Les piratages de cartes bleues explosent, les frais bancaires aussi…
L’utilisation frauduleuse de coordonnées bancaires a explosé en 2015. Plus d’un million de Français ont subi un piratage de leurs comptes bancaires. Un million de Français ont été victimes en 2015 de débits frauduleux sur leurs comptes bancaires pour un montant de 416 millions d’euros. C’est le casse du siècle. Une fraude massive et généralisée selon un rapport de l’Insee et de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP).
Le mode opératoire des pirates : l’envoi de courriels frauduleux d’apparence officielle invitant la victime à renseigner ses coordonnées bancaires. Des données enregistrées par le fraudeur qui, soit les utilise, soit les revend sur le marché noir du web. Quelque temps plus tard, de petits prélèvements sont opérés sur les comptes des victimes, souvent en provenance de l’étranger. Les montants fraudés sur chaque compte sont modestes, inférieurs dans la moitié des cas à 300 €, mais ils sont répétés. Un tiers de victimes ont subi plusieurs débits frauduleux.
Cette fraude s’industrialise. Et les Français sont de plus en plus nombreux à en souffrir. « Depuis 2010, le nombre de victimes de ce type d’infraction a doublé », explique Christophe Soullez, le chef de l’ONDRP. « Les deux tiers de nos affaires portent sur les paiements à distance », confirme François-Xavier Masson, de l’Office de la police judiciaire spécialisé dans la cybercriminalité.
Néanmoins la loi impose aux établissements de rembourser immédiatement leurs clients en cas de fraude constatée. En effet lorsque le caractère frauduleux du « débit » est établi, la loi prévoit que le client victime ne doit supporter aucune conséquence financière. La banque doit recréditer le compte du montant de la somme détournée et elle n’est pas autorisée à facturer des frais. Et ce dispositif particulièrement favorable aux consommateurs a évidemment un coût colossal pour les banques.
On apprenait en même temps qu’à compter du 1er janvier prochain les tarifs bancaires vont fortement augmenter. Frais de tenue de compte, retraits dans une autre banque, paiements par carte bancaire, de nombreuses opérations vont se voir appliquer une augmentation ou devenir payante. Avec une conséquence directe sur le portefeuille des clients.
La décision d’augmenter significativement les frais de tenue de compte, quasi inexistants il y a encore deux ans, a été prise par beaucoup d’établissements. Autre mauvaise nouvelle pour beaucoup de clients : les frais imposés lors des retraits dits « déplacés », c’est-à-dire à un guichet ou un distributeur d’une autre banque, vont majoritairement augmenter. Enfin, certains établissements devraient choisir d’augmenter les frais appliqués sur cartes bancaires à débit immédiat, de 3,35% en moyenne. Traditionnellement moins chères que celles à débit différé, celles-ci auront donc tendance à combler cet écart. Une manière peut-être, d’inciter leurs clients à choisir la seconde solution, plus propice aux découverts… et donc plus rentable pour les banques.
Comme on le voit, les banquiers ne sont jamais perdants, ils reprennent toujours d’un côté ce qu’ils ont lâché de l’autre…