Le problème d’être président jeune, c’est de risquer d’affronter la justice une fois son mandat achevé. François Mitterrand l’avait bien compris, refusant de démissionner malgré la maladie qui l’empêchait de gouverner. Mort quelques mois après avoir quitté l’Élysée, il n’a jamais été inquiété pour les multiples affaires politico-financières commises durant son double septennat.
Jacques Chirac avait fait le même calcul. Le « super-menteur » et « super-escroc » n’avait dû sa réélection en 2002 que grâce à la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour. En 2007, il était mis en cause dans pas moins d’une dizaine d’affaires : emplois fictifs du RPR, affaires de la SEMPAP, des HLM de Paris, des billets d’avion, du compte secret au Japon, mais aussi des frais de bouche à la mairie de Paris, ainsi que les suspicions concernant la fondation Claude Pompidou et le château de Bity, l’affaire Clearstream, les ventes d’armes à l’Angola et l’affaire Borel. Certaines de ces affaires se sont achevées par l’abandon des poursuites, certaines n’ont jamais fait l’objet d’enquête. Malade, réel ou imaginaire, il ne fut condamné en 2011 qu’à deux ans de prison avec sursis, devenant le premier président de leur République à être condamné.
Il pourrait ne pas être le dernier. Nicolas Sarkozy est, lui, devenu le premier ancien président de leur République à être placé en garde à vue hier. À l’issue de son audition, il a été mis en examen pour recel de violation du secret professionnel, corruption active et pour un trafic d’influence dont il a été le bénéficiaire selon les juges.
Avec l’appui de son avocat Thierry Herzog, selon l’accusation, il a tenté d’obtenir auprès du juge Gilbert Azibert des informations sur une autre enquête le concernant. Il aurait promis en échange un prestigieux poste à Monaco que le haut magistrat n’aurait finalement pas obtenu. Nicolas Sárközy aurait également été informé illégalement de sa mise sur écoutes par la police, dans le cadre de l’affaire du financement de sa campagne électorale par le régime de Kadhafi. C’est par ces écoutes que les enquêteurs avaient découvert que l’ancien président était informé d’une procédure à son encontre concernant les soupçons d’abus de faiblesse contre Liliane Bettencourt.
Outre l’ancien chef de l’UMP et son avocat Thierry Herzog, le juge Gilbert Azibert a été interpellé et mis en garde à vue, ainsi que l’ancien magistrat Patrick Sassoust, avocat général à la chambre criminelle de la Cour de cassation.
Affaires Bygmalion, Bettencourt-Woerth, des écoutes, des frégates de Taïwan, de Karachi, Tapie-Crédit lyonnais : Nicolas Sárközy ne pourra probablement pas, comme Jacques Chirac, mettre en avant l’anosognosie ou la maladie d’Alzheimer pour échapper à la justice. À moins d’être réélu président de leur république exemplaire avant que les enquêtes n’aboutissent.
Pourquoi est-ce qu’on n’aurait pas le droit de dire « tous pourris »? Et si ceux qui nous accusent de dire « tous pourris », tombaient un jour sous une accusation? Celle de complicité avec une sinistre démocratie qui mène le Peuple à la ruine.