La première session judiciaire 2015 d’Éric Woerth s’est plutôt bien déroulée. À l’issue du procès de l’affaire Bettencourt, le parquet a requis la relaxe. Une demande surprenante, puisque durant le procès les « coïncidences troublantes » avaient été rappelées.
C’est durant l’instruction de ce premier dossier qu’avait été découverte une autre affaire. L’ancien ministre de Nicolas Sárközy est accusé d’avoir fait embaucher sa femme, Florence Woerth, par Patrice De Maistre, le gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt. En échange d’une médaille de la Légion d’honneur (sic), Patrice De Maistre serait intervenu pour obtenir un poste à la femme d’Éric Woerth au sein de la société Clymène, une filiale de Thétys : la première était chargée des intérêts de Liliane Bettencourt, la seconde des actions de la société Loréal.
Patrice De Maistre, poursuivi avec Éric Woerth dans cette affaire pour trafic d’influence, avait obtenu la Légion d’honneur le 14 juillet 2007 – l’année où Florence Woerth a obtenu son poste –, dans la première promotion signée Nicolas Sárközy. C’est Éric Woerth en personne, alors ministre du Budget – et trésorier de l’UMP –, qui l’avait décoré début 2008 après avoir tout fait pour que le hochet lui échoie.
De fortes présomptions existent sur des détournements de la fortune Bettencourt pour financer l’UMP et les politiciens corrompus du parti libéral, des faits dont Patrice De Maistre aurait été le pivot.
« Il apparaît parfaitement établi que dès le 19 janvier 2007, Éric Woerth a sollicité Patrice de Maistre pour qu’il reçoive sa femme qui souhaitait donner une nouvelle orientation à sa carrière, que des contacts ont été pris à cette fin, à compter du 15 mars 2007, en vue de son embauche au sein de la société Clymène, et que cette embauche est intervenue le 12 novembre 2007 »
écrivaient les juges dans l’ordonnance de renvoi d’Éric Werth devant la justice.
« J’identifie le potentiel de M. de Maistre dans le cadre de cette campagne. […] quelqu’un qui nous aide, nous présente un certain nombre de gens […] [qui a] un très bon profil »
a tenté de se justifier hier Éric Woerth à l’audience. L’ancien ministre a ainsi rappelé que pour les républicains exemplaires, financer un parti politique et favoriser les relations immorales est une excellente raison de remettre à un individu la légion « d’honneur ».
« Il est très sympathique et c’est lui qui s’occupe de mes impôts »,
avait précisé Patrice De Maistre – issu de l’oligarchie – à Liliane Bettencourt lors d’un entretien enregistré par la majordome de cette dernière, avant de préciser ne pas « trouver idiot » d’avoir embauché sa femme.
Si Éric Woerth n’était condamné que dans cette affaire, il s’en tirerait mieux que son ami qui, lui, risque très fortement d’être reconnu coupable dans les deux.