Entretien paru dans le journal Rivarol n° 3199, du 30 juillet au 2 septembre 2015.
L’Œuvre française a été dissoute par Valls en juillet 2013, ce qui a été confirmé en urgence et au fond par le Conseil d’Etat. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet épisode ?
Sans surprise, car présidé par Jean Marc Sauvé qui fut il y a plus de vingt ans l’artisan de l’interdiction du journal de l’Œuvre française, le Conseil d’Etat a confirmé la dissolution. Utilisant un fait divers tragique, l’affaire Méric (à laquelle l’Œuvre française est totalement étrangère), le nouveau converti au judaïsme politique, Manuel Valls, a profité de ses fonctions de ministre de l’Intérieur pour mener un combat personnel qu’il place dans la continuation de l’action de Léon Blum, du Front populaire, de la dissolution des ligues en 36, et de la guerre d’Espagne. Même s’il a revendiqué son acte, lors de son discours d’ouverture de l’Université d’été du PS à la Rochelle en 2013, qualifiant l’Œuvre française de « matrice de l’extrême-droite depuis 30 ans », Valls reste le petit commis des puissants qui mènent ce monde ; car le véritable donneur d’ordre est le président du Congrès Juif Mondial, Ronald Lauder, qui le 6 février 2013 a exigé d’Hollande lors de sa remise de la légion d’honneur à l’Elysée, la destruction de l’Œuvre française, seul mouvement politique en France à s’opposer au projet juif de domination mondiale. A M. Sauvé le complice ; Valls l’exécutant ; l’insignifiant et soumis Hollande, le signataire des décrets de dissolution ; à Lauder le donneur d’ordres, nous rajoutons sur la liste de ceux que nous tenons pour responsables de cet acte inqualifiable, l’ancien préfet de Lyon Carenco. Ce dernier mène une guerre sans relâche aux nationalistes, ce qui lui a valu, en récompense, d’être promu Préfet de Paris. Il a récemment encore porté plainte contre moi pour diffamation car j’ai osé lier sa nomination à la guerre qu’il nous mène, de même que pour Mme Leglise que d’aucuns ont surnommé madame synagogue, qui, en tant que directrice du Bureau dit des Libertés publiques au ministère de l’Intérieur a tenu avec zèle et assiduité l’instruction du procès en sorcellerie aboutissant à l’interdiction de l’Œuvre française. En allant jusqu’à se présenter en personne devant le Conseil d’Etat lorsque fut examiné le référé en urgence contestant l’interdiction, elle a bien mérité sa récente légion d’honneur.
Par ailleurs, vous êtes mis en examen pour reconstitution de ligue dissoute. Que vous reproche-t-on au juste ?
On nous reproche à Alexandre Gabriac et moi-même d’avoir continué nos activités politiques que ce soit à travers des réunions publiques organisées par le CLAN (Comité de Liaison et d’Aide Nationaliste) ou des commémorations comme le six février sur la tombe de Robert Brasillach. L’enquête a été menée par l’antiterrorisme. Tout y est passé : des écoutes téléphoniques à la surveillance de nos comptes bancaires… Dans le dossier de justice, qui fait 60cm d’épaisseur, on trouve des photos de police réalisées à partir de sous-marins embusqués devant le lieu de nos réunions et de nos rassemblements. Au moment de l’affaire Charlie, les spécialistes du renseignement ont déclaré qu’il fallait entre 20 et 25 policiers pour suivre un individu au quotidien. On peut donc affirmer que pour surveiller Gabriac et Benedetti, le système a du et doit mobiliser plus de 40 policiers. Vous voyez le délire. Et pendant qu’ils espionnaient les moindres faits et gestes des petits poissons que nous sommes, ils ont laissé passer dans les mailles du filet de dangereux requins comme Sahli, Coulibaly ou les frères Kouachi. De toute façon j’ai déclaré, et j’ai maintenu mes propos devant le juge d’instruction, que l’ Œuvre française ne pouvait être dissoute en tant qu’institution car elle incarne la France historique. Je leur ai dit et répété que l’ Œuvre française existe et existera encore quand on ne parlera plus ni de Valls ni de Hollande. A moins de nous dissoudre dans l’acide, cette dictature socialiste nous trouvera toujours sur sa route. Le mouvement créé par Pierre Sidos s’incarne aujourd’hui dans la figure de son président Yvan Benedetti.
