A SA MANIÈRE, Gérald Moussa Darmanin n’y a pas été de main morte. Invité de l’émission « Les Grandes Gueules » sur RMC le 4 mai, le ministre de l’Intérieur a déclaré sans ménagement que le Premier ministre italien, Giorgia Meloni, est « incapable de gérer les problèmes migratoires ». Une formule évidemment blessante pour notre voisin qui a provoqué aussitôt une crise diplomatique entre l’Italie et la France, le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, annulant dans la foulée sa visite prévue dans notre pays et déclarant que « les paroles prononcées par le ministre français de l’Intérieur sont inacceptables ». De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, manifestement embarrassé par la sortie de son collègue, a tenté d’apaiser la situation le jour même. « Le gouvernement français souhaite travailler avec l’Italie pour faire face au défi commun que représente la hausse rapide des flux migratoires », a annoncé le quai d’Orsay, en rappelant que la relation bilatérale était « fondée sur le respect mutuel, entre nos deux pays et entre leurs dirigeants », façon de prendre ses distances avec la Place Beauvau.
Il n’est pas inutile de préciser que Gérald Darmanin a lancé cette brouille diplomatique en réagissant à des propos du président du Rassemblement national, Jordan Bardella, concernant la situation à la frontière franco-italienne et mettant ouvertement en cause la gestion des flux migratoires par les autorités françaises. « Madame Meloni, gouvernement d’extrême droite choisi par les amis de madame Le Pen, est incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue », a alors cinglé le ministre de l’Intérieur. « Oui, il y a un afflux de personnes migrantes et notamment de mineurs » dans le sud de la France, a certes reconnu Gérald Darmanin, qui en rejette la faute exclusive sur le voisin italien, façon facile mais peu honnête de se dédouaner : « La vérité, c’est qu’il y a en Tunisie une situation politique qui fait que beaucoup d’enfants, notamment, remontent par l’Italie et que l’Italie est incapable […] de gérer cette pression migratoire », a-t-il insisté. Et d’ajouter : « Meloni, c’est comme Le Pen, elle se fait élire sur “vous allez voir ce que vous allez voir” et puis ce qu’on voit, c’est que ça [l’immigration] ne s’arrête pas et que ça s’amplifie ». Selon le ministère de l’Intérieur italien, plus de 36 000 personnes sont en effet arrivées par la Méditerranée en Italie cette année, contre environ 9 000 durant la même période en 2022. La situation est donc très alarmante.
DARMANIN est particulièrement mal placé pour dresser une telle accusation envers le gouvernement italien car notre pays est depuis fort longtemps en état d’invasion libre et la situation s’est encore considérablement aggravé ces dernières années. Qu’a fait Darmanin depuis qu’il est ministre de l’Intérieur (il l’est depuis le 6 juillet 2020, ce qui fait bientôt trois ans) et qu’a fait, qu’a tenté, qu’a mis en place Macron depuis son élection à l’Elysée en 2017, il y a désormais six ans, pour inverser, arrêter ou même simplement ralentir, freiner le courant de l’immigration ? Rien, absolument rien. C’est donc l’hôpital qui se moque de la charité. Cependant, même s’il est d’une singulière audace, qui est d’ailleurs typique du personnage qui se croit tout permis et ne recule devant rien pour se faire valoir et rejeter sur les autres ses propres turpitudes, et qu’il ferait évidemment mieux de balayer d’abord devant sa porte au vu de la situation de notre pays — l’humilité n’est pas son fort —, Darmanin n’a toutefois hélas pas complètement tort dans son analyse concernant le gouvernement italien en général et le Premier ministre Giorgia Meloni en particulier.
On ne peut en effet passer sous silence les récentes déclarations du ministre de l’Agriculture italien, Francesco Lollobrigida, qui a affirmé, en mars dernier, que le gouvernement de Meloni comptait faire entrer 500 000 migrants légaux en 2023 en Italie. Vous avez bien lu : 500 immigrés légaux supplémentaires en un an, sans bien sûr compter les clandestins. Aux ordres de la Commission de Bruxelles, le ministre italien a même expliqué, à l’occasion d’une conférence de presse au Parlement européen, que le gouvernement italien n’était pas « opposé à l’immigration » mais qu’il aspirait seulement à en gérer plus efficacement les flux, ce qui ne mange pas de pain. Pour Francesco Lollobrigida, il faut organiser de manière plus satisfaisante l’immigration légale « pour donner la possibilité à ceux qui viennent en Italie d’avoir une offre de travail décent ». C’est faire bien peu de cas de ses compatriotes victimes d’un chômage massif et d’une forte diminution de leur pouvoir d’achat. Le ministre italien est même allé plus loin en annonçant : « Cette année, nous travaillerons pour faire entrer légalement près de 500 000 immigrés, notamment en mettant en place des mécanismes bilatéraux ou multilatéraux avec d’autres nations. Nous avons accueilli plus que tout autre pays, nous continuerons à le faire. » Il a même osé ajouter que cette politique migratoire digne des pires gouvernements de gauche allait contraindre au silence ceux qui affirmaient que le nouveau gouvernement italien était opposé à toute forme d’immigration alors qu’il n’est en réalité opposé qu’aux flux illégaux. On croirait entendre un dirigeant du parti socialiste ou de je ne sais quel parti social-démocrate européen !
