[Texte publié dans la seconde version papier de Jeune nation à la fin des années 1990]
Aujourd’hui, si vous voulez avoir le droit de prendre part au débat politique, il vous faut adhérer à quelques postulats de base, posés tout à fait arbitrairement, et cependant donnés comme des vérités absolues, intangibles et indépassables : l’intangibilité des dogmes du pouvoir démocratique est, en effet, le pilier de sa conservation. Pourtant, dans ce long tissu de l’histoire de France, vieille de plus de quinze siècles, la démocratie couvre à peine deux petits siècles. Comment diable la France a-t-elle pu se construire et survivre, et même ne cesser d’accroître sa grandeur et son rayonnement, à travers treize siècles de ténèbres et de barbarie, avant que ne lui soit révélé, comme une grâce – « Joie, Joie, larmes de joie » – le miracle démocratique?
De monstrueuses chimères
Loin d’avoir constitué un quelconque progrès dans l’ordre politique, moral et humain, loin d’avoir écrit les plus belles et les plus glorieuses pages de notre histoire, la démocratie, a, au contraire, dilapidé avec une rapidité, une efficacité et une violence sans pareil toutes les richesses sociales, politiques, morales, spirituelles, que des milliards de bonnes volontés et de mains travailleuses, d’esprits féconds et généreux, de cœurs nobles et vaillants avaient patiemment contribué à augmenter, au prix d’un dur labeur et d’innombrables sacrifices. La démocratie, fille d’une prétendue raison souveraine, est une construction fumeuse, purement abstraite et donc inapplicable aux hommes, qui nie les lois naturelles et indéracinables de la vie, pour leur substituer de monstrueuses chimères échappées de cerveaux dégénérés, parce qu’en rupture totale avec la nature humaine. De ces chimères naissent ainsi la philosophie captieuse des « droits de l’homme » et celle, tout aussi trompeuse, de « liberté » qui aboutissent à la chienlit, à un égalitarisme assassin et à tous les débordements bestiaux d’une licence intégrale, sans garde-fous ni morale.
Alors, bien sûr, le conditionnement politique, le réflexe pavlovien des bons sentiments viscéraux et irréfléchis, le martèlement incessant de poncifs et de non-sens ayant fait leur œuvre dans les cerveaux intoxiqués et les cœurs bouleversés de sensiblerie et de sentimentalisme infantiles, on ne manquera pas de nous objecter que, fors la démocratie, il n’est plus que la voie de l’oppression et du despotisme.
Mais un examen critique de la démocratie ne fait-il pas éclater presque instantanément le très artificiel et bêtement manichéen système qui place la dignité humaine à la droite de la démocratie, et le fanatisme sanguinaire à la droite des régimes forts et salubrement autoritaires? Ne voit-on pas que sous ses airs perpétuels de pucelle effarouchée et de petite sœur des pauvres, la démocratie ne répugne jamais à s’offrir des orgies de sang et des amoncellements de cadavres? C’est de têtes coupées et de corps déchiquetés et affamés, de peuples anémiés dont elle nourrit son éternelle innocence. Plus Sphinge que sainte, en vérité. Non seulement la démocratie a l’esprit belliqueux, mais même en dehors des conflits permanents qu’elle génère, elle ne parvient pas à construire un cadre social et politique harmonieux ni des conditions morales et spirituelles où l’Homme pourrait exprimer sa grandeur et sa générosité. Même l’équilibre dans la médiocrité n’est pas garanti puisque la démocratie voue le corps social au chaos et asservit l’homme en le retenant dans les mâchoires tenaces d’un matérialisme réducteur et avilissant.
Un régime pervers
Après la chute du mur de Berlin, après la mort du communisme, voici donc naturellement, compte tenu des tares que nous venons de citer, la mort des démocraties. Bien sûr, l’État fonctionne encore, la révolution n’a pas encore enflammé les rues et les ministères, mais humainement, ce régime pervers est moribond. Machine froide et sans scrupule, la démocratie a fauché les âmes et les hommes. Partout, le cortège pitoyable et scandaleux de la misère, de l’insécurité, du désespoir, de la drogue, du suicide, de la maladie, de la pornographie, de la bassesse sous toutes ses formes, dans toutes ses œuvres mortifères.
Moralement, la démocratie est une saloperie, et cette saloperie est en train de prendre une rouste qui la remettra bientôt à sa place, c’est-à-dire dans un coin sombre et marécageux de quelques cervelles ténébreuses ou trop naïves. Les malheurs qui s’abattent aujourd’hui sur la démocratie ne sont pas des « accidents » malencontreux, suscités par une perversion libérale et mercantile, ils sont l’aboutissement logique de ses principes fondamentalement faux philosophiquement, de même que l’effondrement du communisme ne fut pas le résultat d’un quelconque déviationnisme idéologique, mais bien au contraire, la conséquence des efforts désespérés et humainement tragiques pour permettre l’application d’une doctrine fausse dans son essence même. Soljenitsyne l’a fort bien compris. Où est notre Soljenitsyne? Quel philosophe français aura bientôt suffisamment de clairvoyance par-delà l’aveuglement idéologique, suffisamment de connaissance historique et de culture philosophique et même scientifique, suffisamment de bon sens et de sagesse, suffisamment d’amour envers les peuples humains pour remettre la vérité à sa place et condamner la démocratie?
