Alors qu’une pseudo « conférence de paix sur l’Ukraine » s’ouvrait samedi en Suisse, à laquelle l’un des belligérants, la Russie, n’a pas été conviée, Vladimir Poutine a fait connaître ses exigences en matière de cessez-le-feu puis de négociations lors d’une réunion avec les diplomates du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.
La « conférence de haut niveau sur la paix en Ukraine » s’est ouverte le samedi 15 juin 2024 dans le canton de Nidwald, au centre de la Suisse. Elle réuni une centaine de délégations, dont quelques dizaines de chefs d’État et de gouvernement. L’objectif de la conférence était de mettre en marche un processus de paix, notamment en définissant les éléments nécessaires.
Les discussions lors de cette conférence – qui ne peut être qualifiée de « négociations » hors la présence russe – étaient censées reposer sur le « programme de paix en dix points » élaboré par l’ex-président ukrainien Volodymyr Zelensky (dont le mandat a expiré le 19 mai) :
- retrait total des forces russes de tout le territoire (de l’ex République socialiste soviétique d’Ukraine dans ses frontières de 1991),
- importants dommages et intérêts au bénéfice du pouvoir à Kiev,
- et jugement des dirigeants russes devant un pseudo tribunal international (comme une ressucée occidentale de Nuremberg).
Mais dès avant l’ouverture du sommet, le projet de déclaration commune préparé pour l’occasion, et qui avait fuité, n’exigeait pas le retrait des forces russes de tous les territoires revendiqués par Kiev, selon plusieurs médiats qui en ont rendu compte. La conférence n’a accouché que d’une souris sur la sécurité autour des centrales nucléaires, le commerce alimentaire et l’échange de prisonniers de guerre.
Anecdote : le site internet de la Confédération helvétique qui organisait le sommet lui assignait, entre autre mission, « d’aborder pour la première fois au plus haut niveau la question de savoir quand et comment impliquer la Russie dans le processus [vers la paix]. » Réponse pour nos amis suisses : peut-être en commençant par inviter la Russie ?
Au grand mécontentement de Zelensky, le document contient même un texte affirmant que la Russie doit participer à la poursuite des pourparlers de paix : ainsi l’Arabie a déclaré au sommet que le sujet abordé nécessitait la présence de la Russie et que sans Moscou, négocier la paix est évidemment impossible. La Turquie, qui a mentionné les propositions de négociations de Vladimir Poutine, refusées par les Occidentaux et Kiev, a elle-aussi déclaré : « cette conférence serait plus axée sur des résultats si des représentants russes étaient présents ici dans la salle ».
De son côté, vendredi dernier, le président russe Vladimir Poutine a tenu une réunion au cours de laquelle il a formulé les exigences de Moscou en faveur de la paix et les conditions en vue d’éventuelles négociations. L’accord d’Istanbul en mars 2022 (avorté par injonction des Occidentaux) en constitue la base, mais actualisé de la « nouvelle réalité » issue des référendums et des actes de réunification des nouvelles régions russes.
Selon RT, Poutine affirme que les forces russes recevront l’ordre de cesser le feu dès que les forces ukrainiennes se retireront des quatre régions annexées de Donetsk, Lugansk, Kherson et Zaporijia :
« Dès que Kiev annoncera qu’elle est prête à prendre une telle décision et entamera un véritable retrait de ses troupes, et déclarera également formellement qu’elle a renoncé à son projet d’adhésion à l’OTAN, notre partie ordonnera immédiatement un cessez-le-feu et entamera des négociations ».
Selon Poutine, la Russie était même initialement prête à ne pas revendiquer Kherson et Zaporijia à condition que Kiev garantisse un corridor de transport terrestre vers la péninsule de Crimée. Mais depuis que des référendums ont eu lieu dans ces régions qui ont été réunifiées à la Fédération de Russie, ces termes-là sont révolus. La balle est désormais entre les mains de l’Occident. Si l’Occident et l’Ukraine persistent à rejeter les exigences russes, ils seront « politiquement et moralement responsables de la poursuite de l’effusion de sang ». Et plus la guerre se prolonge, plus les exigences russes seront sévères.
