Le Monde a consacré un portait à l’islamiste Salim Benghalem, racaille des cités de Cachan devenue l’un des terroristes les plus recherchés par les États-Unis. Au-delà de rares données factuelles nouvelles sans grand intérêt – Salim Benghalem aurait été le geôlier d’otages en Syrie –, il est frappant de constater l’absence de toute analyse de la situation, comme si un maléfice avait opéré sur un individu isolé, en dehors de tout environnement ayant permis la création du monstre terroriste.
Salim Benghalem n’est pas inconnu : il a fait la une de l’actualité à plusieurs reprises ces derniers mois. Jeune Nation l’avait évoqué dans deux articles l’année dernière (« Salim Benghalem : sur la liste des pires criminels du Levant, un pur produit de leur République », et dans notre journal du 2 octobre 2014 : « Salim Benghalem lié aux islamistes dès 2007 »). Ces derniers mois, il est devenu une « star » mondiale, en participant à un « reportage » du journaliste-otage John Cantlie notamment, dont nous diffusons la vidéo plus bas.
L’itinéraire banal d’un étranger banal dans une banlieue banale
Salim Benghalem fait partie de ces centaines de milliers « d’issus », issus de l’invasion organisée contre la France, massivement à partir des années 1960-1970. Le Monde oublie de le préciser : non seulement il fait partie de ces millions d’étrangers inassimilables, élevés dans ces cités d’où ont été rapidement chassés les Blancs et donc abandonnées de fait aux éléments sociaux les moins performants, les moins créateurs, les moins éduqués, les moins intéressés à la bonne marche du système, mais il est de plus issu d’une famille de culture arabo-musulmane. Ce n’est pas anodin et sans cela, rien n’est compréhensible.
Salim Benghalem naît dans les derniers mois du giscardisme agonisant et grandit donc dans la France des mythes et mensonges républicains de la « génération Mitterrand », de la Marche des Beurs, de SOS Racisme, de « l’intégration », et, dans les cités occupées, au sein d’un univers en marge où naissent les premiers phénomènes culturels propres à ces étrangers bien loin des rêves du grand patronat et du monde métissé des loges maçonniques.
Dans les cités de Cachan, Salim Benghalem apparaît comme un jeune banlieusard moyen. Si ses six frères et sœurs paraissent s’accommoder du régime sans fait trop de vagues, après avoir arrêté à 17 ans l’école, il intègre rapidement les rangs d’une bande.
Il multiplie les vols puis passe au trafic de drogues : itinéraire normal dans la contre-société ayant pris la place d’une République déchue dans ces territoires occupés où elle a totalement intégré l’impossible assimilation de dix millions d’étrangers – tout en refusant de l’admettre publiquement et de prendre les mesures nécessaires.
Difficile de se faire une idée de l’individu qu’est alors cet étranger, avec les commentaires recueillis auprès de ses anciennes connaissances qui le décrivent comme « drôle » et « taquin » (?).
« Quand il y avait une altercation, il n’était pas en première ligne »,
affirme une autre.
Règlement de comptes mortel
C’est pourtant lui qui est en première ligne un soir de juillet 2001. Depuis quatre ans, deux gangs se sont lancés dans une série de vendettas, des expéditions punitives pour « venger » ce qui n’aurait été, au départ, qu’un accident de la route. Il s’agit plus vraisemblablement d’une guerre de quartiers, doublée d’une guerre de territoire pour les trafics. Kamel Guentari, qu’accompagnait ce soir-là Salim Benghalem, voulait imposer un nouveau « caïdat » sur la cité. Lahouari Mansouri et les siens avaient refusé de se soumettre.
Le 22 juillet 2001, Kamel Guentari et Salim Benghalem attaquent leurs ennemis qui se trouvent dans une voiture. Avec des munitions utilisées pour la chasse au gros gibier, ils tirent à plusieurs reprises, ne laissant aucune chance à Lahouari Mansouri1.
