Irak : les milices chiites déjouent la stratégie américaine contre l’axe Iran-Syrie-Hezbollah
La bataille pour Mossoul qui se joue actuellement en Irak n’a pas seulement une importance tactique locale pour la reconquête du territoire irakien ou infliger une défaite aux jihadistes de l’État Islamique. La reprise de Mossoul parait être un objectif d’étape dans la stratégie américaine de sécurisation du petit État qui occupe la Palestine en détruisant et divisant la Syrie (le dernier État qui lui résistait) et en s’assurant un position pivot de contrôle du Moyen-Orient.
En effet, la stratégie américaine centrée sur la reprise de Mossoul est un préalable à l’étape suivante : c’est-à-dire foncer vers l’Ouest et prendre Raqqa de l’autre côté de la frontière irako-syrienne pour en chasser l’État Islamique et y installer la capitale des pseudos rebelles syriens « modérés ». Ainsi, arriver à Raqqa avant l’armée syrienne et ses alliés est désormais indispensable pour les États-Unis qui jouent là leur dernière carte pour renverser le gouvernement d’Assad à Damas.
De plus, couverte par une « zone d’exclusion aérienne » et une présence militaire permanente, les forces « syriennes » hostiles à Bachar el-Assad, regroupées à Raqqa, permettraient aux États-Unis de couper l’axe « Baalbeck (fief du hezbollah) – Damas (Syrie) – Téhéran (Iran) ».
Les dernières déclarations de responsables américains le confirment. « Sur notre plan de campagne, il y a deux grandes flèches qui désignent Mossoul et Racca. Nous allons commencer par faire s’effondrer le pouvoir de Daesh dans ces deux villes, et ensuite nous nous engagerons dans des opérations d’élimination sur d’autres territoires contrôlés par Daesh en Irak et en Syrie », affirmait le 13 janvier dernier Ash Carter, ministre américain de la Défense. Ou encore : « C’était depuis longtemps une partie de notre plan, l’opération de Mossoul sera lancée au moment indiqué. On préparait ce plan depuis des mois, [il était prévu] que Raqqa suivrait peu après. » On se souvient également du bombardement américain – prétendument par erreur – sur l’Armée arabe syrienne à Deir ez-Zor, dernière étape avant Raqqa…
Mais ce plan parait être en passe d’être déjoué par les milices chiites en Irak qui participent à la bataille de Mossoul ! En effet, alors que les forces spéciales irakiennes sont entrées dans Mossoul le 29 octobre, des milices chiites ont ouvert un nouveau front face à l’organisation État Islamique. Écartées des opérations directes en cours sur la ville, les milices chiites l’ont contournée et ont pris pour objectif Tal Afar, ville de taille moyenne, située à 65 kilomètres à l’ouest de Mossoul, c’est-à-dire non loin de la frontière syrienne sur l’axe Mossoul-Raqqa…
Et jeudi 3 novembre, le commandant de l’organisation Badr, la plus importante milice des Forces de Mobilisation Populaire, soutenues par l’Iran, a annoncé : « Nous avons achevé aujourd’hui la première phase des opérations des Hachid (mobilisation populaire) qui était de couper la route d’approvisionnement entre Tal Afar et le quartier de Mouhalabiya menant à Mossoul ». Ainsi, Les combattants de Hached al-Chaabi font d’une pierre trois coups. Ils coupent l’approvisionnement des jihadistes de l’État Islamique venant par cette voie. Ils empêchent leur repli vers la Syrie. Et enfin ils contrecarrent le plan américain.
C’est donc particulièrement bien joué de la part de l’Iran que d’avoir poussé les milices chiites irakiennes à instaurer leur contrôle sur cet axe qui relie Mossoul à Raqqa. Reste à tenir durablement la position. Souhaitons-le.