1719 candidats
La chambre haute du Parlement sera en partie renouvelée le 28 septembre. Malgré une élection très fermée et qui réserve peu de surprise, le nombre de candidats voulant accéder à cette assemblée largement inutile n’a jamais été aussi élevé. Le ministère de l’Intérieur a reçu 1719 candidatures pour les 178 sièges remis en jeu : il s’agit d’un record : les kleptocrates n’étaient que 1 378 à tenter le coup en 2011 et seulement 754 en 2008. Ce résultat est gonflé par la subite passion du Front national pour les sénatoriales : le parti d’extrême droite présente des listes dans toutes les circonscriptions.
Ces élections concernent 178 sénateurs élus au scrutin majoritaire à deux tours pour les petites circonscriptions n’élisant qu’un ou deux sénateurs et à la proportionnelle à un tour pour les autres. Seules ces dernières peuvent réserver des surprises. Les sénateurs sont élus par les fameux « grands électeurs », comprenant (hors DOM-TOM), les sénateurs, députés et conseillers régionaux du département, les conseillers généraux, et des délégués choisis au sein des conseils municipaux pour les communes de moins de 9 000 habitants ; dans les autres communes, les conseillers sont automatiquement délégués. Dans celles de plus de 30 000 habitants, un délégué supplémentaire est élu par tranche de 800 habitants au-delà de 30 000. Ces délégués sont généralement des amis, des parents, ou des permanents politiques.
Vers le retour des libéraux-conservateurs au pouvoir
Ces 10 dernières années, au cours de 3 scrutins (2004, 2008, 2011), l’Union pour un mouvement populaire (UMP) a perdu systématiquement, abandonnant 34 sièges au total, pendant que le PS en gagnait 60, emportant également, en plus des sièges des libéraux-conservateurs, les trente sièges supplémentaires créés durant ces années. En 2011, après dix ans de l’UMP à la tête de l’État et un bilan désastreux, le PS avait fini par obtenir la majorité dans cette institution séculairement à « droite ».
Mais après les déroutes du Parti socialiste depuis 2012, les libéraux-conservateurs disposent de nombreux délégués. Sauf surprise, le PS devrait perdre la majorité au Sénat. L’UMP doit pour cela gagner au moins sept sièges.
Le Front national (FN) présente des listes dans toutes les circonscriptions, mais devrait avoir très peu d’élus, sinon aucun. Des surprises sont toujours possibles dans les départements avec un scrutin proportionnel : la division des libéraux-conservateurs ou de la gauche peuvent favoriser l’extrême droite, sans compter d’autres facteurs, comme les amitiés maçonniques ou d’autres réseaux de ce type. Le meilleur espoir du FN est David Rachline dans le Var. Il s’agirait d’un beau signe envoyé aux Français avec l’élection d’un homme n’ayant jamais travaillé de sa vie en dehors de la politique politicienne et passant en quelques mois au rang de notable aux revenus dignes de la haute bourgeoisie.
Une sinécure très coûteuse pour les Français
C’est ce qui explique cet engouement. Contrairement aux petits retraités que le gouvernement noie sous les impôts, aux salariés que le MEDEF rêve de voir réduits en esclavage, le poste est très avantageux : 7 100 euros mensuels d’indemnités, aucune obligation de résultat, aucun droit de regard des électeurs sur le travail ou l’action des sénateurs. À ces 7 100 euros s’ajoutent 6 412 euros autres « indemnités de frais » pour couvrir la location d’une permanence électorale par exemple. Chaque sénateur peut encore embaucher jusqu’à trois collaborateurs – souvent des membres de leurs familles – et les rémunérer très grassement et au total 7 548 euros par mois. Chaque mois, chaque sénateur dispose donc de 21 060 euros, l’équivalent de dix-huit salaires au SMIC. En six ans, chaque sénateur coûte 1 516 320 euros au contribuable, ce qui représente pour les 348 sénateurs 527 679 360 euros.
Outre ces rémunérations directes, les sénateurs bénéficient d’innombrables avantages matériels. Ils peuvent obtenir un bureau individuel au Sénat, ont la gratuité de tous leurs envois postaux, tout le matériel informatique nécessaire, des prêts à taux préférentiels inaccessibles aux Français dans le besoin, peuvent accéder sans débourser le moindre centime à tout le réseau SNCF ; ils ont « droit » à 40 allers-retours en avion ; taxis et péages leurs sont également intégralement remboursés jusqu’à un certain (haut) plafond, quand ils n’utilisent pas – totalement gratuitement – l’un des véhicules à disposition au Sénat. Ils bénéficient d’un hébergement gratuit lorsqu’ils viennent pour les séances. Entre autres avantages, notons encore qu’à leur départ du Sénat, les anciens sénateurs sont éligibles à l’allocation d’aide au retour à l’emploi, très avantageuse pour eux et pendant trois ans, quand un ouvrier au chômage se voit privé d’allocations chômage au bout de deux ans, alors que ces mêmes sénateurs sont, eux, directement responsable du chômage.
Corruption, trafics, clientélisme
Pour parfaire le tableau de cette République de la corruption et du clientélisme, il faut signaler que les sénateurs disposent de la « réserve parlementaire » : 53,4 millions d’euros par an que les groupes et les sénateurs peuvent dilapider quasiment comme bon leur semble, sans aucun contrôle. Les élus peuvent ainsi notamment s’assurer leur prochaine réélection en favorisant telle association où travaille le parent de tel dirigeant politique important, tel « projet culturel » lancé par un important dignitaire de la franc-maçonnerie départementale.
Pendant que les Calaisiens subissent les coups de l’invasion, que la ville compte de nombreux pauvres et très pauvres, le sénateur-maire de Calais Natacha Bouchart (UMP) a ainsi détourné 50 000 euros, l’équivalent de quatre années de salaire d’un smicard, pour la « réalisation d’une sculpture représentant les époux De Gaulle ». Parmi l’utilisation de la « réserve » (sic), « l’acquisition de matériel informatique et de » logiciels de gestion » pour le secrétariat d’une mairie, ou 50 000 euros pour la construction d’une autre.
La justice a ouvert une enquête sur de possibles détournements de fonds. Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille, président du groupe UMP dans cette assemblée, a « encaissé 24 000 euros en six chèques » selon l’accusation. Il devrait être auditionné prochainement comme plusieurs autres bénéficiaires présumés de ces vols – Roland du Luart (27 000 euros), et des gagne-petit : Joël Bourdin (4 000 euros), Jean-Pierre Raffarin (2 000 euros), Hubert Falco, Jean-Claude Carle, Gérard Longuet, etc. –, pour un montant total de 200 000 euros en trois ans. Le groupe UMP au Sénat aurait versé, en liquide et en chèques, cet argent à l’Union républicaine du Sénat (URS), une association de libéraux-centristes, et dont les membres sont accusés de s’être ensuite partagé le magot.
Cet argent proviendrait des fonds que le Sénat distribue en toute opacité à ses groupes parlementaires pour de prétendues « dépenses de fonctionnement ». Ainsi, le groupe UMP a reçu, en 2012, 3,7 millions d’euros qu’il a utilisés comme bon lui semblait sans qu’aucun compte ne soit demandé.
Jean-Claude Gaudin, comme Jean-Noël Guérini, devrait être réélu dimanche prochain. Ils retrouveront sur les bancs du Sénat un autre corrompu, l’israélite Serge Bloch, dit Dassault, toujours propriétaire de l’un des plus importants organes de presse, toujours sénateur comme Jérôme Lavrilleux est toujours député européen et Thomas Thévenoud est toujours député de leur République exemplaire.