Bygmalion : Sarkozy, l’ancien président de leur république, renvoyé en correctionnelle
François Fillon, encore candidat de la droite à la présidentielle (pour combien de temps ?), a déclaré mardi avoir « une pensée émue » pour Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa. La solidarité des « ripoux » ? En effet, le juge d’instruction du pôle financier Serge Tournaire a signé, le 3 février, l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel dans l’affaire de ses comptes de campagnes de 2012, l’affaire dite « Bygmalion ».
Il demande le renvoi de l’ancien président de la République pour avoir, en tant que candidat de l’UMP à l’élection présidentielle, dépassé le plafond autorisé des dépenses de plus de 20 millions d’euros. Outre Nicolas Sarkozy, treize autres protagonistes, dont Bastien Millot, ancien dirigeant de la société Bygmalion, et Jérôme Lavrilleux, alors directeur adjoint de la campagne et actuellement député européen, sont renvoyés devant le tribunal notamment pour complicité d’escroquerie, usage de faux ou encore recel d’abus de confiance pour M. Lavrilleux.
Au cœur de l’affaire : la mise en place d’un système visant à dissimuler le dépassement du plafond légal par la minoration des dépenses de campagne déclarées, ceci par le biais d’une fausse facturation massive et l’inscription et la prise en charge par l’UMP de dépenses de campagnes. En effet Nicolas Sarkozy avait tenu 44 meetings au total entre janvier et mai 2012, explosant de plus de 20 millions d’euros environ le plafond légal de dépenses, fixé à 22,5 millions.
A son encontre, dans l’ordonnance de renvoi le juge affirme que « plus que quiconque, il était supposé connaître, respecter et faire appliquer par ses équipes les dispositions légales » en matière de financement de campagne. « L’autorité de Nicolas Sarkozy, son expérience politique et l’enjeu que représentait pour lui sa nouvelle candidature à la magistrature suprême, rendent peu crédible l’hypothèse d’un candidat déconnecté de sa campagne laissant ses équipes ou son parti et ses dirigeants agir en dehors de lui et décider de tout à sa place », ajoute-t-il.
Il considère que « Nicolas Sarkozy a incontestablement bénéficié des fraudes révélées par l’enquête qui lui ont permis de disposer, lors de sa campagne de 2012, de moyens bien supérieurs à ce que la loi autorisait » même si il n’est pas établi qu’il avait organisé le système.
Ce n’est pas le seul dossier judiciaire qui menace Nicolas Sarkozy. Il devrait ainsi être prochainement convoqué dans le cadre de l’enquête portant sur un possible financement par la Libye de Mouammar Kadhafi de sa campagne de 2007. Compte tenu des nombreux éléments accumulés par les enquêteurs au fil d’une instruction ouverte il y a plus de trois ans, la question de sa mise en examen se pose sérieusement.
Nicolas Sarkozy est par ailleurs mis en examen pour corruption active, trafic d’influence et recel de violation du secret professionnel dans l’affaire Azibert Il est soupçonné d’avoir cherché à obtenir des informations sur des procédures le concernant auprès du magistrat Gilbert Azibert, en échange de son aide pour obtenir un poste à Monaco.
Reste enfin l’affaire dite des sondages de l’Élysée où plusieurs de ses anciens collaborateurs sont mis en examen pour favoritisme ou complicité, comme son ancienne directrice de cabinet Emmanuelle Mignon ou l’ancien secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant.