Nombre des lecteurs de Jeune Nation sont probablement tombés d’eux-mêmes sur une vidéo d’« Ate Chuet », notre site ayant d’ailleurs eu l’occasion d’en relayer quelques-unes Selon le résumé du Parisien, cet ancien pilote de chasse de l’aéronavale française est visé par une enquête pour des soupçons de trahison au profit de la Chine. Selon le Canard Enchaîné (enchaîné au pouvoir), il aurait profité de plusieurs conférences dans ce pays pour partager des informations sensibles.
Ate Chuet s’est rendu en Chine en septembre 2018 et en août 2019 pour former des militaires chinois, accompagné d’un pilote britannique. Le « conférencier » était rémunéré par une école de pilotage sud-africaine, qu’il facturait via sa société basée au Royaume-Uni.
Il est soupçonné d’avoir donné des informations confidentielles aux autorités chinoises, selon une source proche du dossier. Ses déplacements en Chine se seraient déroulés alors qu’il était encore militaire, sans qu’il en informe sa hiérarchie comme le prévoient les Armées. Selon Mediapart, il pourrait notamment avoir été question lors de ces formations d’opérations récentes des Occidentaux au Moyen-Orient…
Juridiquement, le parquet de Paris a reçu le 19 février un signalement du ministère des Armées, « portant sur un des anciens effectifs de l’armée soupçonné d’intelligence avec une puissance étrangère, divulgation de secret de défense nationale, violation de consignes, cumul d’activités, blanchiment de fraude fiscale ». Une enquête préliminaire est en cours.
Un Mauvais Signal ?
Nous relayons une réaction qui nous semble tout à fait pertinente à cette information :
« UNE GRANDE OFFENSIVE RUSSE SE PRÉPARE : LA GUERRE VA VRAIMENT COMMENCER !
Au préalable, tous les prétendus « criminels » soupçonnés de « Russophilie » doivent être identifiés & incarcérés afin de tuer dans l’œuf la Cinquième Colonne pacifiste qui risquerait de s’opposer à la Troisième Boucherie Mondiale !
Les précédents sont connus : assassinat de Jean JAURES au tout début du Premier Conflit Mondial ou incarcération de tous les Japonais vivants aux USA après Pearl Harbor…
En effet, la guerre étant avant tout « L’Affrontement des Volontés », il importe d’anéantir celle de l’adversaire, par le biais de la PROPAGANDE, « La Plume tirant plus loin que le Canon » selon le proverbe chinois !
Après avoir fait l’objet, le 29 février 2023, d’un article du journal LE MONDE, m’accusant sans fondement d’être un agent du Kremlin, j’ai moi-même été récemment averti par l’un de mes nombreux contacts que je figurais sur une liste de « traîtres » à la solde d’une puissance étrangère : laquelle & à quel titre ?
S’il s’agit de la Russie, rappelons qu’elle n’a ni déclaré la guerre à la France, ni agressé celle-ci ! En revanche, de manière clandestine & sans déclaration de guerre légalement ratifiée par le Parlement, la France a envoyé un grand nombre de ses militaires combattre en Ukraine contre les forces russes, au profit d’intérêts étrangers diamétralement opposés aux siens !
Si des soldats français ont été tués en Ukraine par les Forces Russes, nos concitoyens sont en droit d’exiger des explications auprès de l’exécutif qui a pris la décision de les y engager sans les avoir consultés, alors que cela met gravement en danger la sécurité de tous les Français !
Au même moment, pour ne prendre que deux exemples, ceux qui ont anéanti l’économie allemande & européenne en détruisant le North-Stream, ou qui ont vendu nos retraites à Blackrock ou Alstom (fleuron de notre indépendance énergétique) à General Electric (entreprise étrangère concurrente, en faillite à l’époque), ne semblent pas être inquiétés !
