Des enquêteurs ont perquisitionné il y a quelques semaines les bureaux parisiens du parti d’Emmanuel Macron et du cabinet de conseil américain McKinsey & Company. La justice soupçonne McKinsey d’avoir financé illégalement les campagnes 2017 et 2022 de notre cher président.
Les responsables de Renaissance (ex-LaRem) ont confirmé qu’il y avait eu une perquisition au siège du parti, mais ont déclaré qu’elle se concentrait uniquement sur le « côté campagne » du bureau. McKinsey a également confirmé que les locaux de la société avaient été perquisitionnés, ajoutant qu’elle « coopérerait pleinement avec les autorités publiques ».
L’enquête sur la connexion Macron/McKinsey a été annoncée par le procureur national financier à la fin du mois dernier. Bien que le bureau du procureur n’ait pas divulgué plus de détails, il a déclaré que l’enquête était liée aux révélations des médias selon lesquelles McKinsey avait soutenu les campagnes présidentielles de Macron en 2017 et 2022 et avait à son tour reçu des contrats gouvernementaux lucratifs après l’arrivée au pouvoir de Macron.
Un rapport de sénateurs français publié en mars a révélé que sous Macron, le gouvernement français avait signé des contrats d’une valeur d’au moins 2,4 milliards d’euros avec des cabinets de conseil depuis 2018, soit le double des dépenses des administrations précédentes…
Les bureaux de McKinsey ont également été perquisitionnés par des douaniers en mai dans le cadre d’une enquête sur une fraude fiscale présumée.
Le cabinet de conseil américain McKinsey est surnommé « la Firme ». Depuis 100 ans, cette société de l’ombre fait du conseil en stratégie pour les patrons du CAC 40, les chefs d’Etat ou les ministres. Une de ses missions devenues « célèbres » en France : la stratégie et la logistique de la « vaccination » contre le Covid-19. Le rôle de la société avait été révélé par Le Canard Enchaîné notamment. « Il est tout à fait classique et cohérent de s’appuyer sur l’expertise du secteur privé », avait répondu Olivier Véran à la question de l’utilité de faire appel à McKinsey dans ce dossier.
Les liens entre Emmanuel Macron et le cabinet McKinsey remontent à 2007. Alors jeune inspecteur des finances, il devient rapporteur général adjoint de la commission Attali, dont le rôle était de proposer des réformes économiques au président Nicolas Sarkozy. Emmanuel Macron impressionne et notamment Eric Labaye, alors dirigeant de McKinsey en France. Une fois ministre de l’Economie, Emmanuel Macron ambitionne de devenir président. En avril 2016, il crée En marche et une dizaine de salariés de McKinsey réfléchissent à des propositions sur l’économie ou les grands dossiers régaliens. Mais aucune trace ne figure, en tout cas, dans les factures du candidat Macron déposées à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques…
Une fois Emmanuel Macron élu en 2017, de jeunes consultants de McKinsey rejoignent le pouvoir : directeur adjoint du cabinet du secrétaire d’Etat au Numérique, chef du « pôle projets » de la République en Marche, directeur général de la République en Marche. Éric Labaye, le dirigeant de McKinsey qu’Emmanuel Macron avait rencontré en 2007, a été nommé président de Polytechnique en 2018. De son côté, l’ancien patron des Jeunes avec Macron, Martin Bohmert, a rejoint le cabinet McKinsey en 2020.
Mais la « République fromagère » est bien bordée. Le chef de l’Etat est actuellement protégé par son immunité pénale. Si les magistrats instructeurs devaient estimer qu’Emmanuel Macron doit s’expliquer sur ces questions, ils pourraient le convoquer à la fin de son second mandat à l’Elysée…