Les deux tueurs s’enfuient en Algérie, mais finissent par revenir en France en 2002 pour se constituer prisonniers. Après un procès où est évoquée une cité totalement aux mains des gangs, dans un climat délétère où les témoins et les familles sont menacés, la justice ne retiendra pas la préméditation. Kamel Guentari écope de douze ans ; son complice, Salim Benghalem, de onze ans. Seule sa fuite en Algérie rappelle qu’il n’a rien oublié de ses racines. Pour le reste, la religion et la politique ne semblent guère l’intéresser à cette époque. Il a d’ailleurs choisi comme avocat l’extrémiste juif Léon-Lev Forster.
« C’était un jeune homme attachant, venant d’une famille d’une grande dignité. Je me souviens d’un père d’une grande douceur et d’une mère tout à fait responsable »,
avait depuis précisé l’israélite, ajoutant – préparant peut-être sa future défense :
« Je suis totalement stupéfait. Ce que l’on décrit ne correspond absolument pas au Salim que j’ai connu, à tel point que j’en viens à me demander s’il ne s’agit pas d’un homonyme ».
À l’énoncé du verdict, Salim Benghalem est reconduit à la prison de Fresnes, où il ne restera plus longtemps : il bénéficie rapidement d’une libération conditionnelle. Grâce aux pratiques effarantes des autorités pénitentiaires, il a le temps de connaître un héros des groupes terroristes, « Mohamed le Djihadiste ».
Islamisé en prison
Au moment de son procès, comme si les autorités pénitentiaires s’étaient empressées avant qu’il ne soit libéré, Salim Benghalem partage en effet sa cellule avec Mohamed el-Ayouni. Ce dernier est un rescapé de la bande des Buttes-Chaumont. Il a combattu pour La Base (el-Qaïda) en Afghanistan et en Irak où, durant la bataille de Falloujah en 2004, il perd un œil et un bras. Grièvement blessé, il préfère quitter le paradis islamique et venir vivre des allocations distribuées généreusement par leur République en France grâce à leur République2.
« Il a eu un suivi psychothérapeutique, il a bénéficié d’une formation professionnelle, et il cherchait à tout prix à préparer son insertion sociale. Il était animateur et insistait sur le fait qu’il voulait encadrer les jeunes pour les empêcher de tomber dans la violence »,
a prétendu Lev Forster à propos de son client quelques années plus tard, oubliant de préciser que Salim Benghalem a aussi suivi des cours de secourisme, toujours utiles dans un groupe combattant, a fortiori terroriste et disposant de peu de moyens.
Mohamed el-Ayouni convainc Salim Benghalem de rejoindre leur cellule terroriste. Cette dernière n’est absolument pas neutralisée par les procès et les faibles peines infligées, comme la suite l’a montré. Condamné avec Chérif Kouachi, Mohamed el-Ayouni est rapidement libéré. Dès leur sortie de prison, le groupe organise un projet d’évasion du terroriste Smaïn Aït Belkacem, emprisonné pour les meurtres commis lors de l’attaque de la station RER Musée-d’Orsay à Paris. Les islamistes – déjà, agissant alors au nom du Groupe islamique armé (GIA, al-Jama’ah al-Islamiyah al-Musallaha) algérien – avaient fait 26 blessés. Les huit attentats commis entre juillet et octobre 1995 firent un total de huit morts et plus de 270 blessés.
Les failles tragiques des services de la justice et du renseignement de leur République
Les poursuites contre Chérif Kouachi sont abandonnées, comme pour Salim Benghalem ; une autre future « star » du groupe, l’Africain Amedy Coulibaly, écope de cinq ans de prison. Aucun ne fut poursuivi pour la découverte sur leurs ordinateurs d’images pédopornographiques. Depuis certaines sources ont évoqué la possibilité que ces images permettaient de cacher des messages pour l’organisation du groupe terroriste.
Entre-temps, le maire PS de Cachan Jean-Yves Le Bouillonnec a embauché Salim Benghalem comme maçon. L’oligarque socialiste pro-invasion n’est pas avare avec l’argent public : Salim Benghalem « gagne bien sa vie ». Des témoignages le décrivent comme un « musulman pratiquant » « très gentil ». C’est le principe de la cinquième colonne. Il vit avec sa femme et leurs deux enfants.
