La France expulse les islamistes au compte-gouttes : 60 en quatre ans
Une soixantaine ont été éloignés depuis 2012, dont dix-sept depuis le début de l’année.
Face à la «menace terroriste d’une ampleur inédite», le ministère de l’Intérieur s’évertue à traquer les islamistes radicaux, et notamment les ressortissants étrangers ou les déchus de la nationalité française installés dans le pays. Dix-sept indésirables ont été éloignés depuis janvier dernier, selon un dernier bilan de la Place Beauvau porté. Le double par rapport à 2014 et une progression notable au regard de la dizaine d’éloignements annuels répertoriés au début des années 2000.
Des chiffres qui apparaissent faibles au regard de l’épais maquis des 2000 suspects liés aux filières irako-syriennes. Mais ils traduisent en réalité l’incommensurable casse-tête que représente chaque dossier: conditions imposées par la Convention européenne des droits de l’homme, négociations pour obtenir un laissez-passer auprès des autorités consulaires du pays d’origine, dossiers constitués de «notes blanches», par définition non datées ni signées, et qui sont souvent contestées par les avocats…
Le parcours de Mansour Koudousov, ressortissant russe originaire de Tchétchénie, est éloquent. Il a fallu quatre ans de procédure pour renvoyer en Russie, le 9 septembre dernier, ce « jeune » de 25 ans, «lié à la mouvance djihadiste armée depuis de nombreuses années» selon la justice.
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) agace souvent, gêne beaucoup. La question des difficultés pour expulser du territoire des terroristes étrangers est la plus emblématique. Au point que certains députés LR, comme Guillaume Larrivé, plaident avec virulence pour un «CEDH-exit» et une négociation à la mode anglaise des exceptions possibles, afin d’éviter ce qu’un certain nombre de parlementaires considèrent comme un diktat de l’Europe.
En une année le gouvernement français a fermé une vingtaine de mosquées ou salles de prière musulmanes radicalisées. Dont 17 en Île-de-France. Si le ministère de l’Intérieur estime que 150 lieux de culte sur 2500 sont touchés par l’influence salafiste, les experts y ajoutent autant d’associations qui attirent par leur rigorisme, un public jeune, susceptible d’être conduit au djihadisme.