Entretien donné par Yvan Benedetti, porte-parole du Parti Nationaliste Français et directeur de Jeune Nation à Rivarol n°3359 du 9 janvier 2019.
RIVAROL : Vous qui vous définissez comme « président envers et contre tout de l’OEuvre française » malgré la dissolution par Manuel Valls de cette formation en juillet 2013, et qui êtes dans la vie politique active depuis plus de trente ans, quel est votre point de vue sur les causes profondes et lointaines, mais aussi plus immédiates, du mouvement des Gilets jaunes, un mouvement qui semble ne pas faiblir malgré la récente trêve des confiseurs ?
Yvan BENEDETTI : La révolte des Gilets jaunes est le résultat d’une colère latente qui s’est accumulée toutes ces dernières années. L’origine de la fracture est à rechercher en 2007-2008 quand Sarkozy fait adopter par le parlement de godillots le Traité de Lisbonne que les Français avaient rejeté deux ans auparavant lors du référendum sur la Constitution européenne. Durant toutes ces années, le vase de la colère s’est rempli goutte après goutte : crise financière, émeute des banlieues, Marseillaise sifflée dans les stades, scandales à répétition d’une classe politique corrompue… Les dernières gouttes, comme l’instauration des onze vaccins, du compteur linky obligatoire, l’affaire Benalla, le 80 km/h et bien sûr la forte augmentation des taxes sur les carburants, ont fait déborder le vase ! Au-delà de la jacquerie, c’est la révolte du peuple moqué, méprisé et délaissé par les institutions et qui a été asphyxié, dépouillé de son histoire. Ses souffrances, nos souffrances, sont la conséquence d’une politique mondialiste de destructions des nations par l’appauvrissement généralisé, l’asservissement des masses et l’invasion migratoire qui provoque un génocide ethnique des Européens. Quarante ans de politique européiste ont dépouillé la maison France de ses portes et fenêtres et ont laissé notre pays ouvert sans défense face à la rapine des prédateurs financiers et à la violence des barbares venus d’ailleurs. L’Euro a ruiné notre peuple et enrichi les financiers apatrides. La colère des Gilets jaunes, c’est le raz-de-marée de cette mondialisation malheureuse. Et ce qui a mis le feu aux poudres, c’est cette gouvernance Macron du mépris et de l’arrogance. Que ce soit toutes ces formules à l’emporte-pièce comme la dernière sur les Gaulois réfractaires ou le « venez me chercher » plein de morgue et de suffisance en pleine affaire Benalla ; ou l’avilissement de la fonction présidentielle quand il a livré l’Élysée à une tribu hirsute LGBT au moment de la Fête de la musique et ses accolades libidineuses avec un mâle africain aux Antilles. Il fallait bien aussi que l’incohérence et l’ambiguïté nées de la présidentielle fussent levées : avec un candidat Macron se posant comme nouveau, ni de droite ni de gauche, et antisystème, alors qu’il était l’homme créé financièrement et médiatiquement par le système pour sauver le système. Cette révolte, c’est un peu le troisième tour de la présidentielle ! Lors de l’entretien publié dans vos colonnes cet été (RIV. du 1er août 2018), j’avais conclu sur l’urgence de sonner l’heure de la révolte. J’étais loin de m’imaginer que le Père Noël allait nous apporter la révolte des Gilets Jaunes au pied du sapin de l’arbre France.
