Le 5 juin dernier, à 4 jours des élections européennes, le Parlement a définitivement adopté par un vote de l’Assemblée nationale une loi visant à renforcer l’arsenal législatif français contre les ingérences étrangères (comprendre les « ingérences russes »). La loi crée un « registre national de l’influence », comme il en existe en Russie et comme la Géorgie vient de le faire – mais dans ces pays là c’est du « totalitarisme », alors qu’aux États-Unis (où cela existe depuis les années 30) et ici en France c’est la défense de la « démocratie attaquée de l’intérieur comme de l’extérieur » (Franck Riester, ex-ministre délégué au Commerce extérieur). La loi crée également une procédure de gel des avoirs financiers, et renforce « à titre expérimental » cette lutte par une surveillance algorithmique qui était réservée jusqu’à aujourd’hui à l’antiterrorisme…
Dans la même veine, selon un article du Canard Enchaîné du 10 juillet « Poutine toujours en campagne contre Macron » : « pendant les élections, les opérations de déstabilisation ont continué de plus belle ! Des sbires de Poutine se sont déchaînés en multipliant les tags provocateurs à proximité de l’Assemblée et du ministère des Armées… » Des tags… Quelle menace !
Voici un petit décryptage de l’état de la prétendue « menace » par la journaliste Amélie Ismaïli sur son compte X :
On le voit émerger massivement en France, mais aux États-Unis, ce narratif est poussé depuis au moins 2016, et ce sont toujours les mêmes organisations qui servent de sources aux médias, y compris en France.
En 2018, Buzz Feed avait d’ailleurs publié une tribune expliquant qu’il fallait « arrêter de blâmer les bots russes pour tout et n’importe quoi ». Car quand vous y regardez de plus près, il n’y a jamais la moindre preuve de connexion au Kremlin.
En fait ces organisations identifient des « messages pro-russe » (en gros tous ceux qui critiquent la politique étrangère des Etats-Unis ou son « État-profond ») et jouent sur du sophisme en expliquant qu’ils peuvent être hypothétiquement en lien avec la Russie.
Le « tableau de bord » évoqué est un projet créé par l’Alliance for Securing Democracy [ASD], une filiale du German Marshall Fund, une organisation identifiée depuis toujours comme étant au service des intérêts américains. Sa présidente de 2013 à 2021 venait de la CIA, c’est dire…
Pour info Emmanuel Macron a bénéficié de la bourse du German Marshall Fund, comme l’avait révélé Off Investigation (Macron l’Américain, la France livrée aux GAFAM), mais à ce stade c’est presque un détail.
Bref. En 2022, l’Alliance for Securing Democracy a créé le « Dashboard de l’élection française ». Toujours le même principe : identifier les messages provenant hypothétiquement de la Russie qui pourrait « déstabiliser » les élections françaises.
Et dans leur Dashboard, l’ASD surveillait tous les comptes qui ont partagé des médias russes (RT et Spoutnik) ainsi que tous ceux qui partagent un point de vue qui « reflètent » celui de la Russie. On peut voir qu’il surveillait surtout Philippot et Asselineau.
Mais c’est pas fini ! D’après eux, les messages qui critiquaient la politique sanitaire – et le pass sanitaire – du gouvernement Macron ont été poussé par la Russie, sous prétexte que RT France était justement l’un des rares médias à leur laisser la parole !
Et il y a pire ! Figurez-vous qu’en 2022, l’Alliance for Securing Democracy a fait partie d’un étrange « Groupe de veille numérique à l’intégrité électorale ». Ce groupe était présidé par l’ISD – « réponse multisectorielle à la haine, à l’extrémisme et à la désinformation en France, en s’appuyant sur une recherche numérique de pointe » (autre organe CIA-otanesque) et l’Institut Montaigne, vous savez les amis de Mr Macron.
Et là c’est le meilleur, parce qu’en filigrane, il s’agissait d’identifier les « extrêmes » et tous ceux qui partagent de la « désinformation » (qui critiquent Macron, ne font pas confiance au sondage, et j’en passe…) pour les signaler à l’ARCOM et pratiquer une « régulation ».
Ils identifiaient aussi des « communautés anti-système » (tous ceux qui n’aiment pas Macron, concrètement), bref, je vous passe les détails car tout ce rapport est ultra-scandaleux, il y a un million de choses à dire dessus, mais j’y reviendrais.
En résumé : l’idée est de pousser les plateformes à appliquer les lois de censure déjà en place (DSA – Digital Service Act, Loi contre la désinformation en période électorale, loi contre la haine en ligne, loi contre les dérives sectaires, ect…) car ces messages représentent une « menace ».
Ce « groupe de veille » va même jusqu’à proposer à ce qu’on ouvre davantage d’accès aux messageries privés car la censure actuelle n’est pas assez efficace. Une initiative qui pourrait se mettre en place grâce au DSA. On en est là !
Donc à chaque fois que vous voyez les « manœuvres de déstabilisation russe », cette stratégie n’a qu’un seul but : pousser de plus en plus vers la censure sur les réseaux sociaux sous prétexte qu’il faut prendre des mesures contre la menace russe…
Amélie Ismaïli
L’État français profond (flanqué de plus de 3 000 milliards de dette malgré plus de 43 % de prélèvements obligatoires sur la richesse nationale), dépense donc encore des dizaines (des centaines ?) de millions d’euros en subventionnant des organismes opaques aux mains des Américains pour surveiller son propre peuple et censurer ceux qui refusent et dénoncent la marche vers la tyrannie européiste, le métissage généralisé, les lubies climato-dingos et la guerre sur le continent…
Voir aussi :
Gouvernement Macron : censurer, faire taire et réprimer les propos publics comme privés
VIGINUM : vaste opération de censure sur Telegram en France
Russie-Ukraine : comment les néoconservateurs font la loi dans les médiats français
Viginum : le plan de l’État français pour le flicage de la dissidence