…/…
Si le génocide de 9,3 millions d’Allemands n’est jamais évoqué par les historiens de cour [1], il est toutefois bien connu des instances dirigeantes qui n’ont pas intérêt à ce que le grand public en soit informé. Et pourtant, le 23 mars 1949, le chancelier allemand Konrad Adenauer fut reçu à Berne par le Conseil fédéral en visite officielle.
Fait rarissime dans les annales de la Confédération [helvétique – NDLR], il prononça au Palais fédéral devant les deux Chambres réunies une allocution historique qui a par magie disparu des mémoires.
Voici un extrait particulièrement éloquent de ce discours :
« Selon les chiffres établis par les autorités américaines, sur les 13,3 millions d’Allemands expulsés de leurs régions d’origine, 7,3 millions se sont présentement réfugiés en zone orientale [sous contrôle soviétique] et surtout dans les trois zones occidentales. Six millions ont disparu de la surface de la terre – ils sont morts, ils ont pourri. Des 7,3 millions restés en vie, la plus grande partie sont des femmes, des enfants et des vieillards. Une forte proportion des hommes et des femmes capables de travailler ont été déportés dans des camps de travail soviétiques. Le déplacement de ces 13 à 14 millions d’êtres humains, arrachés à un pays que leurs ancêtres habitaient souvent depuis des siècles a provoqué des misères sans fond. Des crimes ont été perpétrés qui méritent d’être placés à côté de ceux des nationaux-socialistes allemands. Or, ces expulsions en masse s’appuient sur les accords de Potsdam du 2 août 1945. Je suis convaincu que l’histoire mondiale portera un jugement très dur sur ce document. […] Les années de la faim, 1946 et 1947, ont causé d’énormes ravages au point de vue physique et moral. […] La guerre a été trop atroce, les dévastations du pays trop terribles, la misère jusqu’en 1948 trop pesante pour que les populations aient pu déjà sortir de la stupeur dans laquelle tous ces malheurs les avaient plongés. » (Konrad Adenauer, Mémoires 1945-1953, Hachette, 1965, pages 190-191)
Sur le moment, ces révélations eurent dans le monde entier un retentissement énorme.
A noter que le chancelier Adenauer avait omis de mentionner dans son allocution les six millions de victimes juives de l’Holocauste, pour ne parler que des six millions de victimes allemandes de l’après-guerre.
En pouvant s’exprimer sans entrave dans un État voisin à majorité germanique, indépendant et neutre, avec lequel l’Allemagne n’a jamais été en conflit, le chancelier Adenauer faisait passer le message implicite que la parole n’était pas libre dans son propre pays, tant pour lui-même que pour ses concitoyens.
Les médias internationaux ripostèrent aussitôt par une campagne de presse diffamatoire, ne craignant pas d’accuser le chancelier Adenauer d’avoir tenu des propos mensongers.
La presse suisse, qui était à cette époque taillée dans un autre bois, se garda bien de suivre la ligne des médias psittacistes. Adenauer avait pris la précaution d’écrire son discours : il put ainsi prouver point par point que ses accusations étaient parfaitement fondées.
La guerre froide qui éclata peu après contraignit les Alliés à renoncer à affamer le peuple allemand : destinée à combattre en première ligne sous le drapeau de l’OTAN en cas de conflit avec les armées du Pacte de Varsovie, la chair à canon germanique devait être bien nourrie pour défendre l’assiette au beurre de ses affameurs… Mais l’état de stupeur qui avait frappé le peuple allemand après la guerre est toujours d’actualité car soigneusement entretenu grâce aux mythes incapacitants.
René-Louis Berclaz
Source : Courrier du Continent, n°632, Octobre 2021. Achat et abonnement : Éditions de Cassandra, Case postale 141, CH-3960 SIERRE (SUISSE)
[1] « L’expulsion des Allemands d’Europe de l’Est est le transfert forcé des populations allemandes (dites Volksdeutsche) vers l’Allemagne et l’Autriche actuelles. Ce mouvement de population commença au début de la Seconde Guerre mondiale dans le cadre du pacte germano-soviétique, mais s’amplifia surtout à sa fin. Les déplacements de populations à la fin de la guerre se répartissent en trois vagues qui se sont partiellement chevauchées. La première correspond à la fuite spontanée ou à l’évacuation plus ou moins organisée des populations effrayées par l’avancée de l’Armée rouge de la mi-1944 au début 1945. La seconde phase correspond à des expulsions locales, immédiatement après la défaite de la Wehrmacht. Des expulsions plus systématiques ont eu lieu après les accords de Potsdam signés le par Joseph Staline, Clement Attlee et Harry S. Truman pour éviter toute revendication territoriale future de l’Allemagne sur ses voisins orientaux. » (Expulsion des Allemands d’Europe de l’est, Wikipedia)
Pour aller plus loin :
Quand on connaît ce qui s’est passé dans ces territoires, quel que soit le côté épouvantable de ce qu’ont vécu les français d’Afrique au moment du bardage de l’Algérie notamment le 5 juillet 1962 à Oran, cela ferait figure de bagatelle à côté.