R. : Quelles sont, selon vous, les caractéristiques de ce mouvement populaire ?
Y.B. : Ce mouvement n’est ni de droite ni de gauche ; il est au-delà de la droite et de la gauche. Il regroupe essentiellement des Français de souche, provinciaux et issus de villes moyennes. C’est le réveil de la vraie France, du pays réel. Son implantation se superpose peu ou prou au vote lepéniste rural et périurbain et il en est la conséquence, le salut ne passant plus par la voie électorale de la désillusion. Mais ce n’est pas que ça ! Il y a tous ceux qui n’étaient plus inscrits sur les listes ou avaient renoncé à voter. S’y rajoutent les retraités qui avaient plutôt voté Macron et qui ont été les premières victimes de sa politique financière avec la hausse de la CSG et le gel des retraites. Les retraités aujourd’hui sont des personnes encore relativement jeunes qui peuvent s’engager et qui s’engagent. A noter aussi le nombre important de femmes sur les ronds-points et dans ce mouvement. Dans notre société éclatée, la femme n’est plus protégée par la famille patriarcale, cette institution aujourd’hui totalement démembrée. Les femmes se retrouvent en première ligne de la fracture sociale, morale, économique et financière. Beaucoup d’entre-elles élèvent seules leurs enfants. C’est de cette rupture que le féminisme fait son miel ! Il ne faut pas s’étonner de les trouver en grand nombre chez les Gilets jaunes qui sont le premier mouvement né d’une mobilisation des réseaux sociaux, sur lesquels les femmes sont très présentes. C’est un mouvement social et populaire cimenté par la colère de Français qui ne souffrent plus les interdictions en tout genre imposées par un gouvernement sous influence de toutes les coteries parisiennes LGBT, écologistes ou immigrationnistes ! Deux exemples révélateurs : Alors que l’Acte I des Gilets jaunes avaient mobilisé des foules importantes sur tout le territoire et sur les Champs-Elysées en plein Paris, Macron n’avait pas trouvé mieux que de recevoir dans la semaine qui suivi, le 22 novembre, non pas une délégation des manifestants mais plutôt les associations LGBT ; et alors que Paris avait été ravagé par les casseurs et les pilleurs lors de l’Acte II, le maire Anne Hidalgo était à Tel Aviv pour inaugurer une statue du traître Dreyfus ! Pas étonnant donc que la colère des Gilets jaunes n’ait fait que croître jusqu’à exiger la démission de Macron et qu’une grande partie des radars ont été détruits ou neutralisés sur tout le territoire. Autre caractéristique du mouvement, c’est sa nature patriotique. Regardez le nombre de drapeaux aux couleurs nationales dans les manifestations et sur les ronds-points : drapeaux certainement achetés lors de la dernière coupe du monde pour célébrer la victoire de l’équipe de France transgénique. C’est cet aspect droitier qui a désarçonné les agitateurs professionnels de la gauche radicale et des syndicats et provoqué le retard à l’allumage des mélenchonistes. Même si ceux-ci se sont un peu rattrapés depuis, avec comme revendication première, le rétablissement de l’ISF et la mobilisation des syndicats après cinq semaines de lutte, c’est la demande de la création du RIC — Référendum d’Initiative Citoyenne — qui a fait l’unanimité dans le mouvement. Cette exigence figure dans le programme du Front National depuis toujours Et le sénateur puis député Mélenchon feint de ne pas comprendre qu’il fait partie de ce système des profiteurs honni des Gilets jaunes ! Il y a d’ailleurs un élément qui ne trompe pas : quand la gauche subversive se réunit dans la rue, le rendez-vous est organisé place de la Bastille comme lors du carnaval « Nuit Debout ». Là le peuple s’est spontanément retrouvé sur les Champs-Elysées et ne manque pas d’y converger à chaque acte mobilisateur ! Les Gilets jaunes, c’est l’exact négatif de Nuit Debout ! Cela ressemble plutôt à des obsèques de Johnny Halliday qui auraient dégénéré, si vous me permettez l’expression. C’est très populaire !
Enfin, le plus surprenant dans ce mouvement, c’est le côté viril de cette insurrection avec l’acceptation et la pratique de la violence. Violence qui est légitimée par l’ensemble de la population puisque même après la journée insurrectionnelle du 1er décembre, le mouvement était encore soutenu par une immense majorité des Français. C’est la preuve aussi de la violence latente de notre société que l’on peut observer dans les faits divers, le cinéma ou les jeux vidéo !
R. : Croyez-vous à la possibilité non seulement de renversement de ce régime mais surtout à l’avènement d’une authentique et véritable révolution nationale ?