A L’ANNONCE de la victoire de la coalition dirigée par Giorgia Meloni aux élections législatives italiennes, RIVAROL, contrairement à beaucoup d’autres publications et personnalités de la mouvance nationale, s’était montré extrêmement prudent et réservé, ne se faisant aucune illusion. Car l’expérience nous a appris que l’arrivée aux responsabilités de mouvements et de personnalités affublés de l’étiquette d’extrême droite n’était nullement une garantie de changement dans le bon sens, encore moins le prélude à un redressement ou à une renaissance nationale. Car les gouvernements nouvellement élus cherchent toujours à se respectabiliser, à se légitimer, à montrer à l’Union européenne et aux diverses instances internationales qu’ils sont responsables et pondérés, qu’ils n’entendent nullement apparaître comme des extrémistes et renverser la table. Moyennant quoi, ils trahissent sans vergogne leurs promesses et leur électorat, essentiellement populaire, qu’ils déçoivent et dont ils ne défendent nullement les intérêts et les aspirations. Et ce qui est vrai de l’immigration est également vrai de beaucoup d’autres domaines, comme la défense de la famille et de la vie ou l’abrogation des législations liberticides restreignant et brimant la liberté de recherche et d’expression.
Disons-le franchement, il y a hélas fort à parier que si un gouvernement Le Pen ou Bardella se constituait demain ou après-demain en France, il ferait pour l’essentiel du Meloni. Voire peut-être pire encore, la police de la pensée étant plus redoutable encore de ce côté des Alpes et Marine Le Pen ayant donné encore plus de gages que Meloni depuis une vingtaine d’années qu’elle occupe le terrain politiquement et médiatiquement. C’est pourquoi, plutôt que d’attendre une nette amélioration de la situation d’élections générales (Maurras s’est assez moqué à son époque, et avec raison, du mythe de la « bonne élection » qui va tout arranger et sauver le pays !), il convient de ne pas être dupe et de réanimer d’abord, en nous et autour de nous, le sentiment national et de ne faire aucune concession au système qui nous détruit. En lui résistant en face. Et en disant à temps et à contretemps la vérité, fût-elle risquée, sur tous les sujets.
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RIVAROL, <[email protected]>
Source : Éditorial de Rivarol
Bonjour,
Je partage avec Jeune Nation et Rivarol un certain nombre de vues, mais je je comprends pas, par contre, cette fixation quasi obsessionnelle, que vous en commun avez avec le gouvernement, sur les migrants. Je ne suis pas un farouche partisan de l’immigration, car je ne pense pas que cela soit la solution à la pauvreté. Quitter sa famille, son quartier, son village est toujours un drame et pour en fin de compte, subir des rejets et vivre dans une misère pire encore à plusieurs milliers de kms de chez soi. Autrement, les migrants, nous l’avons tous été ou des membres de nos familles, ne nous prennent rien et ne nous nuisent en rien. Et concernant l’identité, chacun en est le propriétaire et est libre d’en faire ce qu’il veut. Par ailleurs une identité ne peut s’opposer à une autre identité.
Daniel Milan
L’Hôpital et la Charité avec des majuscules
En 1802, la guerre fait rage dans la capitale des Gaules ! Lyon compte deux grands hôpitaux appelés l’Hôtel-Dieu et la Charité, qui viennent d’être officiellement réunis au sein des Hospices civils de Lyon. Mais la rivalité historique des deux institutions persiste. Au XIIe siècle, l’Hôtel-Dieu est un couvent qui offre l’hospitalité aux indigents, aux malades ainsi qu’aux pèlerins. On y pratique la charité chrétienne.
A partir du XVIIe siècle, les Frères et les Sœurs de la Charité se spécialisent dans les soins prodigués aux pauvres. Leurs établissements prennent le nom de leur ordre.
(1894)[1] Variante de l’expression lyonnaise « c’est la Charité qui se moque de l’Hôpital » (attestée à partir de 1865 et tombée en désuétude).
L’hospice de la Charité (détruit en 1933) et l’Hôtel-Dieu – couramment appelé « l’Hôpital » – étaient deux grands hôpitaux lyonnais, proches de la place Bellecour, qu’opposait une rivalité de prestige[2].