Depuis une interview à BFMTV et à Rivarol de J.M. Le Pen, le Front national connaît une grave crise politique et familiale qui semble s’aggraver de jour en jour ? Comment l’analysez-vous ?
Quand le système ne peut détruire un opposant de l’extérieur, il le noyaute afin de le neutraliser de l’intérieur. C’est une méthode d’action permanente de la subversion. Les artisans de la destruction du Front National canal historique ont été la propre fille du fondateur et Florian Philippot, un agent du système en mission commandée. Je pense que Jean-Marie Le Pen est tombé dans un piège que lui ont tendu nos ennemis. Tout a été manigancé selon un scénario d’autant plus prévisible qu’il s’était déjà déroulé l’année dernière lors de l’affaire de la « fournée ». Bourdin sur RMC a été le complice en interrogeant de manière insistante le menhir sur « le point de détail ». La réponse de celui qui jamais ne se dédit était prévue d’avance. La campagne médiatique en externe et la pression des marinistes en interne sur la présidente du FN a suffit pour faire sauter le dernier verrou qui constituait un frein à la normalisation du FN, les liens sentimentaux, familiaux et financiers entre le père et la fille. Lors de ma comparution en 2011 devant la commission de discipline du FN j’avais fait le procès de la dédiabolisation. J’avais indiqué alors que la dédiabolisation était un monstre froid qui dévorerait tous ses enfants. J’avais rajouté qu’une maille avait été tirée et que tout le tricot allait venir. Jean-Marie Le Pen qui était présent et qui avait pris ma défense avait opiné du chef. Mais si la mise à l’écart du fondateur du Front National était prévisible, sa suspension n’en a pas été pour le moins violente et indécente. Le spectacle de La Pen reniant son père en direct lors de la grande messe du journal de 20h sur TF1 était écœurant. Ce soir là, loin d’endosser le costume d’Homme d’Etat comme l’a clamé Philippot, elle n’a revêtu que les fripes de larbin du système. De plus elle a commis une double faute, morale et politique : Il faut respecter son père et honorer les vieux soldats!
Quels sont selon vous les ressorts, les causes et les conséquences prévisibles de cette crise ?
La destitution du vieux chef constitue l’achèvement du ralliement du néo-FN au système. Le parricide lève définitivement les ambiguïtés. La Le Pen fait partie du système, elle est aux mains des lobbies. Avec beaucoup de panache et malgré ses défauts, Le Pen incarnait la France ; sa fille ne fait que représenter la République. Il n’est point besoin de rappeler aux lecteurs de Rivarol toutes les compromissions dont elle est la championne. La constitution d’un groupe au parlement européen au moment où elle se débarrasse du père ne doit rien au hasard. Rien au hasard non plus, son adoubement par le président du CRIF Roger Cukierman qui lui a décerné un brevet d’irréprochabilité. Le Pen malgré sa belle résistance n’y peut rien. Aveuglé par sa fille qu’il voyait belle comme un soleil, il n’a pas vu le coup venir. Déjà l’année dernière, répondant à vos questions, j’avais dit que Gollnisch et lui avaient perdu la main. A la Jeanne d’Arc du 1er mai, la Le Pen arborait à la boutonnière la Flamme d’honneur, qu’elle n’avait jamais portée, avec derrière elle, le slogan « Faire Front », tout cela comme marqueur du FN. Le discours était plus lepeniste que Le Pen, tout cela pour rassurer les frontistes historiques et pour mieux enterrer Jean-Marie Le Pen. Il ne reste au vieux lion qu’une faculté de nuisance. Car la normalisation du néoFN qui va succéder à la dédiabolisation va aller en s’accélérant. C’est comme un plan incliné qu’il est impossible de remonter. Déjà Louis Alliot s’affiche à la journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français et la Le Pen, toujours flanqué d’Alliot, a partagé un déjeuner cascher avec une délégation du parlement juif européen de Strasbourg où elle a rappelé que « l’antisémitisme n’a pas sa place dans sa formation politique » et qu’elle « condamne le boycott d’Israël ». Elle ne rebroussera pas chemin sur la route de Canossa à destination de Yad Vaschem.