Y.B. : Ce que personne n’a relevé dans cette crise, c’est qu’elle marque l’échec et la faillite du modèle de société marchand : le système matérialiste occidental que l’on nous a imposé après la Seconde Guerre mondiale n’a proposé et imposé l’accession au bonheur que par l’accumulation de biens matériels ! Nous nous retrouvons aujourd’hui dans une spirale infernale consumériste : il faut acquérir pour soi-même ou pour ses enfants le téléphone portable dernier cri, les téléviseurs à écrans plats que l’on retrouve dans chacune des pièces de la maison, les chaussures dans le vent. A la rentrée scolaire, les enfants doivent avoir le cartable, la trousse ou les cahiers estampillés de la marque du dernier dessin animé à la mode ; il y a aussi les vacances obligatoires du mois d’août ! Les gens en colère ne sont pas privés de nourriture. Ils sont emportés par un système qui s’est emballé et qui va beaucoup trop vite. Ils n’arrivent plus à suivre le rythme de vie de la carte bancaire à crédit. On leur répète en boucle, tous les jours, notamment à la télévision : consommez les marques et accumulez les richesses, endettez-vous et vous vivrez heureux ! Nous sommes immergés dans une société du chiffre d’affaires, du travail dominical et de la croissance obligatoire. Les Gilets jaunes, ce n’est pas une révolte du pain ou du riz mais plutôt l’expression d’une colère de ceux qui voudraient vivre honnêtement du fruit de leur travail ou de leur retraite. De ceux qui n’arrivent plus à faire face financièrement aux fins de mois et aux échéances des prêts bancaires souscrits pour accéder à la propriété ou suivre ce rythme effréné de la consommation. On avait l’habitude de dire que la patrie est la seule richesse qu’il reste à ceux qui n’ont plus rien. Or que reste-t-il de la France ? Elle agonise sous les coups des funestes principes républicains de prétendues « liberté, égalité et fraternité » ; Notre nation rend l’âme, desséchée par la laïcité ; elle étouffe sous la pression démographique de la dénatalité, de l’avortement et de l’invasion migratoire. Des richesses, il n’y en a plus ! Ou plutôt elles sont regroupées dans un petit nombre de mains chez des prédateurs financiers et des actionnaires voraces. La patrie est réduite aux acquêts ! Reste un conglomérat de communautés, de tribus et d’individus déracinés sans cadres ni repères ! Restent le vide et le néant ! Et dans cette crise, les Hommes d’Eglise et de foi ont une mission importante à remplir : rappeler à tout un chacun qu’un homme n’est pas qu’un ventre, et ne se réduira jamais à un portefeuille ou à un caddy de supermarché à remplir. Une âme ne peut dépérir ! Et, pour retrouver la conscience de celle-ci, il appartient à chacun de renouer le lien de son identité et de son destin. Si le politique est là pour ramener l’identité nationale, le lien social, le religieux est là pour rappeler chacun à son devoir de mortel et à sa transcendance d’immortel, aux valeurs éternelles du catholicisme qui ont tant modelé, au cours des siècles, la nature des Français. Une Révolution, c’est la fin d’une croyance et son remplacement par une nouvelle plus forte. Nous apercevons dans la nuit du matérialisme la petite flamme de l’espérance nationaliste. En cela nous sommes entrés dans une période révolutionnaire, oui, j’en suis certain !