Pour ma part, en ma double qualité d’ancien Officier & de Patriote, en vertu de la constitution de mon pays qui protège ma liberté de penser & de m’exprimer, je milite en toute légalité contre la « MÉSALLIANCE-ATLANTIQUE » & pour un Partenariat Continental Eurasiatique, dans les domaines politiques, économiques & stratégiques, lequel servirait réellement les intérêts du peuple de France !
CE SONT NOS DIRIGEANTS ACTUELS QUI SE RENDENT COUPABLES D’INTELLIGENCES AVEC DES PUISSANCES ÉTRANGÈRES & NON LES ANCIENS MILITAIRES QUI, COMME PIERRE-HENRI CHUET, TENTENT DE RÉ-INFORMER LE PEUPLE POUR ÉVITER LE PIRE ! »
Petit bémol à cette réaction, l’histoire nous montre que la hiérarchie politico-militaire sait faire la part des choses. Le 4 décembre 1941, trois jours avant Pearl Harbor dont il est question dans cette réaction, il y avait eu une fuite retentissante. Le général Wedemeyer avait été lui aussi visé par une enquête car les documents venaient du coffre-fort de son bureau, c’est lui qui était à la tête de l’immense plan de préparation de toutes les armes américaines, terre-air-mer, pour conduire l’Amérique à la victoire contre l’Allemagne. La fuite était gravissime, et Wedemeyer était un bon candidat coupable puisqu’il était un pacifiste qui ne voulait pas de la guerre avec l’Allemagne et qui assistait aux conférences données par Charles Lindbergh. L’enquête le mettra hors de cause, et il poursuivra sa mission avec d’ailleurs le succès que l’on sait : il aura su développer toutes les armes qui assureront la victoire.
Deux petites remarques au passage au sujet de Pearl Harbor :
- Il n’y a pas eu que les Japonais des USA à être internés, mais aussi ceux d’Amérique du Sud.
- Les USA étaient déjà en guerre contre le Japon avant même Pearl Harbor, on ne parle pas seulement de l’embargo, mais d’un détachement de l’US Air Force qui a effectivement abattu des avions japonais en combattant aux côtés de la Chine nationaliste – exactement dans les mêmes conditions que l’OTAN en Ukraine aujourd’hui.
La Lettre du CEMA aux 2S
Néanmoins, le débat, pour ne pas dire les tensions, entre les officiers résolument pro-OTAN et les officiers pro-Russe existent, en témoigne la lettre du CEMA du 2 avril aux généraux 2S.
Cette lettre fait mine de ne s’adresser qu’aux officiers à la retraite, mais il est évident que les officiers d’active sont priés de la prendre pour eux aussi.
Cette lettre, signée Thierry Burkhard, par ailleurs un vrai soldat, la voici, elle est réellement assez inquiétante dans ses perspectives, il s’agit de resserrer les rangs :
« L’accélération de la recomposition de l’ordre international suscite de nombreuses interrogations qui me conduisent à vous écrire aujourd’hui.
En effet ces interrogations légitimes vous amènent à être un point de repère pour nos concitoyens, votre expérience étant à même d’apporter les éclairages qu’ils recherchent. Il m’a donc semblé utile de partager avec vous quelques éléments qui constituent à la fois les bases de travail des réflexions menées dans nos états-majors ainsi que certaines premières conclusions auxquelles nous sommes arrivés.
Pour commencer, nos armées et notre pays ne sont pas pris au dépourvu par les changements qui s’opèrent car ils avaient été bien identifiés et en partie anticipés. Nous ne sommes donc pas les plus surpris et, en toute logique, pas les plus démunis même si beaucoup reste à faire. Par ailleurs ces évolutions font prendre conscience à nos concitoyens de la nécessité d’investir dans notre défense et nous devons être à la hauteur de cette prise de conscience et des attentes qu’elles suscitent.
Face à ces changements, nous ne sommes pas seuls. La menace durable posée par la Russie et les incertitudes relatives au niveau d’engagement militaire américain, parce qu’elles affectent directement notre continent, génèrent une prise de conscience chez nos alliés européens qui nous rapproche et nous conduit plus que jamais à rechercher des solutions ensemble pour assurer la sécurité du continent européen.