Pauvres allemands, eux qui ont tout fait pour nous éviter la situation actuelle, reposez en paix les amis…
On culpabilise en permanence les Allemands, mais aussi tous les Européens avec la SHOAH, il est temps de reprendre les calculatrices…
intéressant parallèle avec le nettoyage ethnique des pieds noirs et le massacre des harkis. Sauf que dans ce dernier cas, c’est bien le président de la République une et indivisible et chef de l’armée de l’époque qui a laissé faire et même favorisé.
En 1945 la frontière du nouvel Etat polonais fut fermée, empêchant des milliers d’Allemands de revenir chez eux, notamment en Silésie. Des camps de concentration s’ouvrirent en Pologne (plusieurs dizaines de milliers de morts et d’infirmes). En 1952 la frontière fut rouverte pour expulser les Rest-Deutsche, dont le travail avait servi à relever une partie des territoires. De 1952 à 1962, par vagues régulières, les dernières communautés d’Allemands furent expulsés ou quittèrent la nouvelle Pologne où aucun droit de minorité ne leur était reconnu (exception temporaire : le Waldenburg où une population de mineurs avait ses écoles, mais dont l’expulsion était programmée). Après cette dernière vague, on trouvait encore quelques centaines de milliers d’Allemands (60 000 en Warmie-Mazurie, quelques milliers à Hirschfeld et Liegnitz en Basse-Silésie) ou de bi-ethniques, qui sont partis entre 1980 et 1990. La minorité allemande en Pologne est aujourd’hui fantomatique : circa 5000 en Warmie-Mazurie, circa 4000 en Pomérélie, quelques centaines dans chaque woiévodie sur le territoire de l’ancien Reich. Le cas des bilingues de Haute-Silésie est spécial : 250 000 haut-Silésiens entre Opole / Oppeln et Kattowitz.
Sur le territoire de Kaliningrad / Königsberg Pr., pas plus d’une trentaine de Rest-Deutsche après 1948, ou, maintenant, de leurs descendants (ne pas confondre avec les Russland-Deutsche venus là des quatre coins de l’URSS après sa dissolution, quelques milliers).
Même sort pour les Allemands de Tchéquie et de Roumanie (dernière vague : 1990).
Même sort pour tout l’Auslanddeutschtum.
Parallèlement, linguicide et déni organisés : dans l’Arelerland, en Moselle et en Alsace : l’ennemi était clairement désigné, bien longtemps avant 1920.
La France est morte en 1918 ; l’Allemagne en 1945 ; l’Europe agonise.
Cela s’appelle un retour de manivelle. Pour s’emparer des sudètes et de la Bohème Moravie, H H disaient que les tchèques les persécutaient. pourtant ils était là depuis fort longtemps et n’étaient pas prisonniers, cette soit disant persécution était un vrai mensonge. S’ils ne se plaisaient pas dans les sudètes, ils pouvaient choisir de retourner en Allemagne, après avoir vendu leurs biens. RLB est il assez bête pour penser que tout aurait pu recommencer comme avant, après la guerre ? Non ça a été la valise ou le cercueil. Comme les pieds noirs, ceux qui sont restés jusqu’à la fin n’ont pas montré une grande intelligence. Dans les époques troublées, il faut savoir se démerder, sentir le vent tourner, les prussiens orientaux auraient dû déménager avant, ne pas faire confiance à cet H H, un menteur tout comme Macron que beaucoup dans notre camp continuent de révérer. Quelle connerie !
Faux, archi-faux. Les Tchèques avaient fermé la frontière.
Les Sudetes étaient victimes de ségrégation : desindustrialisation de leur région, presse écrite et radiophonique interdites en langue allemande, accès interdit à l’université, impôts supplémentaires, hauts postes de fonctionnaires interdits, jugement en langue Tchèque uniquement, expropriation de maisons et de terres contre une bouchée de pains, etc. Je ne parle même des lynchages durant l’automne 1938, de la dissolution illégale du SdP et la loi martiale. Les minorités hongroises, polonaises, slovaques et ukrainiennes attestent également de cette politique monstrueuse, et étaient également victime de fortes discriminations.