R. : Comment voyez-vous la suite des événements ?
Y.B. : La révolte des Gilets jaunes reste une révolte, même si elle a ébranlé et effrayé Macron et sa clique. Elle est comme les sables mouvants, ce qui constitue tout à la fois sa force et sa faiblesse. Sa force car le système répressif en place n’a pas de prises et n’arrive pas à la maîtriser. Mais sa faiblesse aussi car il est difficile de construire dessus. Les Gilets jaunes affirment, comme principe fondateur, le refus du politique et le mouvement n’a pas de but précis. Il y a confusion dans les esprits entre magouille politicienne et gestion des affaires de l’Etat et du bien public. Cela est la conséquence directe de la dépolitisation des esprits. Quand on occupe des ronds-points et qu’on a des revendications sociales, on fait de la politique. Quand on réclame l’instauration d’un Référendum d’Initiative Citoyenne, le fameux R.IC., on fait aussi et encore de la politique. La revendication du R.I.C. est le résultat de la volonté bien légitime de redevenir maître de notre destin dont nous avons été dépossédés par la caste mondialiste. Mais depuis le traité de Maastricht, le Droit européen prime sur le Droit national. Avant donc de faire fonctionner et de définir le cadre et le champ d’application de ce référendum, ce qui n’est pas une mince affaire, il faut rompre radicalement et définitivement avec Bruxelles. Reste que le vase de la colère a débordé et qu’aucun retour en arrière n’est possible. Le fossé qui sépare le peuple et ses élites frelatées ne peut être comblé. Tout retour en arrière est impossible. Il faut maintenir la pression dans la rue pour que cette révolte puisse passer au stade de révolution salvatrice. Cela devient du domaine du possible ! Mais le chemin est encore long. Nous devons, nous nationalistes, soutenir une solution cohérente qui ne peut être que politique et en rupture totale avec le Système : ce qu’il faut exiger, ce que nous voulons, c’est la démission de Macron et l’instauration d’un gouvernement de salut public qui doit porter un changement radical pour que les Français redeviennent maîtres de leurs lois. En toutes choses, nous devons redevenir maîtres chez nous, financièrement, économiquement, politiquement et démographiquement ! Cela est la seule voie possible. Mais la situation ne pourra évoluer que si nous arrivons à dépasser le stade de la confrontation physique avec les forces de l’ordre. Le face-à-face entre le peuple en colère et la police et la gendarmerie est voulu et organisé par le pouvoir. Dès les premières manifestations, nous avons été confrontés aux provocations, aux violences policières et à la manipulation des casseurs : le pouvoir a besoin de guerre civile pour se maintenir. Or il y a une exaspération croissante chez un grand nombre de policiers et surtout de gendarmes. Les conditions de travail qui se dégradent, le mépris croissant de la population, les humiliations répétées lors des interventions dans les quartiers de non-droit, l’affaire Benalla et la nomination de Castaner qui a commencé sa carrière en copinant avec un mafieux marseillais exécuté lors d’un règlement de compte, tout cela fait des dégâts et a ébranlé les certitudes de beaucoup d’entre eux ! Au sein de cette corporation, le nombre de suicides a battu des records en 2018 dont certains sont emblématiques : comme celui du gendarme Bleuzet qui s’est suicidé sous le nez d’Edouard Philippe dans les jardins de Matignon ou de Naggy Biskupski, membre de la Bac et surtout présidente de l’association des policiers en colère qui était sous le coup d’une procédure de l’IGPN ! Il faut une situation exceptionnelle avec l’impossibilité d’un retour en arrière pour qu’une majorité d’entre eux basculent. Cette situation peut arriver très vite. Plus les manifestations perdurent, plus les bavures augmentent, jusqu’à ce que l’on atteigne un point de non-retour. Mais il faut avant tout que les forces de l’ordre fassent le ménage chez elles et qu’elles se débarrassent de toute cette racaille de plus en plus nombreuse qui commet des actes inqualifiables de vols et de violences gratuites. Elle souille ces belles institutions. Il faut donc appuyer les mobilisations populaires, encourager les grandes manifestations, désigner les véritables responsables de nos malheurs et de la misère… Etre et durer, comme toujours, jusqu’à ce que ça craque… !
R. : Que vous inspire la signature le 10 décembre par la France et de nombreux autres pays du pacte sur les migrations de l’ONU à Marrakech ? Comment résister à cela ?
