RIVAROL : Vous souhaitez présenter une liste intitulée Forteresse Europe aux élections européennes du dimanche 9 juin prochain. Pourquoi cette initiative, pourquoi ce nom et quelles sont les thématiques principales que vous entendez développer lors de cette campagne ?
Pierre-Marie BONNEAU : Tout d’abord, merci à vous et à toute l’équipe de RIVAROL de m’accueillir dans vos colonnes pour cet entretien. Si j’étais taquin, je vous répondrais qu’évidemment, je présente cette liste pour obtenir des élus… Mais je n’entretiens pas beaucoup d’illusions sur l’utilité d’un ou même de plusieurs élus au parlement européen, qui n’est évidemment pas le centre nerveux où se décident ces mesures qui étouffent notre agriculture, notre industrie, nos libertés et contribuent à la destruction même de la substance de nos Nations. En revanche, cette élection peut nous permettre de revenir sur le devant de la scène politique et de donner une visibilité à la cause et aux positions doctrinales que nous défendons. Toutes les listes qui se présentent ont droit à la diffusion sur les ondes d’une vidéo de campagne et du programme politique. C’est, à mon sens, le principal but poursuivi par notre candidature. Le terme de Forteresse Europe témoigne de la situation que nous vivons actuellement : une forteresse est un bastion à défendre mais aussi la première implantation annonçant la reconquête. C’est exactement ce à quoi nous appelons nos amis. Défendre notre civilisation pour pouvoir reconquérir la place qu’elle mérite dans le monde, la première !
R. : Votre initiative se présente comme une « liste d’unité nationaliste ». Qu’entendez- vous par là ? Quels sont les mouvements et personnalités que vous souhaiteriez associer à votre démarche ? Et dans quel but ?
P.-M. B. : Il n’y a plus de visibilité du courant politique nationaliste dans le paysage politique actuel, sinon au travers du travail acharné de journalistes comme vous-mêmes, qui parvenez, malgré la répression, à maintenir un hebdomadaire comme RIVAROL. Or, pour conquérir le pouvoir, ce qui est indispensable si nous voulons sauver nos patries, et en premier lieu la France, il nous faut rendre audible pour tous les Français le message nationaliste : cette élection est l’un des moyens permettant d’atteindre ce but. Pour un révolutionnaire, tous les moyens, même ceux proposés par le système politique en place, doivent être utilisés lorsqu’ils ont une utilité. Il existe un socle commun nationaliste, que partagent un certain nombre de groupes politiques et de personnalités plus isolées ou indépendantes. Il peut s’articuler autour du triptyque « un sol, un sang, un ciel ». Nous défendons une vision “barrésienne” de l’identité française, ainsi qu’une reconquête de notre souveraineté nationale. Nous défendons aussi la vie, de la conception à la mort, tant pour des raisons philosophiques que par nécessité démographique. Nous défendons la remigration et, sur le plan de la politique étrangère, la constitution de nouvelles lignes de force contre le monstre que constituent l’hégémon atlantiste et son double sioniste. Enfin, sur le plan économique, nous sommes partisans d’un socialisme distributiviste avec une conception du rôle de la monnaie très proche, par exemple, de celle d’un Hjalmar Schacht. Pour ce faire, il sera d’abord indispensable de retrouver notre totale indépendance nationale, c’est-à-dire de dénoncer les traités qui obligent nos gouvernants à ne plus être que des sortes de super-préfets chargés d’introduire dans nos lois le “virus” imposé par des législateurs européens au service d’intérêts qui ne sont pas les nôtres… À ce propos, il conviendra aussi de retrouver notre liberté en matière sanitaire, afin d’éviter que des cabinets de gestions de crise privés et défendant donc les intérêts de leurs payeurs ne soient à nouveau en charge de parquer et marquer notre population, comme on le fait d’un cheptel de bovins, au prétexte qu’un nouveau mal, présenté comme l’Armageddon, planerait sur nos têtes… Nos parents, nos grands-parents, ont fait face à des épidémies de scarlatine, de grippe espagnole, sans devoir renoncer pour autant aux plus élémentaires de leurs libertés ; n’en serions-nous donc plus les dignes héritiers ? Tous les groupes nationalistes d’accord avec ce socle commun et toutes les personnalités le partageant sont les bienvenus dans ce combat.
