Alfred Josef Ferdinand Jodl nait le mai 1890 à Wurtzbourg.
A l’âge de treize ans, en 1903, il s’engage dans le Corps des cadets bavarois. Il n’obtient son Abitur qu’en 1910 à l’âge de vingt ans à cause de ses résultats inégaux ; par la suite pourtant, il fait partie des meilleurs éléments de sa promotion.
En septembre 1913, il épouse Irma Gräfin von Bullion avec qui il reste marié jusqu’à la mort de celle-ci, le avril 1944, à Königsberg. Le couple n’a pas d’enfant. Veuf, Jodl se remarie Le 7 mars 1945 avec Luise Katharina von Benda (1905 – 1998), une amie de sa première femme et son ancienne secrétaire au sein de l’OKH. Ce mariage reste également sans enfant.
En 1916, Jodl est promu Premier lieutenant et envoyé sur le front de l’Est à la fin de l’année où il est commandant de batterie au 72e régiment royal hongrois de canons de ligne en 1917. Au début de l’année 1918, il est renvoyé sur le front de l’Ouest en tant qu’officier d’état-major. Il se voit décerner le 3 mai la Croix de fer première classe.
Après l’armistice, Jodl reste dans l’armée et le 1er octobre 1919, il est incorporé dans la Reichswehr.
Le 1e octobre 1923, il participe de nouveau au Führergehilfenlehrgang II à Berlin, il y fait la connaissance d’Adolf Hitler.
En février 1938, la tête de la Wehrmacht est reformée et le commandement supérieur de la Wehrmacht (Oberkommando der Wehrmacht ou OKW)) est fondé. On y retrouve des nationaux-socialistes auquel le régime peut faire confiance. Le WFA, la défense du territoire du Wehrmachtführungsamt, avec Jodl à sa tête devient alors une partie de l’OKW et est directement subordonné à Keitel.
Après la vague de promotions qui a suivi la victoire sur la France, Jodl est promu le 19 juillet 1940 général de l’artillerie. Il saute alors le rang de lieutenant général.
Répondant aux injonctions de Hitler, il s’occupe de la préparation de plan en vue d’une campagne contre l’Union soviétique ; la directive no 21 du 18 décembre 1940, connue sous le nom d’opération Barbarossa, qui prévoit l’attaque de l’URSS, est préparée par Jodl et ses collaborateurs au sein de l’état-major de la Wehrmacht sur ordre de Hitler en personne. Dans cette directive, il définit les orientations stratégiques de la campagne à venir. Il préconise une attaque surprise contre les troupes soviétiques, la conquête rapide de la Russie d’Europe, l’établissement d’un front à proximité d’un ligne reliant la Volga à Arkhangelsk, à la fois pour sécuriser le Reich et pour pouvoir mener des campagnes de bombardement stratégique au dessus de l’Oural. Dans ces instructions, Jodl insiste également sur les contraintes économiques de la campagne : il propose de sécuriser la Baltique (la route du fer) au Nord et de contrôler le riche bassin industriel du Donetz le plus rapidement possible.
Lors de l’attentat contre Hitler le 20 juillet 1944, Jodl est légèrement blessé, mais profondément choqué : à ses yeux, les auteurs de l’attentat sont des traîtres, responsables de la « journée la plus noire de l’histoire allemande ». Le jour même, il se prononce pour des représailles impitoyables, garantes d’un retour à l’unité dans le commandement du Reich.
Réfugié à Flensbourg, il participe au gouvernement du même nom comme coresponsable des forces armées du Reich, négociant, à partir du 4 mai, la reddition partielle des unités engagées contre les Britanniques, puis dans les jours qui suivent, sous la responsabilité de Dönitz, nouveau président du Reich, il est l’un des principaux acteurs des pourparlers en vue de la négociation de la capitulation inconditionnelle du Reich : les échanges se prolongent autour du sort des soldats du Reich positionnés à l’Est des lignes américaines.
Le 7 mai 1945, Jodl signe, à Reims, en tant que mandataire du nouveau chef de l’État Dönitz la capitulation sans condition de la Wehrmacht, négociée par le gouvernement de Flensbourg (toute négociation était exclue, même par Jodl, tant que Hitler était vivant). Les termes de la capitulation, signée le 7 à 2 heures du matin, ne devant rentrer en vigueur que le 8 mai à 23h01, heure de Berlin, permettent aux responsables du gouvernement du Reich de tenter de transporter le maximum de troupes et de civils vers l’Ouest.
Ce n’est qu’après la capitulation que Jodl reçoit du Grand-Amiral Dönitz le 10 mai 1945 la 865e feuille de chêne pour la Ritterkreuz des Eisernen Kreuzes. Après que le Generalfeldmarschall Wilhelm Keitel a été arrêté par les Alliés le 13 mai 1945, Jodl se voit confier les dossiers du chef de l’OKW. Le 23 mai 1945, Jodl est arrêté par les troupes britanniques avec les membres du gouvernement et fait prisonnier de guerre.
Au procès de Nuremberg, Jodl est accusé de quatre chefs d’accusation et déclaré coupable au terme de près d’un an de procédure. Sa condamnation reste controversée même parmi les Alliés. Pour le juge français Henri Donnedieu de Vabres, le jugement est caduc. Ce sont les professeurs Franz Exner et Hermann Jahrreiß qui défendent Jodl. Ce dernier avait en outre demandé en vain – tout comme Keitel – à ne pas être exécuté par pendaison mais de mourir fusillé.
Le 16 octobre 1946, Jodl est assassiné par pendaison. Son corps est incinéré sous le faux nom d’„Archibold K. Struthers“ et ses cendres dispersées vers minuit dans l’Isar.
Luise von Benda, la seconde femme de Jodl, s’efforce d’obtenir la réhabilitation de son mari et parvient à faire ouvrir une procédure au tribunal chargé de la dénazification à Munich. Jodl est innocenté et le tribunal déclare que si Jodl avait été encore vivant, il n’aurait été classé ni dans le groupe 1 (coupables majeurs), ni dans le groupe 2 (coupables).
L’accusation renonce alors à tout recours et le jugement est prononcé le 2 mars 1953.
La décision du tribunal et la réhabilitation de Jodl ne sont toutefois pas acceptées par les autorités d’occupation américaines et le haut-commissaire américain parvient à faire casser le jugement. Avec pour justification le fait que le jugement du tribunal allait à l’encontre du jugement de Nuremberg.
Le ministre bavarois pour la libération politique révoque le 3 septembre 1953 le jugement du 2 mars 1953.
Une inscription sur la tombe de la famille Jodl sur l’île Frauenchiemsee en Bavière rappelle la mémoire d’Alfred Jodl.
Respects à ce grand homme que fut Alfred Josef Ferdinand Jodl …
Ni coupable majeur, ni coupable…