Le 9 mars 1985, un attentat ensanglantait la gare ferroviaire de Bounovo en Bulgarie (à l’époque un État satellite de l’URSS, derrière le rideau de fer), faisant 7 morts et 9 blessés. Un engin explosif avait été posé par des membres d’une organisation terroriste pro-turque dans un wagon du train n° 526, occupé par des femmes et des enfants, sur la ligne Bourgas-Sofia.
La bombe était programmée pour exploser dans le tunnel « Galabets » au sortir de la gare de Bounovo (environ 50 kilomètres à l’Est de Sofia), pour faire le plus grand nombre de victimes. Mais le retard de deux minutes du train fait éclater la bombe dans la gare même à 21h31.
Sept personnes sont tuées sur le coup, dont des enfants sourds-muets rentrant chez eux : Georgi Tsvetanov 12 ans, Stefan Atanasov 13 ans, Emil Georgiev 40 ans, Stilian Ivanov 60 ans, Nikolay Genkov 63 ans et Raina Bozukov 64 ans. Neuf autres personnes dont deux enfants sont également blessés.
La nuit suivante une bombe explosait dans le hall d’un hôtel à Sliven (23 blessés) et une autre était désamorcée sur une plage de Varna. Et moins d’un an avant, le 30 août 1984, deux bombes avaient déjà explosé sur le parking de l’aéroport de Varna (2 femmes blessées) et dans salle d’attente de la gare ferroviaire de Plovdiv (1 femme tuée et 42 autres personnes blessées).
La vague d’attentats était le fait de terroristes militants pro-turcs, issus du « Mouvement de libération nationale turque en Bulgarie » opposé au processus dit de « régénération nationale ». Ce processus était une tentative du Parti communiste bulgare d’imposer une assimilation de la population musulmane, Turcs , Pomaques, Tatars et Roms (changement des noms, restrictions à l’utilisation de langues étrangères, déclaration de confession religieuse…).
Le 25 avril 1988 trois des terroristes étaient condamnés à mort : Elin Madjarov (Emin Mehmedali), Altsek Chakyrov (Abdullah Cakir) et Georgiev Sava (Saafet Rajab). Quelques mois plus tard, leur sentence est confirmée par le Conseil d’État et ils sont exécutés. Sont condamnés comme complices : à six ans de prison Sevdalin Alipiev Madjarov (Sabri Mehmedali), à deux ans de prison Nikola Nikolov, à un an de prison Sevda Latinova et Milko Vulkanov.
L’organisation avait pour idéologue Ahmed Dogan, alors agent de la sinistre DS (Държавна сигурност), la sécurité d’État, qui sera le fondateur du DPS (« Mouvement pour les Droits et les Libertés ») en 1990, parti politique affilié à l’Internationale libérale, bénéficiant du soutien de la plupart des Turcs ethniques et musulmans de Bulgarie.
Il est arrêté en 1986 à la suite de la vague d’attentat, emprisonné dans le couloir de la mort de la prison de Pazardjik puis condamné à 10 ans de prison en 1990 comme fondateur d’une organisation anti-étatique. Mais la même année, il est finalement gracié et reçoit également une somme de 50 000 levs (environ 25 000 €) en compensation de son préjudice… De nombreux observateurs pensent que la répression qui l’a frappé était factice et que son sort est en réalité lié à une opération de la Sécurité d’État lui permettant d’accréditer, après la chute du communisme, son aura de « combattant pour les libertés et droits des minorités »…
Sabri Mehmedali, (frère du terroriste Emin Mehmedali, condamné à mort et exécuté), qui avait plaidé coupable de complicité dans l’attentat de Bounovo ayant tué femmes et enfants, est scandaleusement considéré comme « prisonnier politique » après la chute du communisme. Il est libéré au bout de deux ans et se voit allouer une compensation monétaire en raison « du traitement inéquitable dont il a été l’objet ». Il devient plus tard un cadre régional du DPS, le parti séparatiste pro-turc, dans la région de Varna.
Trente-deux civils bulgares innocents, au total, ont trouvé la mort au cours des cinq années de la campagne d’attentats du mouvement pro-turc de 1983 à 1988. Une plaque est apposée en gare de Bounovo en 1990 et un monument à la mémoire des victimes de sept mètres de haut a été érigé le 11 septembre 2007. De même une modeste plaque a été apposée en gare de Plovdiv en mémoire des nombreuses victimes.
Ne tirant aucune leçon du passé, les maîtres d’aujourd’hui en Europe, pas plus que les maîtres d’hier derrière le rideau de fer, n’hésitent à exposer les Européens autochtones à tous les risques que portent en germe leurs idéologies mortifères du « vivre-ensemble » et de la « société multi-raciale et multi-culturelle », quel qu’en soit le versant choisi, intégration ou assimilation…