Y.B. : Le pacte sur les migrations ou encore pacte de Marrakech a été adopté le lundi 10 décembre 2018 en présence de 159 pays, et signé au nom de la France par le secrétaire d’Etat, mandaté par le président Macron. Le fait que, chez nous et contrairement à d’autres pays, il a été adopté en catimini, est la preuve qu’il y a anguille sous roche ! Le but de ce pacte est de renforcer la coopération entre les pays afin, selon le libellé même du texte, que « la migration soit plus sûre, régulière et bien évidemment ordonnée ». Dire que ce pacte serait non contraignant est donc un mensonge éhonté, puisque ses dispositions seront nécessairement invoquées d’une part par les associations organisant la venue des migrants, dans leurs relations avec les autorités nationales des pays signataires, pour protéger leurs activités d’aide à la submersion, puis par les migrants eux-mêmes, devant les juridictions françaises ou supranationales, lorsqu’ils feront l’objet de tentatives d’éloignement de la part de ces mêmes autorités. De nombreux pays ont refusé d’y prendre part. Au total, 15 pays se sont prononcés contre, ou sont restés incertains, sur l’adoption du texte. En Belgique, la coalition gouvernementale a explosé suite à l’annonce du Premier ministre qui a affirmé qu’il se rendrait à Marrakech pour signer le pacte. Au Canada et particulièrement à Ottawa, des manifestations ont opposé pro-migrants et opposants à la submersion migratoire. En France aussi, nous pouvons assister à un réveil des consciences, que tente de combattre le pouvoir, par la diabolisation systématique des opposants, qualifiés de complotistes ou d’extrémistes. Ce Pacte de Marrakech n’est ni plus ni moins qu’un accord qui, même qualifié de “non-contraignant” et visant officiellement à réguler l’immigration, veut surtout mieux l’organiser. S’il confirme, de manière purement formelle, le « droit souverain des Etats de définir leurs politiques migratoires nationales et leur droit de gérer les migrations relevant de leur compétence », il précise également que cela ne pourra se faire que « dans le respect du droit international » dont il fixe lui-même le cadre ! De plus, le texte définit 26 objectifs pour les pays l’ayant ratifié, qui recouvrent plusieurs domaines comme le développement durable, les droits de l’Homme ou encore la souveraineté nationale et la coopération internationale. Il veut par exemple limiter la rétention administrative, affirmant qu’elle doit être utilisée en « dernier ressort » ou encore associer les Etats aux corps intermédiaires comme les syndicats afin d’avoir une meilleure vision du marché du travail. Enfin, autre mesure, le délai de traitement des obtentions de visa devrait être raccourci. Un tel texte a en effet pour objectif principal d’empêcher tout revirement politique sérieux, en matière de politique migratoire, que privilégierait le gouvernement de l’un des pays signataires. Encore une fois, l’immigration apparaît comme un choix politique, issu des réflexions d’une élite cosmopolite qui entend ainsi peser à la baisse sur les salaires français et imposer des normes universelles en matière de consommation, destinées à faire baisser les coûts de production. C’est une forme de délocalisation intérieure. Cette nouvelle trahison du gouvernement de leur république nous montre encore une fois que rien ne sera possible sans la destruction préalable des structures de cet Etat profond, en place depuis l’immédiat après-guerre. L’immigration est un crime tout à la fois humanitaire, sanitaire, financier, économique et bien évidemment identitaire. L’urgence est donc de rétablir les portes et les fenêtres de la maison France et de rendre la France aux Français, Français historiques s’entend !
R. : Pourquoi avoir lancé l’idée d’un large rassemblement des nationalistes avec la constitution d’une liste aux européennes du 26 mai 2019 ? Ne craignez-vous pas le phénomène du « vote utile » en faveur du Rassemblement national à ces européennes ? N’est-ce pas Marine Le Pen, pourtant dépassée par ce mouvement et qui ne l’a pas vu venir, qui risque de tirer les marrons du feu sans le mériter nullement ?
Y.B. : S’il y a bien une élection où le vote utile ne fonctionne pas, c’est celle des députés européens ! Tout simplement parce qu’elle n’a aucune incidence directe sur le paysage politique français à part décerner le statut artificiel et superficiel de qui pourra se prévaloir du titre de premier parti en France. Le centre de gravité du pouvoir à Bruxelles n’est pas au Parlement mais à la Commission européenne qui n’est pas soumise aux votes. En résumé, encore plus qu’une autre, cette élection ne sert à rien ! Ce qui favorise l’abstention et la volatilité des suffrages. Depuis toujours, l’élection européenne est une élection défouloir. Voilà pourquoi nous proposons une liste qui fera du 26 mai, date officielle de l’élection chez nous, un jour de colère contre Jupiter, et au-delà de Macron s’il est toujours en place, contre les élites mondialisées et cosmopolites qui monopolisent le pouvoir et l’ont détourné à leur profit ! Marine Le Pen ne sera pas en tête de la liste que présentera le