Vous pensez donc qu’il n’y a plus rien à attendre du Front National de Marine Le Pen ?
Pour bien connaître son fonctionnement de l’intérieur, le néo-FN est un parti comme les autres. Il en a les mêmes tares et les mêmes vices. C’est un syndicat d’intérêts dont le moteur est le carriérisme et l’enrichissement personnel où règne l’esprit courtisant et se pratique le droit de cuissage de petits barons sodomites. Il n’est qu’à voir avec quelle rapidité les cadres ont retourné leur veste, reniant avec force de déclarations ou en silence Jean-Marie Le Pen pour un mandat ou une investiture. La seule chose qui le distingue de l’UMPS c’est qu’il n’a jamais gouverné. Du point de vu de la méthode, comme Paris valait bien une messe, certains tentent de nous expliquer que 2017 vaudrait bien quelques concessions par soucis tactiques. Nous serions la vieille extrême droite poussiéreuse et nostalgique qui n’a connu que la défaite. Ce qu’ils ignorent, c’est que l’erreur qu’ils commettent n’est pas nouvelle et qu’elle a fait perdre le mouvement national à de multiples reprises tant avant guerre, au moment des ligues et du six-février 1934, que pendant le conflit algérien avec l’échec de l’OAS. Il faut s’attaquer à la racine du mal et non à ses conséquences. Il faut éradiquer la tumeur cancéreuse et non se contenter de traiter les cellules malades. Le système n’est ni amendable, ni réformable. Bâti sur deux mensonges, celui de la révolution bourgeoise de 1789 des pseudos Droit de l’Homme et de la religion shoatique de 1945, le système doit disparaître et être remplacer par un ordre nouveau naturel et organique. Pour cela il ne faut faire aucune concession. A ce titre la situation en Grèce est riche d’enseignement.
Justement comment analysez-vous la crise politico-financière en Grèce ?
Le néo-FN a cru intelligent de soutenir le mouvement Syriza qui devait ébranler la tutelle de l’Union européenne et délivrer les grecs de la politique d’austérité. En fait, à la suite des précédents, ce gouvernement populiste n’a pour but que de faire accepter par les grecs un énieme plan d’austérité imposé par l’oligarchie européenne. En bon politicien, Alexis Tsipras avait spéculé sur la victoire du « oui » au référendum qu’il avait lui-même proposé, pour accepter, à contre cœur aurait-il assuré, démocratie oblige, un nouveau plan d’austérité. A l’annonce des résultats, Tsipras avait commenté les résultats et la victoire du « Non » devant un drapeau de l’Union européenne. Et dans la soirée, il avait sacrifié son ministre des finances très hostile au diktat de la Troïka. Il ne lui restait plus qu’à renier ses engagements de campagne électorale. Mais 10 ans après la victoire du « Non » chez nous, la Grèce a repris le flambeau du «Non» aux eurocrates. Les mondialistes sont dans l’impasse. Ce nouveau plan ne fait que reculer l’échéance de sortie de l’Euro. Car le système financier international est trop fragile pour accepter une renégociation de la dette grecque qui s’élève à près de 350 milliards d’euros. Et ils redoutent l’effet domino d’une sortie de la Grèce de la zone euro. L’espérance née de ce « Oxi » est portée par l’idéal d’indépendance qu’incarnent les nationalistes d’Aube Dorée qui ne cèdent rien au système oligarchique. Ils sont la seule alternative. Voilà pourquoi la répression à l’encontre de nos camarades déjà très forte aujourd’hui risque de d’accentuer.
Quel jugement portez-vous sur la politique actuelle et quelle réponse faut-il apporter ?
