L’affaire a fait grand bruit au Brésil, deux jours après le premier tour de l’élection présidentielle le 7 octobre dernier, lors duquel le candidat nationaliste Jair Bolsonaro était arrivé en tête avec 46% des voix : une jeune femme, une croix gammée lacérée sur le ventre, s’était dite victime d’une agression politique. Le 24 octobre, la police brésilienne a révélé que la «victime» s’était en réalité automutilée.
Les blessures constatées sur le corps de la jeune militante LGBT anti-Bolsonaro de 21 ans seraient «superficielles», «rectilignes», et donc parfaitement incompatibles avec une quelconque réaction de résistance face à un présumé agresseur. Elle avait pourtant raconté avoir été assaillie par trois hommes alors qu’elle portait un sac à dos sur lequel apparaissaient un autocollant anti-Bolsonaro et les couleurs du drapeau arc-en-ciel.
Aucune trace de coup n’a été constatée par la police et la plaignante n’apparaît sur aucune caméra de surveillance de la zone où elle prétendait avoir été agressée, ainsi que l’a confirmé le commissaire Paulo César Jardim, qui a décrit une jeune femme «instable émotionnellement» et sous «traitement psychiatrique».
Seul problème : cette affaire n’était pas restée au stade du fait divers. Bien au contraire, la (fausse) agression avait été largement dénoncée sur les réseaux sociaux, ainsi que par la presse brésilienne, et était censée symboliser la supposée flambée de violence accompagnant l’ascension vers le pouvoir de Jair Bolsonaro…
«Qui diffuse de fausses informations ? Canailles ! Vagabonds ! Sans mentir, le PT n’existe pas !», a réagi ce 24 octobre sur Twitter Jair Bolsonaro, rappelant que son adversaire Fernando Haddad, candidat pour le Parti des travailleurs (PT), avait attribué l’agression à ses supporteurs. De fait, Fernando Haddad n’en est pas à sa première «fake news». Il avait récemment repris les accusations du chanteur Geraldo Azevedo, qui affirmait que le colistier de Jair Bolsonaro, le général Mourao, avait été l’un de ses tortionnaires sous la dictature militaire. Seulement voilà, le général en question était adolescent à l’époque. Le chanteur a admis une «erreur».
« Calomniez, calomniez… Il en restera toujours quelque chose ». Voilà le dernier outil de tous ceux qui de par le monde se sentent menacés par la vague populiste anti-mondialiste qui monte. Mais les Brésiliens ne s’y seront pas laissés prendre, eux qui ont élu dimanche à la présidence de la République Jair Bolsonaro avec plus de 46 % des voix au premier tour et 55,13 % au second.
À tous ceux qui n’ont ni la mémoire courte; ni la mémoire implantée:
Marie-Léonie Leblanc bis… ou les prolixes de l’indicible…