Sept mois après la capitulation en rase campagne du gouvernement pro-occidental arménien face à l’offensive éclair qui a permis à l’Azerbaidjan de reprendre à l’Arménie la région d’Artsakh en septembre 2023 (avec le soutien de quantités d’armes fournies par l’État juif), le président Pachinian comme son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev affirment qu’un accord de paix plus large entre les deux pays est en vue. Pourtant, les différends territoriaux paraissent loin d’être résolus et en tout cas admis par les populations arméniennes concernées par le nouvel abandon de quatre villages frontaliers.
Aux termes d’un accord de délimitation des frontières annoncé vendredi, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a confirmé le retour à l’Azerbaïdjan de quatre villages frontaliers, dont l’Arménie s’était emparée lors d’un précédent conflit entre les deux pays remontant aux années 1990.
Mais les habitants de cette région, située à un peu plus de 200 km au nord d’Erevan, craignent que ce processus de démarcation de la frontière les isolent, et que certaines de leurs maisons se retrouvent sous contrôle azerbaïdjanais.
« Pour nous, être près de la frontière était une question de fierté, car nous gardions la frontière de notre village et de notre Etat. Plus la frontière était solide, plus l’État était sûr et renforcé. Plus nous sommes faibles à l’intérieur ou à l’extérieur, plus les frontières du pays seront dans un état de troubles, de semi-guerre ou de guerre. Malheureusement, nous vivons dans cette phase. » (Narek Sahakyan, un habitant du village de Baganis, westernarmeniatv.com, 26.03.2024)
Ainsi ils ont manifesté pour dénoncer cette nouvelle cession de territoires à l’Azerbaïdjan, notamment Baganis et Voskepar, en bloquant l’axe routier reliant l’Arménie et la Géorgie, qui passe à proximité et représente pour la population locale le principal lien vers le monde extérieur. Ils ont aussi tenté d’empêcher des travaux de déminage prévus dans le cadre de l’accord de délimitation de la frontière.
« À la frontière se trouve une église du VIIe siècle. Cela prouve que lorsque nous avons fondé un village ici, le Turc n’était pas du tout là. Donner Eskan à un Turc est la plus grande insulte. Le but du Turc est de massacrer les Arméniens, il est impossible de parler le langage de la paix avec le Turc. Il ne donne aucune garantie qu’après avoir cédé ces 4 villages, notre population vivra en paix avec eux. C’est impossible. Après tout cela, je dirai : c’est le premier ministre de mon pays, est-ce que je le respecte ? Non, je ne le respecte pas. Dépêchez vous avant qu’il ne soit trop tard, avant que ce terrain, la porte nord, ne disparaisse. S’il cède, il ouvrira la voie vers Erevan. » (Narek Beglaryan, un habitant du village de Voskepart, westernarmeniatv.com, 26.03.2024)
Le Comité d’enquête arménien a indiqué avoir arrêté sept membres d’un groupe d’anciens combattants arméniens, la « Confrérie des combattants », impliqués dans la manifestation. Un des responsables de ce groupe patriotique, Hrant Ter-Abrahamyan, avait indiqué début avril que des habitants avaient commencé à s’entraîner militairement pour pouvoir « prendre les armes s’il le faut ».
“Nous resterons la nuit également, nous n’avons pas l’intention de nous en aller, bien que, selon certaines informations, des forces spéciales aient été envoyées à Kirants. Ce n’est pas seulement la lutte des habitants de Kirants, Voskepar et Baganis. C’est la lutte du peuple arménien pour son avenir.” (Garnik Danielian, un des manifestants, multipolarra.com, 22.04.2024)
En fait de règlement et d’accord de paix, il s’agit purement et simplement d’un dépeçage de l’Arménie, du fait de la faiblesse servile des autorités arméniennes « aiguillées » par leurs sponsors occidentaux, bien au-delà de la malheureuse république d’Artsakh, comme nous l’avions pressenti il y a un peu moins d’un an (Le gouvernement arménien pro-occidental s’apprête à lâcher l’Artsakh à l’Azerbaïdjan).
Car la question du sud de l’Arménie se posera : les pays turcs sont gourmands et veulent un couloir reliant la province azerbaïdjanaise du Nakhitchevan à l’Artsakh occupé, à travers la région de Syunik, le corridor de Zangezur. L’appétit venant en mangeant, on ne sait pas s’ils entendent s’arrêter un jour de grignoter l’Arménie.