Rassemblement National. Le nouveau nom de son parti l’éloigne de l’électorat traditionnel qui a toujours été celui du Front National. La révolte des Gilets jaunes lui échappera, même si, artificiellement et dans un premier temps, elle en profite : elle a même commis une lettre ouverte dans laquelle elle se présente comme la meilleure garante des institutions actuelles, qu’elle persiste à défendre. Elle n’a pas vu venir la colère du peuple, de ceux qui travaillent sans pouvoir bénéficier des fruits de leur labeur et, au surplus, toute son action politique tend, depuis le funeste congrès de janvier 2011, sur le fond musical maintenant bien connu de la dédiabolisation, à faire accepter son nouveau parti par les élites du système en place, en en reprenant les codes et les interdits. Or, le mouvement des Gilets jaunes est, avant toute chose, dirigé contre ce système, que les Français haïssent chaque jour un peu plus. Les Gilets jaunes, c’est l’inverse de la dédiabolisation, c’est même la diabolisation absolue ! Toutes les propositions qui ont été faites par les élites gouvernementales n’ont eu aucun effet, parce qu’elles émanent d’un pouvoir qui a perdu toute crédibilité. Il y a donc toute la place pour un mouvement de rupture réellement issu de cette révolte, ce que ne sera jamais le Rassemblement national. S’il est encore, pour beaucoup, le seul parti d’opposition à ce régime, c’est par défaut. Mélenchon, lui, n’a pas, ou alors très peu, profité de cette révolte parce que le populo sent bien qu’il en croque. Elle bénéficie de cet avantage qui lui permet de capter 24 % des intentions de vote selon les derniers sondages, ce qui est, tout à la fois, beaucoup électoralement mais peu compte tenu d’une actualité porteuse. Elle sera jugée par l’électorat sur les solutions qu’elle propose. Or, ce sont les solutions du système, parce qu’elle ne veut surtout pas l’abattre mais bien plutôt se faire adouber par lui. Marine Le Pen et son Rassemblement National aujourd’hui ne servent plus à rien politiquement. Et pire que cela : ils sont la roue de secours du Système aujourd’hui menacé ! Marine Le Pen est affaiblie en interne et surtout le lien qui la reliait au peuple a été rompu lors de la dernière présidentielle et ce débat où elle a montré son abyssale médiocrité et sa totale incompétence.
Une fenêtre de tir s’est ouverte aux nationalistes. Il est temps de faire émerger un pôle révolutionnaire solide qui doit être au centre de la recomposition politique qui suivra la période de décomposition du Système que nous sommes en train de vivre. Pour cela, la case élection est une étape obligatoire. Non pour commencer une carrière électoraliste, mais plutôt pour montrer au peuple qui consomme l’élection comme un produit qu’il existe autre chose que le Front National renié !
R. : La principale difficulté pour constituer une liste est d’ordre financier compte tenu de la cherté de la campagne et surtout du matériel électoral. Comment résoudre ce problème pour des personnes et groupements ne bénéficiant d’aucune manne publique, non plus que d’aucun soutien de banques ou de mécènes ?
Y.B. : C’est le problème majeur auquel nous sommes confrontés. Le règlement électoral oblige les candidats à financer le matériel, bulletins de vote, profession de foi et affiches. Ce qui représente un investissement de plusieurs centaines de milliers d’euros. Après le procès pour atteinte à la sûreté de l’Etat et reconstitution et maintien de ligue dissoute qui m’a été intenté au mois de juillet, j’ai été contacté par un soutien, que l’on pourrait qualifier de sponsor, qui m’a encouragé dans cette démarche. Mais nous sommes encore loin du compte. Je lance donc un appel à tous ! La situation l’exige ! D’autant plus que pour cette élection, le plancher de remboursement n’est pas de 5 % comme habituellement mais de 3 %, ce qui est faisable ! Nous cherchons plus des prêts à rembourser après l’élection que des dons, même si ceux-ci sont déductibles des impôts. Au-delà des problèmes financiers qui sont incontournables mais pas premiers, il convient de lancer une dynamique de rassemblement. Toutes les énergies et les volontés de résistance nationale doivent être regroupées dans un faisceau d’action. L’union fait la force ! Non pas dans un mouvement ou une structure unique qui sclérose la pensée mais dans une convergence de combat. Nous ne sommes pas dans une période où les partis politiques sont la forme la plus efficace de lutte. Au contact de la pourriture du système, ils se transforment rapidement en syndicat d’intérêts. Il est important de créer un réseau efficace qui rapproche toutes les structures de reconquête comme autant de corps intermédiaires de la révolution nationale salvatrice. Je lance donc un appel à tous les mouvements, journaux, éditeurs, sites internet, animateurs de forum, sociétés de pensée et individualités fortes qui font la richesse de notre famille et qui se retrouvent dans cette démarche, pour qu’ils participent à cette action commune. Nous sommes à la croisée des chemins. L’Histoire s’est accélérée. Le vent du Destin souffle très fort dans notre direction. Hissons les voiles !
