L’élargissement de l’Otan (fondé le 4 avril 1949) s’est nettement accélérée à partir de la chute du mur de Berlin et, dans son sillage, du bloc de l’Est. Les territoires de l’Allemagne de l’Est sont intégrés dès octobre 1990. Viendront ensuite, en 1999, la République tchèque, la Hongrie et la Pologne, tous d’anciens États satellites de l’ex-URSS. Puis en 2004, Bulgarie, Estonie, Lituanie, Lettonie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie. En 2009, l’Albanie et la Croatie. En 2017, le Monténégro et en 2020 la Macédoine du Nord. À tel point que 7 pays sur les 8 que comptait le Pacte de Varsovie (URSS, Albanie, RDA, Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie) sont maintenant membres de l’OTAN !
À force d’étendre l’OTAN vers l’Est, le problème d’un contact avec la Russie devait inévitablement se poser, une situation perçue comme menaçante et inacceptable car mettant directement en jeu sa survie.
Les États-Unis roulent depuis longtemps vers la confrontation finale, avec à l’arrière le passager Europe endormi…
En 1989, alors qu’il était un assistant de haut niveau de James Baker, négociant la réunification de l’Allemagne :
William Burns : « Avec le soutien du président Bush, Baker a vendu le concept au chancelier allemand Helmut Kohl et au ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher début février, d’accepter des négociations « 2 + 4 » pour accélérer une réunification allemande rapide et son adhésion complète à l’OTAN, tout en rassurant les Soviétiques sur le fait que l’OTAN ne serait pas plus loin à l’Est et que l’Alliance évoluerait pour refléter la fin de la guerre froide et vers partenariat potentiel avec l’Union soviétique.
Baker a soutenu que les intérêts soviétiques seraient plus garantis par une Allemagne réunifiée enserrée dans l’OTAN, plutôt qu’une Allemagne indépendante de l’Alliance mais disposant peut-être de ses propres armements nucléaires. Il a également assuré qu’il n’y aurait pas d’extension d’un pouce de la juridiction de l’OTAN ou de ses forces « plus à l’Est » de la frontière d’une Allemagne réunifiée »
Discutant de comment l’establishment de la politique étrangère russe a ressenti l’expansion de l’OTAN à partir de 1995, sous Eltsine, longtemps avant que Poutine ne soit au pouvoir :
William Burns : « L’hostilité à l’expansion précoce de l’OTAN », qui a été signalée juste après l’éclairage de Budapest, « se fait presque universellement ressentir dans tout le spectre politique national ici ».
Le 27 septembre 1994, le président Clinton reçoit Eltsine à la Maison-Blanche et lui indique que « L’expansion de l’OTAN n’est pas anti-russe ; elle n’est pas destinée à exclure la Russie, et il n’y a pas de calendrier imminent ». Mais les Russes apprirent à l’automne 1994 que le nouveau secrétaire d’État adjoint pour l’Europe, Richard Holbrooke, accélérait les discussions sur l’expansion de l’OTAN, en lançant même en novembre une étude de l’OTAN sur le « comment et pourquoi » concernant de nouveaux membres. Eltsine se plaignit à Clinton le 29 novembre. Il exprima brutalement sa déception le 5 décembre 1994, lors du sommet de Budapest de la CSCE. Devant un Clinton interloqué, il critiqua fortement l’attitude de l’OTAN, l’accusant de vouloir de nouveau scinder le continent.
A propos de Bill Clinton poursuivant l’expansion de l’OTAN, malgré les avertissements de l’ambassade américaine à Moscou que c’était une mauvaise idée :
William Burns : « Rien de moins que l’homme d’État George Kennan, architecte du « containement », a qualifié la décision d’expansion « d’erreur la plus fatidique de la politique américaine de toute l’ère de l’après-guerre froide ».
Là où nous avons fait une grave erreur stratégique – et où Kennan était prémonitoire – était que plus tard nous nous sommes laissé conduire par l’inertie à pousser l’adhésion à l’OTAN de l’Ukraine et de la Géorgie, malgré l’attachement historiquement profond de la Russie à ces deux États et aux protestations encore plus fortes qu’elle a élevées.
Cela a conduit à des dommages indélébiles, et a nourri l’appétit de futurs dirigeants russes pour en faire de même. »
Pour aller plus loin :
Expansion de l’OTAN : les origines de la grave crise actuelle Partie 1 ; Partie 2 ; Partie 3