Syrie : frappes américaines contre l’armée syrienne au bénéfice de l’État Islamique
Quatre avions de la coalition internationale dirigée par les États-Unis ont frappé samedi 17 septembre l’armée gouvernementale syrienne au mont Tubar, à 4 kilomètres au sud de l’aéroport de Deir ez-Zor. « Des avions de la coalition internationale anti-Daech (deux F-16 et deux A-10) ont effectué samedi, vers 16h00 ou 16h50 (heure de Paris), quatre frappes contre des unités des troupes gouvernementales syriennes encerclées par les terroristes de Daech. Les avions de la coalition ont pénétré dans l’espace aérien syrien depuis la frontière irakienne » selon le porte-parole du ministère russe de la défense. Ces 4 frappes ont fait 62 morts et près de 100 blessés parmi les militaires à Deir-ez-Zor.
Mais juste après les frappes, les terroristes du groupe État Islamique ont lancé une offensive, attaquant les positions de l’armée syrienne comme si le bombardement américain leur avait servi de couverture aérienne. Selon un soldat syrien : « Nous avons pensé que l’avion menait la reconnaissance des positions de Daech. Mais peu après nous avons été attaqués par les chasseurs de la coalition qui ont frappé nos chars, véhicules blindés et pièces d’artillerie. Ils achevaient avec les mitrailleuses nos soldats qui tentaient de se réfugier dans les ruelles. Chaque chasseur a tiré sur nous au moins trois missiles. J’ai vu de mes propres yeux la mort d’environ 100 soldats. Ils ont pilonné nos soldats battant en retraite. C’est alors que l’État Islamique a attaqué nos positions, nos soldats ont été capturés. J’ai eu l’impression qu’il y avait un accord entre les États-Unis et Daech. Les terroristes étaient en liesse, ils tiraient des coups de feu en l’air comme s’ils fêtaient quelque chose ». Toutefois, l’armée gouvernementale est parvenue à défaire les islamistes et à reprendre ses positions bombardées, selon un responsable militaire local.
Dans un communiqué publié le soir du 17 septembre, le commandement central de l’armée des États-Unis a reconnu avoir mené une frappe à Deir ez-Zor pensant « viser des positions de combat de Daesh ». Bombardements qui ont été « interrompues immédiatement lorsque des responsables de la coalition ont été informés par des responsables russes qu’il était possible que les personnes et les véhicules visés fassent partie de l’armée syrienne » selon le communiqué.
Il n’en reste pas moins que les actions de la coalition menée par les États-Unis « ont clairement pavé la route aux terroristes de l’État islamique pour qu’ils attaquent les positions et en prennent le contrôle », a déploré le commandement général des forces armées syriennes, qualifiant l’incident « d’agression sérieuse et flagrante » contre les forces syriennes et de « preuve formelle » que Washington et ses alliés soutiennent les jihadistes de l’État Islamique en Syrie.
Il se murmure dans les chancelleries que cette « bavure » américaine, arrangeant tactiquement les affaires de l’État Islamique à Deir ez-Zor, n’en est peut-être pas vraiment une. L’objectif pouvait être d’affaiblir sérieusement les forces loyalistes syriennes et redonner un peu de souffle aux jihadistes afin d’empêcher le retour de Deir ez-Zor à l’intérieur du territoire syrien sous contrôle gouvernemental.
En effet selon le plan russo-iranien de soutien à la Syrie de Bachar el-Assad, la reprise de cette zone permettrait le rétablissement d’une continuité territoriale et de la souveraineté syrienne sur toute la profondeur de son territoire. Soit un préalable au rétablissement de l’axe stratégique Téhéran-Bagdad-Damas que les États-Unis ont à cœur d’empêcher.