R. : Que vous inspirent l’expérience, la politique et les décisions des mouvements et chefs populistes au pouvoir en Italie, en Hongrie, en Autriche, aux Etats-Unis ?
Y.B. : C’est la preuve que les nationalismes poussent partout en Europe et dans le monde ; regardez aussi au Brésil avec la victoire de Jair Bolsonaro. Mais cette résurgence des forces identitaires est en train d’être captée et phagocytée par le judaïsme politique. C’est ce qu’on appelle le populisme, qui reste dans le cadre étroit du système mondialiste. Steve Bannon et George Soros, même s’ils s’affrontent, sont les deux faces de cette même pièce ! L’une libérale et conservatrice, l’autre socialiste et cosmopolite ! Ce populisme a la particularité de ne s’attacher qu’aux conséquences du mal sans même effleurer son origine. Le système que nous combattons s’incarne aujourd’hui dans des institutions, la 5e République, qui découle de 1789 et de 1793 et de la création de la 1ère République. Il faut donc curer la tumeur de nos sociétés malades. Notre Espérance est révolutionnaire. Il faut rompre avec les croyances du système. C’est le vieux combat du nationalisme contre le cosmopolitisme. Les nations historiques ne pourront être rétablies que sur l’effondrement de l’Union européenne et l’instauration d’un monde nouveau fondé sur les lois naturelles et la coopération entre des Etats souverains ! Notre devoir en France est de déjouer ce plan qui s’articule autour des candidatures de Marine Le Pen ou de Nicolas Dupont-Aignan qui sont des fausses valeurs et des leurres. D’où le sens aussi d’une candidature des nationalistes aux prochaines élections européennes.
R. : Vous nous dites que nous sommes entrés dans une période révolutionnaire. Alors qu’est-ce qui vous paraît aujourd’hui le plus utile et le plus nécessaire de faire au-delà de l’émergence ce pôle nationaliste que vous encouragez ?
Y.B. : En premier lieu, agir sur nous-mêmes pour sortir du système. C’est le combat premier et il est quotidien. Ensuite construire des familles. Il ne suffit pas de mettre au monde des enfants si on ne bâtit pas un cadre stable et protecteur qui est le foyer de la tradition et le sanctuaire de la transmission de notre héritage au-delà des générations. A partir de là, il convient de tisser un réseau de vie et d’action autour des chapelles, des écoles et des associations cultuelles quelques qu’elles soient. C’est le coeur du combat qui bat et qui ne se pose plus la question de pourquoi il bat. C’est la braise qui luit et qui permettra de rétablir le feu civilisationnel. C’est la forme de résistance la plus efficace. Mais cela ne suffit pas. Il faut s’engager dans un combat volontaire de reconquête ; pas à moitié. Celui que nous devons mener est total, global, mondial. Puisque nous sommes confrontés à des ennemis totalitaires, notre réponse doit être totale, c’est-à-dire tout à la fois temporelle et spirituelle. Nous mourrons autant de la perte du sens du sacré et d’un effondrement de nousmêmes que des coups directs portés par nos ennemis. Ce combat doit être global, celui de la conquête des esprits mais aussi celui de la révolution des âmes. Et il est mondial car notre ennemi ne connaît pas de frontières et la ligne de front traverse la planète. Enfin, et c’est très important, il faut mettre fin aux divisions dans notre camp favorisées par la société du spectacle et les réseaux sociaux qui tirent l’ensemble de notre communauté vers le bas. Jamais dans notre histoire récente la situation générale n’a été aussi favorable. Il faut en être conscient. Tout peut aller très vite ! Il ne tient qu’à nous ! Alors en avant la Victoire, Maîtres chez Nous !
Propos recueillis par Jérôme BOURBON