Charles Huntziger, général d’armée française. Ses parents ont fui l’arrivé des prussiens en 1870 sur les terres d’Alsace pour se fixer en Bretagne. Il y naît le 25 juin 1880.
Sortie à 20 ans de Saint-Cyr, promotion Marchand. Il choisi de servir dans la coloniale (Madagascar, Sénégal et Indochine). Durant le conflit de la 1ère guerre mondiale, après la Somme, la Champagne il servira au sein de l’Armée d’Orient sous les ordres du général Franchet d’Espèrey. Ce dernier le présentera comme « l’auteur de la victoire de 1918 en Orient ».
Il devient à 48 ans le plus jeune général de l’armée française. Passons sur ces années de service en Chine, au Levant pour le retrouver à la tête de la 2° armée puis le 4° groupe d’armée dans les Ardennes en mai-juin 1940.
Il a ensuite la lourde charge de présider la délégation française des commissions d’armistice chargée de signer le 22 juin 1940 à Rethondes face aux allemands puis le 24 juin 1940 à Rome avec les italiens.
Alors commandant en chef des forces terrestres il est nommé ministre secrétaire d’Etat à la Guerre le 6 septembre 1940.
Mais nous voilà en novembre 1941. A l’invitation du général Weygand il part en inspection en Afrique du Nord afin d’assister aux cérémonies du centenaire de la création des troupes d’Afrique.
Promoteur du relèvement moral de l’armée dans le cadre de la Révolution Nationale en instituant l’armée d’armistice, mais peu nombreuse sur le sol national.
Il fonde de grand espoirs sur l’armée d’Afrique qui pourra le moment venue restaurer l’indépendance et la grandeur de la France mais dans la fidélité à l’Etat Français de la Révolution Nationale et à la personne du maréchal Pétain. Avec le soucis de ne pas tomber dans la dissidence gaulliste.
Mais les choses bougent en métropole, l’amiral Darlan et les allemands veulent éliminer Weygand de son poste de délégué du gouvernement en Afrique. Et Huntziger veut pouvoir par sa présence les en empêcher.
Il décide donc de rentrer sur Vichy le 12 novembre en décollant d’Alger vers 8h30, avec son avion personnel (un Potez 662) sans se rendre en Tunisie comme cela était prévu.
En cette période de l’année les conditions météo sont très mauvaises au-dessus des Cévennes. L’avion couvert de givre s’écrase près du Mont Aigoual sur la commune de Bréau-et-Salagosse dans le Gard à 13H15.
Ce sont une quinzaine de jeunes hommes du groupement 18 des Chantiers de Jeunesse du Vigan présent dans la zone pour des travaux forestiers qui vont rechercher et retrouver au col du Minier l’avion écrasé et les corps des sept occupants de l’avion. Ils découvriront lors de cette vaine opération de sauvetage l’importance de l’une des victimes ! le général Huntziger !
La violence du choc, l’avion s’étant écrasé verticalement a profondément marqué les corps des victimes difficilement identifiable. Mais la sacoche en cuir du général retrouvé pendu à un arbre permit rapidement de connaitre l’identité des victimes.
Ils seront rejoins par des éléments d’une compagnie de travailleurs indochinois.
L’envoi d’un coursier pour prévenir les autorités prendra du temps à cause de l’éloignement du site, de la météo et de la distance à parcourir à pieds.
Avec le général Huntziger se trouvait son officier d’ordonnance le capitaine de Royère, son chef de cabinet civil Jean Labusqière, le capitaine Racaboy commandant de bord, le sous-lieutenant Lefebvre pilote, l’adjudant Gaspard radio et le sergent-chef Chavannes mécanicien.
Après l’arrivée de nombreux officiels, généraux sur le lieu, la garde d’honneur des Chantiers de Jeunesse sera relevée par celle d’un groupe de gendarmes.
Le 14 novembre le général est cité à l’ordre de la Nation.
« Chef de très haute valeur dont la patrie conservera pieusement le souvenir.
Au cours d’une magnifique carrière, il n’a eu qu’une seule ambition ; servir la France.
Il a servi sous tous les cieux : en Orient, aux heures glorieuses de 1918, au Brésil, à Madagascar, en Chine, au levant. Partout, il a su, par son rayonnement, s’attirer l’amitié et l’affection de tous.
Comme commandant de la IIe armée en mai 1940 , il a opposé en Argonne une résistance victorieuse à un adversaire supérieur en nombre et en matériel.
Commandant en chef des forces terrestres après l’armistice, qu’il avait eu le douloureux honneur de signer, il avait la responsabilité de l’armée française comme ministre, secrétaire d’État à la Guerre, poste auquel l’avait appelé le chef de l’Etat.
A trouvé la mort alors qu’il regagnait Vichy en avion après un voyage d’inspection en Afrique, au cours duquel il avait encore resserré les liens unissant la France d’outre-mer à la Mère patrie. »
Des obsèques nationales furent ordonnées à Vichy.
Le Général Huntziger sera ensuite enterré au cimetière de Passy.
En juin 1942, c’est une stèle commémorant l’action du groupe 18 des Chantiers de Jeunesse pour l’opération de secours spontanée, qui est érigé au col du Minier sur la départementale 48 :
Enfin en septembre 1942, un monument est érigé sur le lieu de la tragédie et inauguré par les officiels civils et militaires de l’Etat Français :
Ces deux monuments existent toujours même si l’action du temps et le non entretien par les autorités actuelles font que malheureusement à terme si aucune action n’est entreprise il n’en restera plus grand-chose.
Alors faisons notre la devise que le général Huntziger fit peindre sur le fuselage de son avion (celle de sa IIe armée) « Plus est en nous ».