Le nombre d’attaques visant les forces américaines et la pseudo coalition internationale « antijihadiste » en Irak et en Syrie a bondi depuis le début de la guerre au sud de l’État sioniste, déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du mouvement nationaliste islamiste palestinien Hamas (désigné comme une « organisation terroriste » par l’Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni).
Les forces américaines déployées en Irak et en Syrie ont été attaquées plus de 66 fois depuis la mi-octobre, faisant des dizaines de blessés légers parmi le personnel américain, selon le Pentagone. Car les Etats-Unis comptent environ 2 500 soldats en Irak et 900 en Syrie, prétendument présents afin d’empêcher une résurgence du groupe Etat islamique, mais occupant illégalement des pans de la Syrie et détenant des bases militaires en Irak. Une présence destinée à voler des ressources syriennes et à exciter et soutenir des groupes locaux (tribus arabes et/ou sunnnites, rebelles kurdes…) empêchant ces pays de retrouver une forme de paix et d’unité.
La plupart de ces attaques menées à l’aide de roquettes ou de drones ont été revendiquées par un groupe appelé « Résistance islamique en Irak », un regroupement de mouvements armés.
Occupation et représailles américaines
Le 21 novembre, le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a annoncé avoir mené des « frappes de précision » sur deux sites en Irak : dont un bombardement dans la région d’Abou Ghraib près de Bagdad qui a visé un véhicule du Hachd al-Chaabi, puissante coalition d’ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières, faisant un mort et plusieurs blessés, Washington revendiquant une frappe aérienne « d’auto-défense ».
Cette frappe américaine du 21 novembre dans la région d’Abou Ghraib avait été menée en riposte à l’attaque la veille d’un « missile balistique à courte portée » sur la base irakienne d’Aïn al-Assad, où sont stationnées des troupes américaines, selon le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder. L’attaque sur Aïn al-Assad a fait huit blessés et quelques dégâts légers sur la base.
Hachd al-Chaabi a d’ailleurs annoncé qu’un de ses membres avait été tué au combat dans « la bataille » contre les forces américaines en Irak. Des funérailles se sont tenues le jour même près d’une mosquée de Bagdad pour ce combattant, Fadel al-Maksoussi, en présence de plusieurs centaines de membres du mouvement. Son cercueil était recouvert d’un drapeau aux couleurs des « Brigades du Hezbollah » (faction du Hachd al-Chaabi intégrés aux forces régulières irakiennes).
Washington a également bombardé précédemment à trois reprises en Syrie des sites qu’il juge liés à l’Iran et a édicté des sanctions contre sept personnes liées à deux groupes armés irakiens : les Brigades du Hezbollah et les brigades Sayyed al-Chouhada.
En Irak, les États-Unis assurent que leur engagement se limite à un rôle d’assistance et de conseil apportés aux forces locales dans la lutte contre l’organisation extrémiste. Dont les autorités irakiennes ne semblent pas être au courant… puisque, réagissant aux bombardements américains, le gouvernement irakien a condamné mercredi une « violation flagrante de la souveraineté » et une « dangereuse escalade », soulignant que ces frappes avaient été menées « à l’insu » des autorités.
Peu après, Hadi al-Ameri, un haut commandant du Hachd al-Chaabi a dénoncé les « agressions américaines ». Il a réitéré l’appel régulièrement lancé par les autorités, réclamant « une sortie immédiate d’Irak des forces américaines et des troupes de la coalition ». Les dernières frappes sont la « preuve » venant démentir « les allégations américaines selon lesquelles leur présence en Irak se limite à « des conseillers et des formateurs » », a-t-il déclaré.
Les Brigades du Hezbollah et l’Axe de la résistance
Les Brigades du Hezbollah en Irak (sans lien organique avec l’organisation Hezbollah au Liban) se sont fait connaître en janvier 2020 lors de protestations devant l’ambassade américaine en Irak, située en plein cœur de la « green zone », ce périmètre ultra-sécurisé de Bagdad où sont localisés les centres de décision et de représentation occidentaux. À la suite de frappes menées par les États-Unis – elles-mêmes consécutives à la mort d’un sous-traitant américain tué par des tirs de roquettes -, des milliers d’Irakiens s’en étaient pris à l’ambassade, symbole de la présence américaine dans la région.
Avec d’autres groupes de combattants pro-Iran, les brigades du Hezbollah avaient été intégrées en 2014 au Hachd al-Chaabi pour appuyer la lutte de l’armée irakienne contre les jihadistes présents en nombre dans la zone. Et bien avant ça, les Brigades du Hezbollah avaient mené leur première action, contre des soldats américains, en 2003, dans la foulée de l’invasion qui a renversé Saddam Hussein.
Avec leur ancienneté, leur nombre et leur degré d’entraînement ces Brigades du Hezbollah, constituent la troisième force de « l’Axe de résistance » au Proche-Orient, derrière les Gardiens de la révolution iraniens et le Hezbollah libanais.