La France a autorisé, fin octobre 2023, la livraison à Israël d’au moins 100 000 pièces de cartouches pour des fusils mitrailleurs susceptibles d’être utilisés contre des civils à Gaza. Révélations de Disclose et Marsactu sur une cargaison expédiée en secret depuis Marseille, et en totale contradiction avec les engagements du gouvernement.
Le ministre des armées réajuste sa cravate. Ce 27 février, après une heure d’échanges avec les membres de la commission défense de l’assemblée nationale, Sébastien Lecornu doit répondre à une question sur les livraisons d’armes françaises à Israël. Il se saisit d’une feuille blanche sur laquelle sont griffonnées quelques notes, fronce les sourcils et débute sa déclaration. « Objectivement, il n’y a pas de relations d’armement avec Israël », commence-t-il, avant d’admettre que « quelques licences » d’exportation vers l’État hébreu ont bien été accordées depuis le 13 octobre 2023, date du début de l’offensive israélienne à Gaza. Il s’agirait de composants utilisés de façon défensive, pour « des missiles du Dôme de fer », du nom du système de défense israélien conçu pour intercepter les roquettes tirées depuis Gaza et le Liban. Le matériel exporté par la France en Israël ne serait donc pas utilisé dans l’offensive israélienne ayant déjà fait près de 32 000 morts, dont 70 % de femmes et enfants. Une affirmation reprise mot pour mot, le 20 mars dernier, par la porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot : « Nous ne livrons des armes que dans le cadre de composants défensifs pour le Dôme de fer ». C’est pourtant loin de la réalité, comme le révèlent des photographies transmises à Disclose et son partenaire, le média d’investigation locale Marsactu.
Ces clichés datés du 23 octobre 2023, soit près de deux semaines après le déclenchement de l’offensive à Gaza en réaction à l’attaque du Hamas, montrent une cargaison d’armements destinée à Israël. Des caisses stockées dans un hangar appartenant à Eurolinks, une société marseillaise spécialisée dans la fabrication d’équipements militaires. Sur un bordereau scotché sur un carton entouré de cellophane, on peut lire l’inscription en anglais « 10 000 liens M27 pour des munitions de 5,56 millimètres [10 000 links M27 for 5.56 mm Ammo] ».
Ces équipements sont en fait de petites pièces métalliques servant à relier entre elles des balles de fusils mitrailleurs. Ces maillons M27, qui permettent des tirs en rafale, sont prévus pour des fusils automatiques légers de type M249 et FN Minimi. Ces composants qui sont « l’assurance d’une mission réussie », selon le fabricant, n’ont rien d’accessoire. « Sans eux, l’arme ne fonctionne pas », souligne Tony Fortin, chargé d’études à l’Observatoire des armements. En 2015, les Pays-Bas ont ainsi bloqué des pièces d’Eurolinks équipant des munitions de 30 mm transitant par Amsterdam. Motif probable, selon l’Observatoire : les armements étaient destinés aux Émirats arabes unis, engagés dans la guerre contre les rebelles houthistes au Yémen.
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Pas d’argent, pas de budget pour les forces armées de la France, mais pas de problème, pas de souci quand il s’agit de faire des cadeaux à des ukraignosses ou des quatre-lettres.