R. : Comme vous le savez, on recense déjà de nombreuses listes, notamment dans ce qu’il est convenu d’appeler largo sensu la mouvance nationale : le Rassemblement national de Jordan Bardella, Reconquête de Marion Maréchal, les listes souverainistes de François Asselineau et de Florian Philippot, la liste populiste du tandem Lalanne- Dieudonné, la liste de défense de la chasse et de la ruralité de Jean Lassalle, sans même parler d’une liste animaliste et apolitique. Comment arriverez-vous à vous faire entendre et à trouver une place face à tant de listes ? Quelle est la valeur ajoutée de votre initiative ? D’autant que constituer une liste aux européennes, en demandant aux sympathisants d’imprimer les bulletins de vote chez eux et de les porter à l’isoloir faute de moyens financiers, n’est pas une garantie de visibilité et de notoriété dans la durée. A preuve la liste de la Reconquête conduite il y a cinq ans par Vincent Vauclin, de la Dissidence française, et qui n’a pas empêché ce dernier de sombrer depuis corps et bien…
P.-M. B. : Largo sensu… C’est justement là tout le problème. Après 15 ans de gouvernance du FN, devenu RN, par Marine Le Pen, les derniers représentants du courant nationaliste en ont disparu et nous avons pu voir les députés de ce mouvement se lever et respecter une minute de silence après la mort du jeune Nahel, délinquant de banlieue malencontreusement tué lors d’un contrôle de police, ou encore voter le « cataplasme sur une jambe de bois » que constitue la dernière loi sur l’immigration. Nous avons aussi pu assister à la « grosse colère » de Marine Le Pen au sujet des positions de l’AfD, parti allemand dont les députés siègent dans le même groupe européen que les siens, mais qui a osé blasphémer les valeurs de leur république en suggérant la nécessité d’organiser une remigration… L’accolade entre Jordan Bardella et Meyer Habib résume excellemment, je crois, cet incroyable gâchis. Côté “Reconquête”, les différences sont au moins aussi nombreuses, ne serait-ce qu’en raison du positionnement de Monsieur Zemmour dans l’opération génocidaire que mène l’État hébreu en Palestine, qui est, pour nous, totalement rédhibitoire. L’offre constituée par des listes dites souverainistes ne nous intéresse pas plus… Le problème ne réside pas tant dans le score électoral, sans doute confidentiel, qu’elles obtiendront, mais bien dans l’inutilité de leur programme. Des listes souverainistes certes, mais pour conserver la souveraineté de quoi ? Quelles définitions ont-elles de la Nation et de l’appartenance nationale ? À regarder les choses de façon un peu plus approfondie, l’erreur est de parler en termes d’offre et de demande : en réalité, nous sommes légitimes parce que nationalistes. À nous de conquérir les moyens d’affirmer cette légitimité, et ce scrutin électoral européen en est un. Enfin, s’agissant de l’initiative portée par la Dissidence française lors des dernières élections européennes, elle démontre surtout à notre avis qu’il est, justement, possible de présenter une liste. Mais ce que nous entendons, nous, c’est avant tout présenter une liste dissidente et nationaliste, sans faire quelque concession que ce soit à leur démocratie ou à leur vocabulaire.
R. : Comment les personnes qui souhaiteraient vous aider dans votre démarche peuvent-elles le faire concrètement ?
P.-M. B. : Les personnes désireuses de nous aider peuvent tout d’abord proposer leur candidature sur notre liste. J’en profite pour rappeler que nous avons besoin, parité oblige, d’autant de femmes que d’hommes, ce qui est une difficulté supplémentaire. Il est parfaitement absurde, comme vous le savez, de considérer qu’il faut forcer les femmes à se présenter en un nombre égal à celui des hommes sur une liste électorale, et c’est même une marque de mépris envers leur féminité. Mais nous devons en passer par là pour pouvoir constituer notre liste. Il est aussi possible de nous aider financièrement, ou encore en participant à la distribution, localement, des bulletins de votes, aux affichages, aux tractages… Mais cela est parfaitement expliqué sur notre site, dont l’adresse figure en pied de cet entretien.
R. : Quelle est votre vision de l’Europe ? Quel est votre projet européen ?
P.-M. B. : L’Europe est pour nous une civilisation, pas une “super-nation”. Je me déplace personnellement dans de nombreux pays européens pour assister à des réunions, des événements commémoratifs, des manifestations nationalistes. Je me sens chaque jour un peu plus Français à mesure que je connais mieux les autres pays d’Europe, mais je comprends aussi que les problèmes que rencontrent nos vieilles nations sont très semblables et ont souvent la même origine, exogène. Trouver QUI en est à l’origine permettra sans doute de proposer, de Brest à Vladivostok, mais d’abord dans notre pays, une solution à ces problèmes… S’il y a sans doute des réformes, au besoin des renégociations de frontières, nécessaires en Europe, nous souhaitons que cela se fasse toujours de façon pacifique et évidement, nous lutterons bec et ongles pour empêcher nos nations de rentrer dans une guerre étrangère, comme celle qui oppose la Russie au gouvernement de Kiev, pour le seul mais plus grand bénéfice de ce cosmopolitisme politico- militaire yankee, qui sera toujours pour nous un ennemi prioritaire.
