La sortie quasi simultanée du livre de Frédéric Martel sur l’homosexualité au Vatican (intitulé élégamment Sodoma) et du film de François Ozon, Grâce à Dieu, sur l’affaire Preynat, prêtre pédophile du diocèse de Lyon, est un choix malheureux. Le grand public ne risque-t-il pas de retenir du livre que tous les prêtres sont homosexuels et du film que tous les prêtres sont pédophiles ? Certes, il est très utile pour l’Etat profond de jeter le discrédit sur la religion catholique, mais le redouté amalgame entre homosexualité et pédophilie n’est pas bien loin.
Pour Martel en effet, le sacerdoce est un aimant à homosexuels. Les jeunes hommes verraient dans la carrière ecclésiastique la planque idéale pour éviter de sortir du placard. Cette supposition gratuite tient d’abord et avant tout à un présupposé, celui que la chasteté parfaite est impossible pour les prêtres. Ils sont soit des frustrés, soit des homosexuels, soit les deux à la fois. Pour Martel, qui n’a aucune idée de la vie de la grâce, il est rigoureusement impossible d’être vertueux et épanoui.
Ainsi, un clerc qui défendrait une vision traditionnelle du mariage et surtout — horreur — soutiendrait que les relations homosexuelles sont un péché, est nécessairement, pour Martel, un homosexuel refoulé ou un hypocrite, qui participerait à des « chemsex parties » la nuit et fustigerait les invertis le jour… pour se refaire une virginité. L’idée phare de l’enquête de Martel, qui a duré quatre ans, mobilisé 80 collaborateurs dans 30 pays, et qui sort en huit langues le même jour — c’est dire si l’on a donné à l’auteur les moyens de ses fins —, c’est de prétendre que 80 % du clergé est homosexuel, est terrorisé à l’idée que cela se sache, et que l’omerta au sujet de la pédophilie est due à la crainte de se voir dénoncé publiquement comme homosexuel.
Quant aux rares hétérosexuels qui auraient été ordonnés, sans doute par hasard, ils seraient eux aussi de dangereux prédateurs, les pauvres nonnes travaillant dans leur entourage étant sollicitées sans cesse. Pour Martel, il existe plusieurs types de prélats homosexuels, des plus libérés aux simples “homophiles”, les refoulés étant les pires ennemis de la communauté arc-en-ciel puisqu’ils seraient ceux justement qui, ne vivant pas une sexualité épanouie, se prononcent le plus durement contre l’homosexualité. D’après Martel, il faut donc considérer tous les prélats conservateurs comme des homosexuels coincés bons à psychanalyser. Entendons-nous bien : Martel est très heureux que les homosexuels soient si bien représentés au Vatican. Son seul regret, c’est qu’ils ne puissent se libérer totalement d’un certain carcan idéologique. Il espère donc, avec ce livre choc, réveiller les consciences, pour qu’enfin, l’Eglise catholique (en réalité l’église conciliaire) s’adapte vraiment à la modernité.
