Louvois
Après vingt années d’attermoiements, de mauvais choix, de reculades et finalement de désastres, le très coûteux et inefficace système informatique de paie pour les militaires français « Louvois » a enfin un successeur désigné. L’entreprise Sopra vient d’annoncer que sa filiale HR Software avait remporté l’appel d’offre pour réaliser « Source solde ». Les ennuis ne sont pas terminés pourtant pour les soldats de France : « Source solde » ne sera pas opérationnel avant 2017. C’est toujours mieux que Louvois, lancé en 1996 pour n’être opérationnel qu’en 2011. Ce nouveau contrat coûtera à la France 128 millions d’euros sur dix ans.
Les problèmes de Louvois ont conduit des familles à la ruine, à des divorces, en privant des militaires parfois durant plusieurs mois de solde, d’une partie de solde quand d’autres au contraire recevaient des primes indûment. Plus de 100 000 militaires ont été touchés.
Sopra et Steria
Il est à noter que Sopra avait déjà été impliqué dans une version avortée du projet Louvois, recevant déjà à l’époque de l’argent du ministère de la Défense. C’est finalement la société Steria qui avait été choisie avec le résultat connu. Or, en janvier dernier, les deux sociétés ont fusionné. Ce sont donc deux sociétés responsables du fiasco Louvois qui ont été choisies pour… remédier au problème Louvois. Steria pourrait par ailleurs recevoir des dédommagements pour avoir mis en place un système inexploitable.
Dans cette affaire, à l’image de leur République, l’immense gâchis – plusieurs centaines de millions d’euros – n’est la faute de personne. Les très nombreuses études et audits – eux aussi très coûteux –, enquêtes, rapport de la Cour des comptes, etc., ont établi d’innombrables fautes, mais n’ont jamais déterminé la responsabilité d’une seule personne. Un seul chiffre pour démontrer l’ampleur du problème : fin 2012, le ministère de la Défense avait recruté près de 600 personnes pour tenter de gérer les problèmes. Le seul coût salarial de ces 600 contractuels, pour un mois, fut de plus de 1,6 million d’euros.
Vers la fin discrète des portiques écotaxe
Parallèlement, un autre gouffre financier prend fin doucement, celui d’écotaxe. Le chiffrage de la gabegie républicaine est tout autant impossible qu’avec Louvois. À quelques centaines de millions d’euros près, les experts ont estimé que le fiasco d’écotaxe a coûté et coûtera aux contribuables français environ un milliard d’euros. Dans cette affaire encore, ni responsable, ni coupable. Des sociétés et des actionnaires s’engraissent à millions pour des services qui ne sont jamais rendus, des décisions aberrantes sont prises par des ministres, des préfets et toute une chaîne de « responsables » dont aucun ne l’est.
Le gouvernement a lancé un appel d’offres pour le démantèlement des portiques, dont il reste 160, ainsi que 986 panneaux de signalisation et 718 000 boîtiers embarqués et l’évacuation du centre informatique d’Écomouv à Metz, qui se termine le 30 avril.
L’opération devrait s’avérer très onéreuse pour les Français, et très rentable pour les sociétés choisies. Le démontage et l’évacuation d’un seul portique sont estimés à 12 000 euros, soit 1 920 000 euros pour l’ensemble. Les sociétés devront de plus remettre les terrains dans l’état initial.
Autre volet de ce fiasco, les 210 salariés d’Écomouv, la société créée ad hoc, viennent de recevoir leur lettre de licenciement. Ils devraient toucher un an de salaire.
« Par contre, l’aide promise et annoncée à grand renfort de déclarations, tant par le chef de l’État, François Hollande, que par Ségolène Royal ou des membres du gouvernement, n’a jamais existé. L’État français s’est moqué de nous »,
a témoigné une ancienne cadre de la société.