Ayant échappé à cette affaire, malgré la générosité du Parti socialiste, il part avec au moins l’un des frères Kouachi, probablement les deux, pour le Yémen. Il combat dans les rangs d’Al-Qaïda Péninsule arabique (AQPA, Tanẓīm al-Qā‘idah fī Jazīrat al-‘Arab) en 2011. Alors qu’aux frères Kouachi les chefs de l’organisation terroriste ont commandé l’attaque contre Charlie hebdo, ils auraient ordonné à Salim Benghalem d’attaquer une université américaine en France. À la mort en « martyre » en France, il préfère partir pour la Syrie et, rapidement, trahit La Base pour l’État islamique (ÉI).
Geôlier, tortionnaire et bourreau de l’ÉI
Salim Benghalem part pour la Syrie en avril 2013, seul : sa femme et ses deux enfants, qui l’ont rejoint en octobre 2013, rentrent rapidement en France, sans doute notamment pour y percevoir des allocations nécessaires à la famille. Grâce à son activité yéménite, Salim Benghalem intègre le Front pour la victoire du peuple du Levant (Jabhat an-Nuṣrah li-Ahl ash-Shām dit Front al-Nosra), affilié à La Base.
Mais son ambition le pousse à déserter les rangs du front al-Nosra pour intégrer l’État islamique (ÉI), où il finit par avoir accès aux armes. Rapidement blessé, il est reversé alors dans la police islamique où, selon un proche, il est chargé de mettre des amendes pour des délits tels que la possession illégale de cigarettes.
« [Salim Benghalem] ferait actuellement partie de la police islamique de l’EI et participerait aux exécutions et châtiments corporels administrés aux personnes jugées par leurs soins »,
tend à confirmer une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Les services de renseignements précisent qu’il a occupé « les fonctions de bourreau au sein du tribunal islamique à proximité d’el-Bara [près d’Alep], où il aurait déjà exécuté une sentence de mort ».
Entre-temps, pendant six mois jusqu’en décembre 2013, il a également participé à la garde de quatre Français, Didier François, Édouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, retenus en otage entre juin 2013 et avril 2014. Ils avaient été libérés après le versement plus que probable d’une très forte rançon de plusieurs millions d’euros par l’Élysée.
Selon les témoignages des otages, Salim Benghalem travaillait alors avec Mehdi Nemmouche, islamiste renvoyé en Belgique pour y commettre un attentat contre les intérêts israéliens. Précisément, Mehdi Nemmouche, qualifié d’individu brutal et peu intelligent, était aux ordres de l’ancien protégé de Jean-Yves Le Bouillonnec.
« Quand Nemmouche cognait, c’est Benghalem qui posait les questions »,
a résumé une source citée par Le Monde.
Star d’une vidéo de l’ÉI
Si Mohamed Nemmouche s’était fixé pour objectif de devenir le « héros » d’un épisode de l’émission Faites entrer l’accusé, Salim Benghalem est apparu dans une vidéo réalisée par l’État islamique au début de l’année et diffusée à la mi-février. Il s’agit du dernier des faux reportages de John Cantlie, un journaliste otage mis en scène par ses ravisseurs dans plusieurs vidéos imitant les documenteurs réalisés en Occident.
« Tout d’abord […] Ces trois attaques ont fait que de nos réjouir ici. Et à chaque fois qu’on entendra parler que un frère ou plusieurs défendront leur religion en Occident, on en sera que plus réjouit. On a appris il y a quelques jours ces attaques qui nous ont fait grand plaisir. Et on attend que d’autres frères prennent le même exemple et les attaquent.
Avant ces attaques-là, il y a eu Mohamed Merah […] et il a fait quelque chose d’extraordinaire.
J’encourage tous mes frères qui sont en France, tous mes frères qui sont en Occident de défendre leur religion. À l’heure actuelle Allah ne vous a pas permis d’émigrer dans notre pays ? Ce n’est pas un problème. Défendez votre religion sur place.
Tuez-les avec des couteaux, crachez-leur au minimum à la figure, mais désavouez-vous d’eux. Dites-vous bien que votre religion elle a besoin de vous, plus que vous le pensez. Vous êtes assis dans des fauteuils alors qu’aujourd’hui partout dans le monde les musulmans se font massacrer.
