Sénateur du Nevada du 4 mars 1933 (!) à sa mort en 1954, Pat McCarran est un héros de l’Occident : anticommuniste, franquiste et restrictionniste en matière d’immigration. C’est le seul « Democrate » à s’opposer au New Deal de Roosevelt.
Lors de l’audition de Felix Frankfurter pour être le premier juif à être nommé à la Cour Suprême sur proposition de Roosevelt, il lance une campagne de dénigrement pleine d’insinuations sur les origines de Frankfurter et son milieu radical. McCarran a également utilisé ses compétences législatives pour empêcher l’immigration de survivants de l’Holocauste afin de s’opposer à l’admission de communistes potentiels.
En 1952, il est rapporteur d’une loi destinée à maintenir le statu quo ethnique issu du système des quotas par nationalité de la loi de 1924, tout en l’ouvrant à d’autres nationalités, notamment asiatiques, mais en imposant une limitation drastique sur le niveau global de l’immigration : il avait bien vu que la vraie menace au statu quo racial des États-Unis n’était pas tant l’ouverture des quotas à toutes les nationalités que l’immigration de masse.
Voici une déclaration qu’il fait à l’occasion de cette loi sur l’immigration :
« Je pense que cette nation est le dernier espoir de la civilisation occidentale, et si cette seule oasis qui reste au monde venait à être envahie, pervertie, contaminée ou détruite, alors c’est la flamme vacillante de la dernière chandelle de l’humanité qui s’éteindra. Je ne conteste pas ceux qui louent les contributions apportées à notre société par des personnes de différentes races, de croyances et de couleurs diverses. L’Amérique est en effet à la confluence de nombreux ruisseaux qui forment un fleuve puissant que nous appelons la voie américaine. Mais nous avons aujourd’hui aux États-Unis des blocs non assimilés, des noyaux durs qui ne se sont pas intégrés au mode de vie américain, qui, au contraire, en sont les ennemis mortels. Aujourd’hui, comme jamais auparavant, des millions de personnes prennent d’assaut nos portes pour être admises et ces portes menacent de céder sous la pression. La solution des problèmes de l’Europe et de l’Asie ne passera pas par une transplantation massive de ces problèmes aux États-Unis… Je ne veux pas jouer les prophètes, mais si les adversaires de ce projet de loi réussissaient à le tailler en pièces, ou à la dénaturer jusqu’à la rendre méconnaissable, ils auront alors contribué à précipiter la chute de cette nation plus que toute autre faction depuis que nous avons obtenu notre indépendance »
Son adversaire direct au Congrès, partisan de l’abandon du système des quotas par nationalité et du principe sous-jacent de statu quo ethnique pour les USA, partisan donc de l’ouverture des vannes de l’immigration extra-européenne, n’était autre qu’un certain Emanuel Celler, dont la note Wiki nous apprend que ses grands-parents paternels et sa grand-mère maternelle étaient juifs ; son grand-père maternel était catholique.
McCarran décède à Hawthorne, Nevada, le 28 septembre 1954, foudroyé par une crise cardiaque à la suite d’un discours qu’il a prononcé lors d’un rassemblement politique. McCarran a été enterré au cimetière Mountain View à Reno.
Il a sa statue au National Statuary Hall au Capitole : chaque État a droit à deux représentants. Mais sa situation y est précaire, en 2017, les trois membres démocrates du Nevada de la Chambre des représentants des États-Unis ont écrit au gouverneur Brian Sandoval et aux dirigeants législatifs de l’État et ont déclaré qu’à leur avis, l’examen de la carrière de McCarran pourrait justifier le retrait de sa statue de la National Statuary Hall Collection :
« Même s’il a lutté pour les droits des travailleurs et a contribué à façonner l’industrie aéronautique du pays, McCarran laisse derrière lui un héritage de racisme, de xénophobie et d’antisémitisme », indique la lettre envoyée par les représentants Dina Titus, Ruben Kihuen et Jacky Rosen.
Mais déjà, le McCarran International Airport est devenu le Harry Reid International Airport. La campagne en ce sens avait débuté dès 2012, l’affaire Floyd l’a fait aboutir, le 16 février 2021, le Clark County Commission votait à une courageuse unanimité démocratique le changement de nom.
Source pour la biographie : Pat McCarran – Wikipedia ; et pour la loi de 1952 sur immigration : Milestones: 1945–1952 – Office of the Historian (state.gov)
Sachant que cet Emanuel Celler était le porte-parole de la commission Truman sur l’immigration et la naturalisation.
https://jeune-nation.com/kultur/histoire/truman-le-trutraitor
Petite rectification:
Le communiste et stalinien Felix Frankfurter ne fut pas du tout le « premier juif » nommé à la Cour Suprême… Ce fut en fait le troisième plus de 20 ans après après Louis Brandeis (nommé par Wilson à la suite d’un chantage – portant sur des lettres compromettantes écrites à une de ses maîtresses – dont Wilson fut victime à dessein). Brandeis fut nommé en 1916.
Le second fut Benjamin Cardozo nommé par Herbert Hoover en 1932 et décédé prématurément en 1938
Felix Frankfurter ne fut donc que le troisième nommé (après la mort de Cardozo) par Franklin Roosevelt en 1939…
Ce que souligne d’ailleurs le Times of Israël dans la présentation d’un livre:
https://fr.timesofisrael.com/les-8-juges-juifs-qui-ont-change-la-cour-supreme-des-etats-unis/
On y évoque le: « Le juge Brandeis, le juge Cardozo et le juge Frankfurter étaient sans doute les trois plus importants des huit juges juifs qui aient servi à ce jour », a déclaré John Vile, professeur de science politique à l’Université de l’Etat du Tennessee, dans un courriel.
« Brandeis a contribué à persuader Woodrow Wilson et l’administration de soutenir la Déclaration de Balfour », a déclaré Dalin. « Brandeis, à plusieurs reprises, envisage sérieusement sa démission de la Cour pour se consacrer aux activités sionistes ».
Dalin précise précise : « il a beaucoup œuvré dans l’ombre pour le mouvement sioniste », y compris en envoyant son ami Frankfurter, alors professeur à Harvard, à la conférence de paix de Versailles en tant que conseiller juridique de la délégation sioniste.
Voir le livre de David Dalin: « Les 8 juifs qui ont changé la cour suprême des Etas Unis » (2017) »
On trouvera des éléments intéressants sur le « chantage Brandeis » et la personnalité de Frankfurter dans l’ouvrage de souvenirs de Curtis Dalle: « Franlin Roosevelt – Comment mon beau père a été manipulé » traduit en français et édité par Sigest en 2015
https://www.lalibrairie.com/livres/editeurs/sigest,0-732207.html?debut=24&id=0-732207&slug=sigest&sortBy=score_desc
Oui, merci, exact, d’autant que Brandeis est bien connu aussi, donc l’erreur aurait pu être évitée.
Le sujet principal c’était Pat McCarran, mais effectivement, ce n’est pas une raison pour laisser passer une coquille comme ça.