Alojzije Stepinac est un prélat qui fut archevêque de Zagreb de 1937 à 1960 et cardinal à partir de 1952.
Il est archevêque de Zagreb pendant toute la Seconde Guerre mondiale, dans l’État indépendant de Croatie (1941-1945). Lors de la mise en place du régime des Oustachis, Stepinac se montra favorable au démantèlement du Royaume de Yougoslavie et à l’établissement d’un État croate indépendant. Il se félicite de la création de cet État et appelle officiellement l’Église catholique à prier pour le bien-être du nouvel État et pour que le Seigneur emplisse Ante Pavelić d’un esprit de sagesse pour le profit de la Nation, même si les deux hommes ne s’appréciaient guère.
Après la Seconde Guerre mondiale, le nouveau gouvernement de la Yougoslavie exerce des pressions sur l’Église catholique en Croatie. Stepinac est arrêté le puis relâché le suivant. Le , il rencontre Tito mais n’accepte pas les demandes du nouveau régime qui attendait que l’Église soutienne ouvertement le Gouvernement communiste et accepte de se séparer de Rome pour créer une « Église catholique nationale serbo-croate ». À la suite de ces événements, les évêques de Croatie diffusèrent une lettre ouverte, le , dans laquelle ils décrivent les injustices dont ils font l’objet de la part des nouvelles autorités et, en , ils se réunissent en synode pour discuter de ces enjeux. Stepinac publie une lettre, le , dans laquelle il affirme que 273 membres du clergé catholique ont été tués depuis la prise du pouvoir par les Partisans, que 169 ont été emprisonnés et que 89 autres sont « manquants » et présumés morts.
Cette lettre met Tito en colère et il attaque publiquement, pour la première fois, l’archevêque Stepinac en écrivant un éditorial dans le principal journal communiste ; il l’accuse de « déclarer la guerre » à la nouvelle Yougoslavie. En , les autorités yougoslaves accusent Stepinac de plusieurs chefs : collaboration avec les Nazis, relations avec le régime nationaliste-fasciste des Oustachis d’Ante Pavelić, participation de chapelains catholiques croates dans l’armée de l’État indépendant de Croatie, conversion forcée d’orthodoxes serbes au catholicisme, défiance envers le gouvernement yougoslave. Stepinac est arrêté le et son procès commence le 30 du même mois.
Le , le tribunal a déclaré Stepinac coupable de haute trahison et de crimes de guerre ; il est condamné à une longue peine d’emprisonnement. Après sa condamanation, Alojzije Stepinac travailla pendant cinq ans dans la prison de Lepoglava avant que la peine ne soit commuée en assignation à domicile à Krašić, du fait de la forte pression du Saint-Siège. Il fut transféré à son domicile le 5 décembre 1951. Le gouvernement fit clairement savoir qu’il voulait que Mgr Stepinac se retire à Rome mais celui-ci refusa de quitter son pays, disant qu’« Ils ne me feront jamais quitter à moins qu’ils ne me mettent de force dans un avion pour m’emmener au-delà de la frontière. Il est de mon devoir, dans ces temps difficiles, de rester avec mon peuple. ».
Le procès fut condamné par le Saint-Siège. Les membres du jury – composé de catholiques proches du pouvoir communiste de Tito – qui avaient condamné Mgr Stepinac furent excommuniés par le Pape.
Le 22 juillet 2016, le tribunal de Zagreb annule officiellement la condamnation, 70 ans avant, du cardinal Alojzije Stepinac.
Déjà, le 14 février 1992, quelques mois après que la Croatie est repris son indépendance de la Fédération yougouslave, le Parlement croate avait symboliquement condamné le procès et la décision du tribunal de 1946.
La révision du verdict avait été réclamée par un neveu du cardinal. Et la justice croate a donc reconnu que sa condamnation était le fruit d’un « procès politique », qu’il avait été « privé d’un procès équitable » selon le juge, cité par l’agence officielle Hina. Le procès avait en effet été entièrement mené avec des témoignages extorqués, des faux témoignages et des faux documents. La défense soumit trente-cinq témoins en faveur de Stepinac mais vingt-sept furent rejetés et certains furent même emprisonnés afin de ne pas paraitre à l’audience…
C’est évidemment l’opposition de Stepinac à Tito et non pas ses agissements durant la période de l’État indépendant de Croatie qui ont amené à son procès. Milovan Djilas, un dirigeant communiste proche du régime, déclara que Stepinac « n’aurait certainement pas été mis en jugement pour sa conduite pendant la Guerre … s’il n’avait pas continué à s’opposer au nouveau régime communiste. »
Il meurt – et beaucoup pensent assassiné – en 1960 à 61 ans.
Il a été béatifié en 1998 par SS Jean Paul II :
« Une des personnalités marquantes de l’Église catholique, qui a enduré dans son corps et dans son esprit les atrocités du système communiste, est maintenant confiée à la mémoire de ses concitoyens avec l’étiquette rayonnante du martyre ».
Très populaire, il est la figure exemplaire pour de nombreux catholiques croates, dont beaucoup réclament sa canonisation.