« Il est évident que la réalité sur le terrain, en première ligne, ne changera pas en faveur du régime de Kiev, et alors les conditions pour entamer les négociations seront également différentes ».
La Russie aura des exigences de plus en plus élevées à mesure que la guerre se prolongera et que la puissance militaire ukrainienne s’affaiblira. Et c’est dans cette direction que l’on s’achemine tant les Occidentaux et leur valet Zelensky ne manifestent que peu d’appétit pour mettre fin au conflit. Par exemple, lors de cette pseudo « conférence pour la paix », la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré que le gel du conflit n’est pas une option appropriée, car cela « sert de recette pour de futures guerres. » Et le chancelier Olaf Scholz a rejeté la possibilité d’un cessez-le-feu immédiat, car cela « légitime la saisie des territoires ukrainiens. »
En fait, par la bouche des hommes politiques européens, il a été visible une fois de plus que le scénario principal de l’Occident collectif reste une guerre jusqu’au dernier Ukrainien, à laquelle les parrains du régime de Kiev n’ont pas l’intention de mettre fin. A tel point qu’un certain nombre de pays (notamment du côté des BRICS) invités à la conférence suisse, n’ont finalement pas signé le communiqué final commun, refusant de faire le jeu de l’hypocrisie des Occidentaux : l’Arménie, Bahreïn, le Brésil, le Vatican, l’Indonésie, la Libye, le Mexique, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud, la Thaïlande ainsi que les Émirats arabes unis et la Slovaquie. L’Inde a précisé qu’elle ne veut pas être liée à ce genre de documents. Après la fin du sommet, l’Irak et la Jordanie, qui avaient signé le texte, ont retiré leur signature.
Pourtant, si l’Ukraine avait cessé d’écouter l’Occident entre 2014 et 2022 et mis en œuvre les accords de Minsk, elle aurait toujours les régions du Donbass, mais avec une certaine autonomie régionale.
Si l’Ukraine avait cessé d’écouter l’Occident en mars 2022, elle aurait perdu les régions de Lougansk, du Donbass et de la Crimée, mais aurait conservé Kherson et Zaporijia. Aujourd’hui, outre la démilitarisation et la mise hors d’état de nuire du pouvoir à Kiev ainsi qu’une neutralité, la Russie exige également que Kherson et Zaporijia soient pleinement reconnues comme sujets de la Fédération de Russie.
Et si l’Ukraine continue à écouter les Occidentaux, elle pourrait perdre non seulement tout ce qui précède, mais aussi tout ce que la Russie parviendra à conquérir entre-temps.
Dans une entrevue à Reuters, le général Yuriy Sodol, commandant des troupes ukrainiennes à Kharkov, Donetsk et Lugansk, estime que l’armée ukrainienne utilise désormais ses dernières forces pour défendre le pays. Selon Sodol, les Russes disposent jusqu’à dix fois plus de soldats que les Ukrainiens, sans parler de la supériorité déjà établie en matière de munitions. Et la nouvelle loi de mobilisation ne résoudra pas ce problème des munitions (alors que l’Ukraine a besoin de plus de munitions que l’Occident ne peut en produire), et ne permettra de recruter que de nouveaux soldats inexpérimentés.
Que de bavardage pour dire une chose simple: Poutine est immobilisé par ses oppositions internes, à moins qu’il ne soit là pour couler lentement le monde russe.
Que penser de cet article sur le site de la défense russe, le titre laisse pour le moins perplexe:
Belousov a été informé de la fourniture d’armes modernes aux troupes
https://tvzvezda.ru/news/2024617100-qlzfb.html
Ah bon, parce que jusque là, on ne leur fournissait pas d’armes modernes?
J’aurais préféré faire un post sur une localité conquise, je suis d’ailleurs surpris que la Russie n’ait pas frappé un bon coup sur le terrain histoire de mettre la pression sur la conférence en Suisse, rien que ça, ça me paraît assez suspect, voire, tristement significatif.
Je ne respecte pas du tout Poutine, prisonnier volontaire des élites libérales russes. Il s’oriente vers de nouveaux accord comme ceux de Minsk. L’Occidente va donc conquérir et démembrer la Russie. Avec l’aide de Poutine.
C’est une prédiction, mais ça n’en prend pas le chemin…