R. : Manifestement Macron accélère lors de son second mandat la mise en œuvre des réformes dites sociétales désastreuses et mortifères : constitutionnalisation du « droit à l’avortement », légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, promotion du lobby LGBT, de l’homosexualisme et du transsexualisme, y compris à l’école. Que pensez- vous de tout cela ?
P.-M. B. : Il s’agit de la tragique dérive d’un système mortifère devenu fou. Il faut simplement combattre ces horreurs criminelles, cette politique de destruction de nos nations, de nos sociétés. Notre détermination à ce titre doit être absolue. Je profite de la question pour faire observer à nos lecteurs que, par-delà les rodomontades de certains candidats, notre programme est le seul à proposer l’abolition de ces lois criminelles.
R. : La France et l’Europe sont en état d’invasion libre. Que faire, selon vous, pour interrompre ce processus de submersion migratoire et de Grand Remplacement ?
P.-M. B. : Il faut sortir du système politique actuel, dans lequel toute politique réaliste est impossible à mettre en œuvre. Ensuite, un processus de type révolutionnaire pourra être engagé, au besoin en collaboration avec les gouvernements des pays concernés par cette indispensable remigration. Une politique étrangère envers le monde arabe ferme, mais juste et hardie, surtout au sujet de l’État, illégitime à nos yeux, d’Israël, pourra certainement faciliter cela. Nous combattons la submersion migratoire partout et le grand remplacement, en cours, de la population palestinienne d’origine, sur sa propre terre, est, pour nous, tout aussi scandaleux que celui que subissent nos nations.
R. : La répression ne cesse de s’aggraver : Yvan Benedetti, chef des Nationalistes, risque quatre mois de prison ferme pour avoir parlé de remigration et célébré en Italie le centième anniversaire de la marche sur Rome en 2022 (jugement le 24 mai). Plusieurs associations ont été dissoutes, des manifestations pacifiques interdites, le directeur de RIVAROL risque 18 mois de prison ferme (jugement le 21 mai), et ce n’est pas fini. Quel jugement portez-vous sur tout cela ?
P.-M. B. : C’est là le nœud du problème : vous noterez que le début de l’immigration de peuplement, avec la fin de l’immigration économique durant le septennat de Valéry Giscard d’Estaing, a suivi de peu l’introduction “efficiente” de l’antiracisme dans notre législation, par la Loi Pleven de 1972. Ces lois antiracistes et mémorielles sont une arme de destruction massive contre notre peuple et rien ne sera possible tant qu’elles n’auront pas été abrogées. Il faudra d’ailleurs enquêter sur les dégâts qu’elles ont provoqués durant un demi- siècle, trouver les responsables et les forcer à indemniser les victimes qu’elles ont engendrées et les dégâts qu’elles ont causés au corps social français. Si, en revanche, le gouvernement multiplie aujourd’hui les poursuites, les condamnations, les dissolutions, en tentant d’entretenir l’illusion d’une séparation des pouvoirs et de l’indépendance des juges, c’est un phénomène qui doit tout autant nous inquiéter que nous réjouir. Un pouvoir politique qui ne tient plus sa légitimité que des matraques de ses policiers et des oukases de ses juges est généralement, selon ce que nous a appris l’histoire, plutôt sur la pente descendante. À nous de le faire tomber et de le remplacer par celui du salut de nos Nations !
R. : Avez-vous des alliances, des contacts avec d’autres formations et personnalités en Europe ? Lesquelles ?
P.-M. B. : Nous avons des contacts avec presque tous les mouvements nationalistes en Europe, des pays scandinaves aux confins balkaniques. Tous n’ont évidemment pas la même approche politique que celle que nous privilégions aujourd’hui. À ce jour, sauf information complémentaire dont je ne dispose pas, nos camarades Phalangistes espagnols, les Allemands de die Heimat (anciennement NPD) et sans doute les Italiens de Forza Nuova présenteront, au titre de l’Alliance pour la Paix et la Liberté (APF : Alliance for Peace and Freedom) dont nous sommes également membres, des listes pour ces élections européennes de 2024.
R. : Un dernier mot pour les lecteurs de RIVAROL ?
P.-M. B. : Abonnez-vous ! Soutenez RIVAROL ! Sans accès aux médias, il est impossible de parler à notre peuple. C’est aussi pour cela que nous présentons cette liste. En politique, le désespoir est une sottise absolue. Aidez-nous, aidons-nous et le Ciel nous aidera ! En avant la victoire ! Qui vive ? France !
Propos recueillis par Jérôme BOURBON
Source : RIVAROL n°3610 du 17/04/2024
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