Fi des évidences
La démocratie n’a rien apporté de nouveau et de meilleur à l’homme ; elle s’est contenté de railler et de bafouer des principes philosophiques dont nous connaissions la validité et la nécessité depuis l’Antiquité. Par goût de l’aventure intellectuelle, par goût de la fronde et de la nouveauté, elle s’est dit un jour qu’il serait amusant et fort moderne de démontrer que le blanc, c’est, au fond, du noir, que le noir, au fond, c’est du blanc, que les hommes ne marchent pas du tout sur leurs deux pieds, non, non, surtout pas, il est clair qu’ils marchent sur la tête, que les éléphants volent, que les femmes sont un peu des hommes, les hommes un peu des femmes, que les peuples et les nations, cela n’existe pas, c’est pure fantaisie de roi, que tout le monde, il est réellement beau et il est réellement gentil. Fi des lois naturelles, fi de l’hérédité, des déterminismes de toutes sortes, des traditions, des évidences. Le monde n’est pas tel qu’il est, mais tel que je veux qu’il soit : c’est mon caprice, c’est mon fantasme, ne cesse de clamer la démocratie.
Nous en avons assez!
C’est pourquoi nous ne sommes pas démocrates. Nous en avons assez, assez de ce régime et de ses élucubrations criminelles, assez de l’argent-roi, de la minorité de profiteurs qui nous gouvernent et qui ne croient à la « liberté, égalité, fraternité » que dans la mesure où cela remplit leurs poches ; assez de cette misère, de ce désespoir, de ces âmes et de ces corps qui pourrissent lentement mais sûrement sous le ciel décadent de ce pays abandonné comme un pauvre chien de laboratoire aux expérimentateurs démocratiques ; assez de cette Cour des miracles où fleurissent, en toute impunité, les voleurs et les menteurs, assez de cette pseudo « intelligentsia » de journalistes véreux, de « philosophes » partisans et aveugles volontaires, de politiciens immoraux, corrompus, lâches et irresponsables qui se permettent de nous donner des leçons, à nous autres, nationalistes. Qui sont-ils pour nous juger, eux que jamais le souci de la morale et de leur peuple n’effleure, eux qui, parfois, ne sont même pas de cette terre? Où trouvent-ils leur légitimité?
Nous ne sommes pas démocrates, car nous ne supportons plus d’être traités en étrangers sur notre propre sol, de voir confisquer notre histoire, nos traditions, notre identité. Nous en avons assez d’être tenus pour quantité négligeable, puisqu’on ne se préoccupe plus que des états d’âme du jeune « beur », du jeune « black », du jeune « feuj ». Nous en avons assez de devoir nous cacher pour exprimer l’amour normal de notre civilisation, de ne pouvoir dire certaines vérités essentielles du fait de la censure de gens venus d’ailleurs.
Nous ne sommes pas démocrates, car nous en avons assez du renversement systématique de toutes les valeurs, où tout ce qui est laid, anormal, morbide est présenté comme supérieur au reste. Assez de tous ces mots vides de sens : tolérance, droits de l’homme, antiracisme, liberté, qui émasculent notre jeunesse.
Nous ne sommes pas démocrates, car la démocratie est le règne de la drogue, du suicide, de tout ce qui porte le sceau de la maladie et de la mort ; elle est incapable d’insuffler l’envie de vivre, de créer, de croire, d’espérer, de grandir, de s’accomplir dans un destin commun.
Nous ne sommes pas démocrates, car nous privilégions la sélection sur l’élection, l’ordre sur le désordre, la collectivité sur l’individualisme, la discipline sur le laisser-aller, l’autorité bienveillante et paternelle sur la servitude, le droit social sur le libéralisme, l’honneur et la grandeur sur la liberté et la facilité, l’idéal sur le matérialisme, la générosité sur l’égoïsme.
Nous ne sommes pas démocrates, car nous avons le culte de l’honneur et du drapeau, de la Patrie et du combat, toutes ces valeurs que la démocratie a reléguées au rang de sentiments désuets et inutiles.
Le feu sacré
En nous brûle le feu sacré et un sang noble et fier. Nous sommes d’une race qui a l’amour de son sol, car elle s’est toujours nourrie de sa terre. Cela est incompatible avec le glacial matérialisme que vénère ce régime. Maastricht nous a porté un coup terrible en attaquant notre patrie. Schengen nous a meurtri le cœur en assassinant nos frontières, qui sont comme l’épiderme de ce corps vivant que ne cessera jamais d’être la France. Demain, avec la monnaie unique, la démocratie tentera de faire disparaître définitivement notre patrie. Nos ancêtres n’ont pas versé leur sang pour rien : ce sang a permis que la France poursuive son destin. Mais quelques coups de crayon sur un traité en décideraient autrement ? Nous ne l’accepterons jamais, au nom des nôtres, de ceux qui ont été, de ceux qui sont et de ceux qui seront.
Voilà pourquoi nous ne sommes pas démocrates et c’est là notre plus grande fierté.
La démocratie nous désespère, la France nous fait encore rêver.