LES GAZETTES ont beaucoup parlé ces derniers jours de la démission savamment mise en scène de Christine Taubira du ministère de la Justice et de l’admission à l’Académie française de l’ultra-sioniste Alain Finkielkraut. Au-delà des différences, certes bien réelles, entre ces deux personnalités emblématiques de leur République, de leur Système, il faut noter que le nouvel académicien qui voit de l’antisémitisme partout, même et surtout où il n’est pas, est l’un des gardiens sourcilleux du dogme de la Shoah. En 1982, à l’occasion de l’un des tout premiers procès contre le professeur Faurisson, Finkielkraut avait publié aux éditions du Seuil un ouvrage intitulé L’Avenir d’une négation / Réflexion sur la question du génocide. A la première page de son livre, il décrivait l’héroïque universitaire en « émule de Big Brother » et écrivait, à la page 66 : « En termes de méthode, les négateurs des chambres à gaz sont les fils spirituels des grands staliniens » (voir le blog de Robert Faurisson). En octobre 1998, Finkielkraut a également témoigné contre Roger Garaudy, auteur des Mythes fondateurs de la politique israélienne, à la XIe chambre correctionnelle de la cour d’appel de Paris, voyant en Garaudy un antisémite et un “faurissonien”.
Par ailleurs, il ne s’est jamais caché d’approuver la loi Fabius-Gayssot du 13 juillet 1990 qui condamne les révisionnistes à la prison et à la ruine car l’Etat, dit-il, doit punir la haine.
Dans son discours de réception à l’Académie française le 28 janvier dernier, jour de la saint Charlemagne et le lendemain de la sacro-sainte journée de mémoire de la Shoah et de l’arrivée de l’Armée rouge à Auschwitz, Finkielkraut a fait à nouveau sienne la vulgate à propos de la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs : « C’est de France, et avec la complicité de l’État français, que mon père a été déporté, c’est de Beaune-la-Rolande, le 28 juin 1942, que
son convoi est parti pour Auschwitz-Birkenau. Le franco-judaïsme alors a volé en éclats, les Juifs qui avaient cru reconnaître dans l’émancipation une nouvelle sortie d’Égypte, ont compris qu’ils ne pouvaient pas fuir leur condition. Pour le dire avec les mots d’Emmanuel Levinas, la radicalité de l’antisémitisme hitlérien a rappelé aux Juifs “l’irrémissibilité de leur être”. La judéité n’était plus soluble dans la francité et mes parents auraient été désolés de me voir m’assimiler à la nation en lui sacrifiant mon identité juive même si cette identité ne se traduisait plus, pour eux ni donc pour moi, par les gestes rituels de la tradition. […] Le fait d’être français ne représentait rien de spécial à mes yeux. Comme la plupart des gens de mon âge, j’étais spontanément cosmopolite. »
CERTES, dans son allocution à l’Académie où il fit un éloge de Félicien Marceau qui eut quelques ennuis à la Libération pour avoir notamment exprimé dans un reportage pendant la guerre de la compassion pour les victimes d’un bombardement allié à Bruxelles, Finkielkraut sembla prendre quelques distances avec la sacro-sainte Mémoire : « Arrivé au terme de ce périple, j’ai les mots qu’il faut pour dire exactement ce qui me gêne et même me scandalise dans la mémoire dont Félicien Marceau fait aujourd’hui les frais. Cette mémoire n’est pas celle dont je me sens dépositaire. C’est la mémoire devenue doxa, c’est la mémoire moutonnière, c’est la mémoire dogmatique et automatique des poses avantageuses, c’est la mémoire de l’estrade, c’est la mémoire revue, corrigée et recrachée par le Système. Ses adeptes si nombreux et si bruyants ne méditent pas la catastrophe, ils récitent leur catéchisme. Ils s’indignent de ce dont on s’indigne, ils se souviennent comme on se souvient. …/…
Suite de l’éditoriale de Jérôme Bourbon dans Rivarol n° 3221 du 4 février 2016