Inutile de nier que le Vatican est peuplé de dépravés qui semblent ne croire ni à Dieu ni à diable. On se souvient de cette orgie gay au Vatican interrompue par la police en juillet 2017. Mais supposer, comme le fait Martel, que parce qu’un prélat condamne l’homosexualité, il est un refoulé, c’est nier à l’Eglise enseignante sa liberté à prêcher la doctrine de toujours. Certes, le regard torve d’un Benoît XVI trônant au milieu d’hommes torses nus membres du Gay Circus a de quoi émoustiller un Frédéric Martel. Ce genre de scène donne la nausée à un catholique, mais comme elle sent le soufre, il est bien compréhensible qu’un homosexuel revendiqué comme Martel en fasse ses délices. Pensez donc ! Un occupant du siège de Pierre frétillant de plaisir devant des hommes à moitié nus. Cependant, pour Martel, tout le monde est homosexuel. Il dresse une liste de papes prétendument homosexuels depuis le Moyen-Âge, où l’on retrouve notamment… Pie XII. Toujours accusé d’être nazi, désormais soupçonné d’être un homosexuel refoulé, Pie XII n’a décidément pas de chance. L’objectif de Martel est de toute façon de salir l’Eglise et la papauté. Seul François trouve grâce à ses yeux. Martel déborde de sympathie pour Bergoglio, l’homme en blanc du « qui suis-je pour juger les gays ? », qui envoie les athées au ciel, les divorcés remariés à la communion, visite les prêtres défroqués et mariés, donne la main aux clercs sodomites et affirme, face à un jeune homosexuel : « Dieu vous a fait ainsi et vous aime ainsi. »
LES INTENTIONS PERVERSES DE MARTEL ET D’OZON
L’omerta mise en exergue par Martel, c’est ce qu’Ozon dénonce également dans son film, qui n’est pas tant un discours sur la pédophilie, qu’un exposé linéaire et ennuyeux par endroits, des étapes de la création de l’association « La Parole Libérée », association de victimes du Père Preynat. Rappelons d’abord qu’Ozon était aussi le réalisateur en 2002 du film 8 Femmes, film dont le kitsch contraste violemment avec le scénario machiavélique ; le réalisateur s’y régalait de plusieurs scènes d’“amour” lesbien. En 2013, son film Jeune et jolie présentait une jeune fille de 17 ans devenant prostituée de luxe. En 2018, L’Amant double, qui met en scène la même actrice, est fait, selon le magazine Première « d’érotisme chic et de visions glaçantes ». Et ce ne sont là que des exemples dans une filmographie où l’érotisme, souvent homosexuel, est roi. Voilà le réalisateur qui a choisi de parler de l’affaire Preynat, ce prêtre accusé de plusieurs dizaines d’agressions sexuelles et de viols. S’il fallait s’attendre au pire, Ozon a choisi habilement de ne rien montrer. Le Père Preynat de toute façon n’est presque pas le sujet du film. Il aurait presque l’air d’être une victime, lui aussi, avec ses protestations : « j’ai prévenu ma hiérarchie que j’avais un problème avec les gosses ». Il n’a jamais rien nié, mais n’a jamais été sanctionné. Aussi le véritable ennemi à abattre est-il l’institution elle-même. Barbarin, censé la représenter, est dépeint comme un homme mielleux, faux, double, qui essaie d’endormir les victimes. L’Eglise catholique (ou ce qui en tient lieu) et sa foi, voilà les cibles d’Ozon, qui ouvre le film avec une famille catholique bourgeoise, et le clôt sur un dîner durant lequel le seul personnage catholique annonce que sa fille ne recevra pas les sacrements, tandis que l’athée militant du groupe se réjouit d’avoir apostasié publiquement en faisant inscrire sur les registres qu’il reniait la foi de son baptême. Les dernières paroles du film sont prononcées par un adolescent qui interroge son père : « tu crois toujours en Dieu ? » Silence. Au silence, à l’omerta de l’institution, succède le silence du croyant, reflet sans aucun doute de ce Dieu qui n’existe pas, de ce Jésus qui a dit « laissez venir à moi les petits enfants. » C’est à Preynat qu’Ozon fait répéter ces paroles du Christ, pour les laisser résonner de façon menaçante et pour souiller ce qu’il y a de plus pur, de plus saint et de plus innocent.
