Après plusieurs articles à charge contre le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, United Kingdom Independence Party), son chef Nigel Farage a fait publier dans Le Monde une tribune, que nous reproduisons à titre informatif.
Le mouvement que je préside semble avoir l’honneur d’attirer l’attention du journal Le Monde. Je note en effet que les articles sur le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) se multiplient et je lui sais gré de sa passion pour la politique britannique. Toutefois, je regrette vivement que cette passion non raisonnée l’amène à parler de nous de façon mensongère, calomnieuse et diffamante. Je conçois qu’il nous soit hostile par principe, mais il lui incombe tout de même de bien en cerner la raison, cela lui sera utile, indubitablement. Oui, nous critiquons l’Europe, non pas en tant que concept, mais en tant que réalité institutionnelle. L’idée d’Europe n’a de sens que si elle préserve la liberté des peuples. Si cette liberté doit être sacrifiée pour réaliser l’Europe, c’est que le projet a pris un mauvais pli, il faut avoir le courage de l’admettre. Ce que nous appelons « Union européenne » aujourd’hui n’est qu’une dérive de la démocratie libérale, un club de riches interdit aux peuples. Là se retrouvent les financiers, les grands industriels, ainsi que les politiques à leur botte. Une poignée d’individus tient les rênes du capitalisme européen, ce qui ne laisse aucun espoir d’accès au marché pour les petits entrepreneurs et donc aucune chance de prospérité pour les travailleurs. Nous ne sommes pas « ultralibéraux », nous combattons justement le libéralisme privatisé de l’Union européenne afin de lui rendre sa vocation d’origine, qui est de donner sa chance à chacun.
Seul un paresseux ou un ayatollah du fédéralisme européen peut ignorer l’état réel du projet européen. À partir de là, peut-on le dénoncer sans être un extrémiste ? Peut-on rejeter le bipartisme qui prédomine chez nous autant qu’en France, sans pour autant être porteur d’un message de haine et d’intolérance ? A-t-on le droit à un peu de pluralisme dans nos démocraties ?
QUE LES GENS SE RÉVEILLENT
Le Monde dit que nous sommes anti-immigrés, mais nous reconnaissons des vertus à l’immigration à partir du moment où celle-ci est choisie et contrôlée. Le Monde ajoute que nous sommes populistes, mais l’ambiguïté même de ce mot reflète sa complète vacuité. Et s’il lui faut vraiment un populiste pour ses articles, qu’il choisisse donc parmi ceux qui ont endetté son pays pendant des années afin d’entretenir leur clientèle électorale, il aura l’embarras du choix.
Depuis trente ans, les politiques et les médias ont vendu du rêve sur l’Europe. Moi, je veux que les gens se réveillent. C’est sans doute suffisant pour être condamnable aux yeux du Monde et par certains de ses confrères britanniques. Je prie cependant Le Monde de croire qu’il ne trouvera aucune haine dans mes propos, aucune haine dans mon programme, aucune haine dans nos meetings. Si Le Monde tient vraiment à chercher la haine, qu’il sonde nos cœurs et qu’il voit plutôt ce qui inspire ses écrits envers UKIP. Notre parti ne surfe pas sur la misère, il propose des solutions pour la combattre.