Nous sommes à un carrefour. Je pense que la situation politique n’a jamais été aussi favorable à nos idées à mesure que notre pays s’enfonce dans la crise et le chaos. Depuis un moment, que je situe à la victoire du « Non » à la constitution européenne, les lignes de force qui traversent la société française ont basculé. La subversion, triomphante dans les années Mitterrand, est sur la défensive. Les plaques tectoniques de la politique se déplacent du mondialisme vers le nationalisme et nous sommes à l’avant-garde de ce moment d’inertie. Ce mouvement est insensible mais il existe des indicateurs à qui sait les observer. Que ce soit ce printemps français né de la révolte contre la légalisation du pseudo mariage homosexuel qui a été une divine surprise ; l’effet Zemour et le succès de son « Suicide français » ; les résultats électoraux du Front National qui sont un thermomètre du niveau de rejet du système plus qu’une médecine au mal ; la radicalisation d’une partie de l’UMP rebaptisé en Républicain qui engagé dans la course à l’échalotte avec le Front National coure après son électorat ; la lente agonie du journal Libération, symbole de cet esprit soixantuitard pourrisseur, la disparition, nous venons d’apprendre la bonne nouvelle, du journal décadent Têtu, tout cela alors que la revue conservatrice « Valeurs Actuelles » bat des records de vente ! Et même dans une certaine mesure, une fois la fureur retombée et l’effet de propagande dissipé, l’anéantissement de l’esprit décadent de Charlie Hebdo mort par là où il avait péché l’antiracisme, tué par des chances pour la France qu’il avait tant aimées… Nous sommes aujourd’hui confrontés à des défis que le pouvoir ne peut pas relever tant il est empêtré dans ses contradictions : la montée d’un takfirisme islamiste violent corolaire du problème d’immigration; une véritable invasion de milliers de migrants qui chaque jour envahissent l’Europe créant dans nos villes des situations apocalyptiques dont l’exemple le plus frappant est celui de Calais ; la menace de notre disparition en tant que race sous les coups de l’immigration, du métissage, de l’avortement ; la progression de la pauvreté conséquence d’une situation économique précaire et la concentration des richesses ; et enfin un vide spirituel et un manque d’idéal devant le matérialisme triomphant. Face à de tels dangers, le système est sans défense. C’est pour cela que chaque jour il s’affaiblit et que chaque jour le nationalisme se renforce. La seule solution possible c’est opérer un changement radical et profond. C’est une révolution nationale qu’il faut à la France !
Quel doit être l’outil de cette Révolution ? Etes-vous favorable au regroupement de tous les nationalistes dans une même structure ?
La situation est favorable pour construire une alternative crédible au système en dehors du Front National. La suspension de Jean-Marie Le Pen a levé l’ambiguïté qui perdurait depuis le Congrès de Tours. L’état d’euphorie dans lequel se trouve les néofrontistes peut continuer encore quelques temps mais il se brisera sur l’écueil de la gestion des responsabilités politiques. Il n’est pas loin du Capitole à la Roche tarpéienne et déjà percent les traces du collier et de la laisse que la Le Pen a autour du coup. De nombreuses personnalités qui font le mouvement national comme Roger Holeindre ou Pierre Vial ont appelé à la constitution d’une forme de Front patriotique. S’il sait s’extraire du règlement de compte familial, Jean-Marie Le Pen peut être et doit être le catalyseur de ce renouveau. Quant à nous nationalistes, nous sommes disponibles pour œuvrer au rassemblement du camp national, dans le respect de toutes ses composantes mais sur une base doctrinale claire et minimale : la défense de la famille et le refus de l’avortement, la défense de la liberté d’expression et l’abrogation de toutes les lois liberticides, la défense des éléments constitutifs de la France en tant que nation de race blanche, de tradition chrétienne et de culture gréco-latine, le tout dans son cadre civilisationnel européen. Mais avant cela et pour plus d’efficacité, les nationalistes, orphelins depuis les dissolutions, doivent se regrouper. C’est pourquoi je soutiens l’initiative d’André Gandillon dans sa volonté de rassemblement. Vieux militant nationaliste, homme de grande culture, rédacteur en chef de Militant, président des Amis de Rivarol et auteur de nombreux ouvrages, il est l’homme de la situation. J’appelle tous ceux qui nous soutiennent et nous font confiance à participer activement à cette structure. Chacun à notre poste, nous devons être conscients des enjeux qui sont historiques. L’heure est grave mais derrière les nuages percent un coin de ciel bleu. « Ce monde vétuste et sans joie, croulera demain devant notre foi… » dit le vieux chant révolutionnaire. Il faut croire en la victoire et s’en donner les moyens. Il ne tient qu’à nous.
Yvan Benedetti.
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