Après plusieurs jours de violences qui ont fait plusieurs dizaines de morts (35 morts et 94 blessés selon un bilan diffusé hier), la tension est retombée au Yémen hier après la fin de l’une des plus importantes crises de ces derniers mois. Les miliciens chiites, qui s’étaient largement rendus maîtres de la capitale depuis plusieurs mois, ont attaqué le palais présidentiel ces derniers jours et en ont pris le contrôle alors que le président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi s’y trouvait. Après de longues heures de tractation, un nouvel accord de sortie de crise a été signé. Les combattants des Aides d’Allah (Ansarullah) ont accepté de quitter les lieux et de libérer le directeur de cabinet du président, Ahmed Awad ben Moubarak, enlevé samedi. Le premier ministre, qui était « assigné à résidence » par les miliciens armés entourant son domicile, a également été libéré.
En contrepartie, ils ont obtenu des promesses de possibles modifications à la nouvelle constitution fédéraliste du pays et à laquelle ils étaient fortement opposés, notamment concernant le redécoupage territorial. Ce dernier les priverait de territoires qu’ils considèrent comme stratégiques, notamment l’accès à la mer. Ils ont obtenu la promesse d’une meilleure représentativité dans les institutions étatiques.
Les pays sunnites voisins avaient dénoncé l’attaque de la milice chiite sans toutefois réagir. Les organisations mondialistes ainsi que les États-Unis avaient appelé à un règlement pacifique des différends, sans non plus réagir ; le Conseil de sécurité de l’ONU avait condamné l’attaque. Les précédentes interventions onusiennes pour obtenir des négociations s’étaient soldées par des échecs complets.
Depuis de nombreux mois, les chiites, fortement présents dans le nord du pays, dénoncent la politique du gouvernement central, dirigé par les sunnites, et qui s’appuie notamment sur les sunnites majoritaires au sud. Après une unification du Yémen en 1990, des tensions perdurent entre les deux anciennes entités et les différentes tribus. Elles ont pris un caractère violent au début des années 2000 avec le lancement d’une guérilla islamiste liée à al-Qaïda puis, à partir de 2004, d’une insurrection des chiites, aujourd’hui sous la direction d’Abdul-Malik al-Houthi. Un État de guerre quasiment permanent qui a fait de nombreuses victimes et plusieurs centaines de milliers de réfugiés, mais qui n’a pas empêché la forte croissance démographique.