Face à ce double défi de la menace et de l’incertitude, il est indispensable de rester soudés pour continuer de défendre la France, ses intérêts et ses valeurs. Cela est d’autant plus vrai que notre démocratie et notre société sont attaquées dans le champ informationnel. Nos compétiteurs et adversaires cherchent à vaincre notre détermination et à nous diviser et nous ne devons pas leur donner les armes pour le faire.
Dans ce contexte, je souhaitais partager avec vous trois sujets d’intérêt majeur : la volonté affichée d’un réarmement, les garanties de sécurité à apporter à l’Ukraine, et enfin, les annonces relatives à notre dissuasion.
L’ébauche d’un réarmement français et européen est le résultat d’une analyse, partagée avec nos alliés, sur les menaces qui pèsent sur le continent. Ce réarmement doit nous permettre de mieux remplir notre mission en disposant de moyens adaptés qui découlent du mouvement de transformation initié pour penser la guerre de demain autrement. Cette volonté de réarmement français et européen doit donc être soutenue avec détermination. Elle doit nous permettre de foire face aux défis qui se présenteront tout en conservant une souveraineté garante de notre liberté d’action. Cette souveraineté passe nécessairement par une BITD [base industrielle et technologique de défense ] française et européenne forte et concurrentielle. Pour notre pays et nos alliés européens, cela implique aussi d’acheter prioritairement européen. Cela permettra de renforcer nos industriels et de limiter nos dépendances sous réserve qu’ils réussissent à travailler ensemble et à fournir dans les temps et les quantités demandées ce dont les armées ont réellement besoin.
Ensuite, le sujet des garanties de sécurité pour assurer une paix durable sur le continent européen a été largement abordé et commenté. Il s’entend d’abord par la poursuite du soutien à l’Ukraine qui est capital pour lui permettre de tenir et d’arriver en bonne position dans les négociations. Un soutien dans la durée doit faciliter la reconstitution d’une armée ukrainienne forte qui sera, à terme, sa principale garantie de sécurité. Avec nos alliés, notre mission pourrait être, après un accord de paix acceptable, de dissuader la Russie de lancer une nouvelle attaque de gronde ampleur. Cela le temps que l’Ukraine régénère ses forces et soit en mesure d’assurer cette dissuasion seule ou, au moins, avec un soutien plus réduit. Les différentes options sont en cours d’étude afin d’être en capacité de réagir en fonction de l’avancée et des résultats des négociations.
Enfin, le sujet de notre dissuasion mérite une attention particulière. Il s’agit d’un domaine maîtrisé dans sa complexité par ceux qui doivent la mettre en œuvre. La France est une nation dotée depuis longtemps, qui sait ce que cela implique. Sa force de dissuasion est crédible car elle repose sur une volonté politique sans cesse réaffirmée et des capacités de mises en œuvre modernes et adaptées.
Les circonstances font que certains de nos alliés européens manifestent leur intérêt pour une dissuasion française élargie. Les réflexions à ce sujet sont conduites avec comme principe permanent de ne jamais fragiliser notre propre dissuasion. En ce domaine tout spécialement, nous ne pouvons pas laisser nos adversaires nous diviser en tentant de nous instrumentaliser. C’est un sujet sur lequel tout débat mal informé et mal cadré sur la place publique nous fragilise.
Face à ces enjeux majeurs, je vous assure que les armées, que vous avez contribué à construire, sont en ordre de bataille. Elles s’entraînent avec rigueur, elles sont fortes de leur expérience sur de nombreux théâtres d’opérations, où nos militaires servent avec professionnalisme et exigence. Elles s’adaptent en permanence. »
Dans ce contexte, la mise en cause de Pierre-Henri Chuet semble effectivement un mauvais signal, mauvais au sens d’erreur, mais aussi mauvais au sens que … ça pue.