Au Tchad, la justice a condamné à la peine de mort dix membres du Groupe sunnite pour la prédication et la lutte (Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’Awati Wal-Jihad, dit Boko Haram), lors d’un procès faisant suite à un attentat-suicide à N’Djamena le 15 juin dernier. Trois tueurs, qui visaient le commissariat central et l’école de police, avaient assassiné 35 personnes et blessé 101 autres. Ils bénéficiaient du soutien d’une cellule implantée au cœur de la capitale tchadienne.
Boko Haram tentait ainsi de déstabiliser le Tchad qui mène depuis plusieurs mois une opération dans la région, notamment sur le territoire et, ou, avec des troupes du Nigéria, du Niger et du Cameroun pour éliminer la sédition islamiste. Selon les communiqués officiels, l’offensive de la coalition a permis de faire largement reculer le groupe terroriste, éliminant de nombreux islamistes et conduisant aussi à la libération de nombreux otages.
Contrairement à leurs homologues en France s’interrogeant sur les possibilités d’accueillir au mieux les terroristes, de les soigner et relâchant, entre autres, la plupart des tueurs revenus de Syrie, les autorités tchadiennes ont réagi sans hésitation. De nombreuses opérations policières furent menées dans le pays, notamment à la fin du mois de juin, dans la capitale.
Après l’arrestation du chef d’une cellule terroriste, le 28 juin, une confrontation entre les policiers et les terroristes fit onze morts, dont cinq policiers. Une soixantaine d’islamistes avaient été arrêtés. Un autre attentat, le 12 juillet, également revendiqué par Boko Haram, a fait quinze morts et quatre-vingts blessés dans la capitale tchadienne. Cela a conduit les autorités à accélérer le processus judiciaire, mais également à prendre – et faire appliquer, contrairement à la France – des mesures telles que l’interdiction du port de la ‘burqa’. L’instruction a été rapidement menée et le procès a débuté à la fin du mois d’août.
« Les personnes poursuivies aujourd’hui sont accusées d’association de malfaiteurs, assassinat, destruction volontaire à l’aide de substances explosives, faux et usage de faux, détention illégale d’armes et de munitions de guerre, détention et consommation de substances psychotropes »
a rappelé lors de l’ouverture du procès le procureur général de la cour d’appel de N’Djamena.
Trois jours plus tard, le verdict est tombé.
« Les dix accusés de Boko Haram sont condamnés à mort. Les armes saisies seront mises à la disposition de l’État tchadien, les substances psychotropes seront détruites »,
a précisé la cour.
Le procès a été accéléré et tenu à huis clos à cause des menaces d’attaques.
Parmi les condamnés figurent Bana ‘Mahamat Mustapha’ Fanaye, le Nigérian qui dirigeait l’opération.