Mardi 26 mars dernier, la justice britannique a rendu une décision concernant l’extradition de Julian Assange vers l’Amérique. Elle a demandé aux États-Unis « des garanties satisfaisantes » sur le traitement qui serait réservé au fondateur de WikiLeaks s’il était extradé outre-Atlantique.
C’est bien connu les « dictateurs » des pays « non démocratiques » n’aiment pas les journalistes et lanceurs d’alerte. Certains iraient même jusqu’à les emprisonner, les faire disparaître dans des prisons-oubliettes, voire jusqu’à les tuer. Mais les pays occidentaux et plus particulièrement les États-Unis, aiment à se présenter se présentent comme des exceptions au regard de ces pratiques qui rappellent « les heures les plus sombres »… comme ils disent.
Le 3 mai 2023, journée mondiale de la liberté de la presse, le président Joe Biden avait déclaré : « Les journalistes courageux du monde entier ont démontré à maintes reprises qu’ils ne peuvent être réduits au silence ou intimidés. Les États-Unis les voient et se tiennent à leurs côtés. »
« À leurs côtés » ? Oui, mais jusqu’à un certain point seulement, comme les éléments révélés par l’avocat de Julian Assange à la Haute Cour de Justice de Londres le démontrent.
C’est à partir de 2017, alors que Julian Assange était déjà dans le collimateur de la CIA, du FBI, du Département d’État, de la Défense et de la Justice suite à la publication en 2010 de documents gouvernementaux prouvant leur implication dans des crimes de guerre, que les autorités fédérales américaines ont commencé à envisager de l’enlever et de le faire disparaître.
En mars 2017, deux mois après l’entrée en fonction de Donald Trump, WikiLeaks a publié des documents liés à un programme de la CIA visant à espionner , de façon ciblée mais sans mandat, des citoyens américains, des diplomates ou des hommes politiques étrangers. Comme le montrent les 8 761 documents fuités, l’agence a travaillé à concevoir un logiciel malveillant, appelé « Weeping Angel », qui, installé sur certains modèles de téléviseurs Samsung, permettait d’en espionner les utilisateurs.
Voici comment WikiLeaks a commenté les documents Vault 7 : « Une fois infecté, Weeping Angel met le téléviseur en mode « faux éteint », de sorte que le propriétaire croit à tort que le téléviseur est éteint alors qu’il est réellement en marche, enregistrant toutes les conversations et les transmettant via le réseau. réseau vers un serveur secret de la CIA ».
Une enquête de Yahoo News a révélé la réaction rapide et furieuse du directeur de la CIA de l’époque, Mike Pompeo : il a chargé l’agence d’élaborer un plan pour kidnapper et tuer le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. S’exprimant devant le Centre d’études stratégiques et internationales, Pompeo a déclaré :
« Il est temps d’appeler WikiLeaks par ce qu’elle est : une agence de renseignement non gouvernementale et hostile qui est souvent soutenue par des acteurs étatiques comme la Russie. »
Mais les avocats du Conseil de sécurité nationale ont remis en question la légalité d’un tel projet d’enlever ou d’assassiner Assange, et des responsables de la CIA ont divulgué des informations sur l’affaire aux commissions du renseignement de la Chambre et du Sénat.
Pendant ce temps, la société de sécurité privée espagnole UC Global, qui surveillait Assange réfugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres, a reçu l’ordre de préparer l’enlèvement. L’un des employés d’UC Global est un « témoin protégé » dans le dossier d’appel d’Assange contre son extradition vers les États-Unis. Et il a témoigné :
« Il a notamment été proposé de laisser la porte de l’ambassade ouverte, ce qui permettrait de donner une origine accidentelle à toute action. N’importe qui pouvait entrer dans l’ambassade et kidnapper un demandeur d’asile ; la possibilité d’empoisonner Assange a même été évoquée. C’étaient les suggestions. »
Le projet impliquait donc de violer l’immunité de l’ambassade équatorienne avant d’enlever un citoyen d’Australie, partenaire anglo-saxon important des États-Unis, dans la capitale du Royaume-Uni, leur allié le plus proche. C’est d’ailleurs probablement pour ces raisons que le projet n’a pas été mis en œuvre. D’ailleurs, une source du renseignement américain a déclaré à Yahoo News que le plan aurait été lancé si Assange s’était trouvé dans un pays du tiers monde :
« Nous ne sommes ni au Pakistan ni en Égypte, nous parlons de Londres. »
D’ailleurs, cela n’aurait pas été la première fois que les États-Unis pratiquent ainsi : en 2003, la CIA avait déjà kidnappé un religieux musulman en Italie, et en 2009, un tribunal italien a condamné par contumace 23 agents de la CIA dans cette affaire…
En tout cas, bien que l’administration Trump ait abandonné son projet de tuer Assange, ni elle ni celle de son successeur Biden n’ont exclu l’idée de sa mort lente en isolement cellulaire en Grande-Bretagne et, si la cour d’appel britannique ordonne son extradition, dans une prison américaine à sécurité maximale.
Voir aussi :
Extradition de Julian Assange : la palme de la lâcheté revient aux médiats occidentaux !
EXPLOSIF !
Wikileaks vient de mettre tous ses fichiers en ligne
Tout depuis les courriels d’Hillary Clinton, la culpabilité de McCain, la fusillade à Vegas commise par un tireur d’élite du FBI, la lettre de Steve Jobs sur le VIH, PedoPodesta, l’Afghanistan, la Syrie, l’Iran, Bilderberg, les agents de la CIA arrêtés pour viol, la pandémie de l’OMS. Bonne fouille !
https://file.wikileaks.org/file/
https://file.wikileaks.org/file/clinton-emails/
Pour commémorer ce triste anniversaire, le comité français de soutien au journaliste australien avait organisé un évènement où tous les membres pouvaient se prendre en photo devant l’ambassade d’Angleterre à Paris (rue du Faubourg Saint-Honoré), un signe en soutien à celui qui a révélé entre autres, des crimes de guerres commis par les Etats-Unis.
Sur place, déçus, les manifestants se sont vu interdire le simple selfie devant l’ambassade, au risque, d’après la police de quelques heures de garde à vue rien que pour le fait d’exprimer leur soutien.