UN VÉRITABLE CLOAQUE
François Ozon, qui comme Martel est homosexuel, a des raisons d’avoir une dent contre Barbarin, qui s’était engagé avec la Manif pour tous contre la loi Taubira. En 2014, on l’entendait également déclarer lors d’une « marche pour la vie », que 200 000 petites vies supprimées chaque année par l’avortement, « c’est la plus grande souffrance de notre pays ». La condamnation est pain bénit pour les journalistes forcément objectifs comme Laurent Ruquier qui s’exprimait ainsi samedi 9 mars au sujet des catholiques désireux de défendre le mariage : « C’est bizarre que deux hommes ou deux femmes ensemble, ça les dérange, mais un homme et un enfant ensemble, ça… pas de manif. »
L’affiche du film est particulièrement violente. Un petit garçon, de dos, contemple un magistral vitrail. Le titre du film s’affiche sur ses épaules. Grâce à Dieu. Grâce à Dieu, ce petit garçon a pu être abusé en tout impunité ? Est-ce l’idée qui a présidé au choix de ce titre, l’idée qu’à cause de Dieu, à cause de cette religion qui impose le célibat à ses prêtres, d’innombrables victimes ont subi viols et attouchements ? L’insinuation est insupportable pour qui sait que l’Evangile condamne sans appel ceux qui « scandalisent un de ces petits ». Halte-là, me direz-vous, Ozon n’a pas voulu que son film fût une charge contre l’Eglise. En réalité, on doit ce titre au repoussant Barbarin, qui a osé dire, lors d’une conférence de presse, « la majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits ». Dans cette conférence où il était pourtant sur la défensive, la phrase plus que malheureuse a échappé à Barbarin. Heureusement, les faits abominables sont prescrits. Heureusement il n’y aura ni procès ni justice pour ces enfants dont l’innocence a été ravie de la façon la plus répugnante. Voilà les pensées secrètes de Barbarin qui ont transpiré à cet instant. Certes. Nulle charge contre l’Eglise. Mais dans la bande-annonce du film, lorsque Barbarin, coupable de s’être tu, coupable d’avoir voulu étouffer l’affaire, est présenté, avec sa mitre, au sommet de sa cathédrale, dominant tout Lyon, en brandissant un ostensoir, et que le titre s’étale alors à l’écran, que signifie ce « grâce à Dieu » ? Dieu n’est-Il pas là, dans les mains du cardinal, n’est-Il pas considéré comme coupable, aussi ?
Ignorance crasse du réalisateur ou ironie, l’ostensoir du cardinal, cependant, est vide. Non, ce n’est pas grâce à Dieu que les postes clés de l’Eglise sont occupés par des pervers qui se cooptent et se protègent, qui ne dénoncent pas les crimes de peur de voir leurs turpitudes révélées au grand jour. Non, ce n’est pas grâce à Dieu que ces loups déguisés en cols romains et mitres plongent dans le stupre et la fornication jusqu’à ce que, n’en ayant jamais assez, ils trempent dans les crimes sexuels à l’encontre des plus faibles et des plus humbles.
Le 7 mars, le cardinal Barbarin a été condamné à six mois de prison avec sursis et a annoncé qu’il remettrait sa démission à Bergoglio. Une démission qui a finalement été refusée par François. C’est décidément l’hécatombe dans les rangs des cardinaux conciliaires. En février, le cardinal Theodore McCarrick a été défroqué à cause de faits avérés d’abus sexuels. Presque au même moment, le cardinal Pell, numéro trois au Vatican, a été jugé en Australie pour des faits similaires et condamné à six ans ferme. Il est en prison. Le titre du film d’Ozon est délibérément choquant ; puisse-t-il susciter un tel rejet, qu’enfin, les baptisés catholiques se réveillent et se rendent compte que c’est grâce à Barbarin, à Bergoglio, à Ratzinger, à toute cette épouvantable et pestilentielle “hiérarchie” moderniste, à ces assassins de la foi et des âmes que le vice a cessé d’être condamné, que les canaux de la grâce ont été volontairement obstrués par l’adultération des sacrements et la perte de la foi et que l’Evangile et la doctrine catholique sont de plus en plus méprisés. On ne le dira jamais assez, les déviations doctrinales entraînent toujours de graves déviances morales, l’erreur et le vice se nourrissant l’un l’autre.
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Jérôme BOURBON
Concernant la gravissime invalidité des nouveaux sacres et ordinations en vigueur depuis le 18 juin 1968 (date fatidique de l’homme de Moncornet) par la bulle de « Paul 6 » intitulée « Pontificalis romani », consulter, pour ceux qui s’y intéressent, toute la documentation théologique remarquable à:
http://www.rore-sanctifica.org/index1.html