Quelle va être votre excuse devant Allah ? Quelle excuse va être devant cet orphelin qui a perdu sa famille et que vous avez pas bougé pour venir le défendre. Je vous encourage donc soit à venir soit à défendre votre religion sur place. Tous nos frères en France, nous leur disons : partez en opération, seuls. Soyez un loup solitaire. À vous tout seul, vous pouvez être une armée. Et je dis à tous ces pays occidentaux qui ont décidé de nous attaquer : nous-mêmes on arrive pour vous attaquer et on est déjà là pour vous attaquer.
Les musulmans en Occident vous êtes des milliers [sic], vous pouvez faire des carnages. Donc à vous de vous bouger et de faire les choses nécessaires pour la défense de votre religion »,
y déclare Salim Benghalem.
(ou ici – la vidéo intégrale est disponible là).
L’effarant échec des services
Il est visé depuis mai 2014 par un mandat d’arrêt international pour avoir rejoint un groupe terroriste ; depuis le 23 juillet, il est visé par une information judiciaire pour enlèvement et séquestration, ainsi que pour provocation à commettre des actes de terrorisme.
Aux États-Unis, il a été inscrit sur la liste des douze principaux « terroristes spécialement signalés dans le monde », Specially Designated Global Terrorists, non parce qu’il a conquis une place enviable au sein de l’État islamique – aucun francophone ne semble y être parvenu –, mais parce qu’il a été identifié comme l’un des bourreaux de l’ÉI.
« Salim Benghalem est un extrémiste français [sic] basé en Syrie et membre de l’État islamique, responsable d’exécution pour l’organisation »,
soulignent les autorités américaines.
Durant cinq ans, les services de renseignements ont été totalement incapables d’identifier la gravité de la menace constituée par la filière des Buttes-Chaumont. Tous les acteurs des attentats commis au début de l’année à Paris, les frères Kouachi comme Amédy Coulibay et leurs complices, en sont issus. Tous ont continué à se fréquenter malgré les (faibles) peines de prison que certains ont obtenues et malgré le « démantèlement » (rigoureusement sic) de la cellule. Tous ont continué à prendre conseil auprès des anciens, en prison comme en résidence surveillée – Jamel Beghal, en Auvergne notamment. Tous ont continué à agir, en France, comme les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, en Syrie, comme Salim Benghalem, mais aussi en Tunisie, comme Boubakeur el-Hakim qui a revendiqué en 2013 l’assassinat de deux députés. Plusieurs membres sont actuellement en prison ou en liberté surveillée en France, Thamer Bouchnak et sans oublier leur « guide », Farid Benyettou, lié à Youssef Zemmouri, Algérien du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, Jama’a es-Salafiyya li Da’wa wal Qital), et aujourd’hui officiellement « repenti »…
Mais même si les services de renseignements, les policiers et la justice avaient fait leur travail, qu’auraient-ils pu faire, au service d’un régime qui non seulement refuse d’expulser les millions d’étrangers qui occupent le pays, mais refuse même d’en expulser les pires criminels ?
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1« J’ai pas besoin de mentir, j’ai pas besoin d’exagérer les faits. Ils sont là les faits. […] Ça a tiré. J’ai baissé la tête, boum, boum, boum, j’ai pris une décharge dans la jambe, j’ai basculé […], j’ai pensé à Lahouari. C’était mon meilleur ami […]. J’avais son sang sur moi, sa cervelle. Le pompier, quand il a vu ça, ses yeux ont parlé pour lui »,
avait décrit Abdel Malik B. au procès. Il fut interpellé trois jours après le meurtre lors d’une très violente émeute à Cachan, après une veillée funéraire organisée… au centre socioculturel.
2Malgré la création de l’État islamique, le terroriste vit toujours aux frais du contribuable en France. Il n’a pourtant jamais rien renié ses opinions : « Je serais prêt à faire le jihad partout dans le monde si les savants de la religion et l’ensemble de la communauté des musulmans, tous les pays étaient d’accord » rappelait-il en 2006. Pour les islamistes, seuls les islamistes étant reconnus comme musulmans, « l’accord » est vite trouvé chez leurs « savants ».