaucoup de prudence, en une approche de sociologie historique ou politique, on peut qualifier par analogie de « fascistes » des régimes politiques ou des partis combinant des idéaux nationalistes, sociaux, autoritaires, proches de ceux mis en œuvre dans l’Italie de Mussolini.
C’est d’ailleurs l’objet de débats sans fins. Ainsi, le Parti Populaire Français PPF de Jacques Doriot (1936-1945), avait accepté cette proximité comme un compliment, mais réfuté le terme, puisque le nationalisme français possède ses traditions propres, et n’a pas à imiter servilement un modèle italien, modèle excellent tel quel pour l’Italie précisément. S’ajoute aussi pour les mouvements qui n’ont pas été au pouvoir la grande inconnue évidente sur la politique qui aurait été effectivement suivie.
« Fasciste » est donc à notre avis à réserver avec prudence, même au sens large, pour l’Italie (1922-1943-1945) et l’Allemagne (1933-1945), et peut-être, au niveau des idéaux, ceux de la Phalange initiale de José-Antonio Primo de la Rivera (vers 1935), significativement différents du conservatisme simple et peu politisé –grande faiblesse, évidente a posteriori-, de l’Espagne du Caudillo Franco (1936-1939-1975).
Dans son livre, VOLPE n’a traité évidemment que du fascisme italien.
UNE HAGIOGRAPHIE RAFRAICHISSANTE DU FASCISME ITALIEN
Gioacchino VOLPE, l’auteur de cette Histoire du mouvement fasciste, a été, comme de très nombreux Italiens, un partisan du régime mussolinien. Il en dresse une histoire, avec ses nombreuses péripéties –certes lissées-, et surtout une forme de bilan en 1939, juste avant l’entrée de l’Italie dans la deuxième guerre mondiale (le 10 juin 1940).
On sait que la participation italienne à la guerre, sans douter de l’héroïsme trop souvent injustement moqué de ses soldats, a été désastreuse. Elle aura causé l’invasion de la péninsule par les Alliés et l’effondrement du régime en deux temps, à l’été 1943 et au printemps 1945, après l’éphémère mais passionnante aventure de la République Sociale Italienne RSI, dite République de Salo (1943-1945), en Italie du Nord.
Nul ne pouvait alors, au printemps 1939, prévoir cet avenir catastrophique. Il a été causé fondamentalement par la faiblesse subsistante de l’industrie italienne, pas du tout à l’échelle d’une guerre mondiale, incapable de produire en masse chars, navires, avions, et une insuffisance de ressources naturelles, avec pratiquement pas de pétrole et bien trop peu de charbon et de fer –base de l’acier, composant essentiel de toutes les armes-.
Sur ce plan, pourtant, VOLPE a relevé, dans son livre, à juste titre, les efforts sous le régime fasciste de développement des mines, en particulier en Sardaigne et en Istrie, avec la créations de villes-nouvelles idéales. Toutefois, ces réussites indéniables de 1939 ont seulement été, constat après-coup, hélas insuffisantes.
De 1922 à 1939, de façon générale, le mouvement fasciste a accumulé les succès en Italie. VOLPE, en bon militant, consciencieux, et pourtant juste, a établi un catalogue des réussites, dans tous les domaines : développement de l’agriculture –extension des surfaces agricoles, avec des bonifications de marécages, et amélioration des rendements-, de l’industrie, des réseaux routiers et ferroviaires, et des progrès nets de l’urbanisme dans les villes –avec de nombreux logements sociaux-. L’Italie a connu une expérience de stabilité politique longue unique dans son Histoire moderne, en bonne coopération, après les Accords du Latran de 1929, pour l’essentiel, avec l’Eglise de l’époque –et Pie XI et Pie XII ont été en leurs temps autrement plus sérieux que François-.
VOLPE a oublié certes assez dans son récit les difficultés fortes rencontrées, ou atténué très fortement les variations très significatives dans le temps, pour le mouvement de Mussolini. Le tout premier fascisme, celui de 1919, a présenté encore des éléments nombreux de l’extrême-gauche, comme un anticléricalisme indiscutable –et peu politique en Italie- ; de même, le philosionisme du fascisme de 1920 à 1934, hérité du nationalisme italien du XIXème siècle, a été tout simplement oublié.
La question sioniste est abordée directement à travers les lois raciales de 1938, commentées sobrement comme la nécessité de « défendre la race italienne », et visant de façon générale aussi les populations indigènes des colonies. Mussolini a voulu établir des populations blanches italiennes en Libye et Ethiopie, et absolument pas des métissages humains et culturels. C’était une époque où l’Europe rayonnait encore dans le monde, et exactement l’inverse de la situation calamiteuse actuelle.
UNE EXPERIENCE ITALIENNE DU PLUS GRAND INTERET POUR UN NATIONALISTE FRANÇAIS D’AUJOURD’HUI
Il n’en reste pas moins, en tenant compte des spécificités nationales, que pour les nationalistes français, l’Italie fasciste demeure un modèle, parmi d’autres certainement, mais à placer au premier plan. La pertinence de ce modèle subsiste d’autant plus aujourd’hui qu’il s’agit, avec l’Italie de la première moitié du vingtième siècle, d’une société d’un pays encore relativement proche dans le temps et l’espace, avec une vie moderne et une base industrielle réelles. On peut préférer Clovis, Charlemagne, Saint Louis, Louis XIV, Napoléon, avec tous leurs génies propres, mais ils appartiennent à des sociétés radicalement différentes, contrairement à Mussolini.
La France a eu de grands penseurs nationalistes aussi, comme Maurras, contemporain, et significativement différent, absolument pas fasciste ; mais tous sont restés, hélas, dans le pur champ des idées. L’expérience de l’Etat français (1940-1944) du Maréchal Pétain, très intéressante, a été trop courte et réalisée dans les circonstances les plus difficiles –contexte d’occupation et de guerre-, pour fournir un modèle comparable d’action nationaliste, déterminée et efficace, dans la durée, en comparaison des plus de vingt ans du fascisme italien.
L’Histoire du mouvement fasciste de VOLPE propose donc un témoignage passionnant d’une réussite incontestable d’une expérience politique nationaliste au pouvoir.
Scipion de SALM
Giovacchino VOLPE Histoire du mouvement fasciste, Editions Reconquieta Press, 260 pages, 17 €
Disponible dans la boutique Jeune Nation