« La France continue d’importer une petite quantité de gaz russe : à peu près 10% de ses approvisionnements » a expliqué la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, à l’antenne de RMC le 27 octobre, précisant que les stocks stratégiques français sont remplis à 99 %. Et Pannier-Runacher a fait savoir que la part des importations de gaz en provenance de Russie dans l’Union européenne est d’environ 15 %, soulignant que cela était nettement inférieur à avant le conflit ukrainien lorsqu’elle était de 45 %.
La réalité concernant les importations
Les affirmations de Pannier-Runacher sont vraies… ou presque.
Ça n’est vrai, en réalité, que si on considère que le « GNL » (gaz naturel liquéfié) russe ne serait pas vraiment du « gaz » russe… Drôle de « pirouette » intellectuelle, non ?
- Car ces statistiques ne concernent que les importations de gaz russe transporté par gazoduc (dont la Russie réclame le paiement dans une banque russe) et n’intègrent pas le volume de gaz russe importé sous forme de GNL (celui qui est liquéfié par réfrigération à -162° et transporté par méthanier)…
- Et car les statistiques ne concernent que le gaz russe importé directement de Russie, et pas le gaz russe acheté et importé par l’intermédiaires de pays tiers (comme le Kazakhstan)…
En réalité, l’Union européenne est devenue le plus gros acheteur de gaz liquéfié russe au cours des neuf premiers mois de 2023 ! Malgré leur « engagement » à s’éloigner du carburant russe, l’Espagne et la France sont les deuxième et troisième acheteurs de gaz naturel liquéfié russe après la Chine !
Les données commerciales d’Eurostat montrent que Madrid a envoyé 1,8 milliard d’euros à Moscou au cours des neuf premiers mois de l’année.
Et que le deuxième acheteur européen était la France avec des expéditions d’une valeur de 1,5 milliard d’euros arrivant dans ses ports. Le GNL est livré par bateau dans les cinq terminaux français aptes à l’injecter dans le réseau : deux se trouvent à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), un autre à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) et le dernier à Dunkerque (Nord). La Russie est toujours le deuxième pays d’origine d’importation de GNL en France, derrière les États-Unis mais devant l’Algérie ou le Qatar. Après l’invasion de l’Ukraine, la France a partiellement remplacé le gaz russe par du GNL provenant de l’usine russe Yamal LNG (dont TotalEnergies possède 20% des parts).
Tandis que la Belgique suivait de près en achetant pour 1,36 milliard d’euros de GNL russe.
Certains des plus ardents soutiens de Kiev en Europe, notamment l’Estonie et la Lituanie, ont également continué à envoyer de l’argent à Moscou pour acheter du GNL.
Les pays de l’Union européenne, en achetant plus de la moitié des exportations de GNL de Moscou, ont ainsi discrètement financé cette année l’économie et le budget russe à hauteur de 6,1 milliards d’euros (5,4 milliards de livres sterling) grâce à l’achat de gaz naturel liquéfié (GNL), selon The Telegraph.
La réalité concernant les stocks
Quant aux réserves de gaz, Pannier-Runacher oublie encore de préciser qu’elles sont pleines :
- de gaz acheté à prix élevé,
- et que c’est « grâce » à la récession économique : les entreprises produisent moins, voire plus du tout pour celles qui ont fait faillite ou se sont délocalisées là où le gaz est moins cher (par exemple aux États-Unis) et donc consomment moins.
Et donc, selon nos édiles, « les sanctions occidentales fonctionnent » et on ne devrait pas tarder « à voir la Russie à genoux ». Ou pas…