Dans un deuxième renversement de direction quasi inédit dans son caractère abrupte et flagrant, la communauté internationale adoube les jihadistes au pouvoir en Syrie, qu’elle avait – prétendument – combattus dans les années 2014/2018 en les bombardant lorsque leurs factions étaient officiellement des composantes d’al-Qaeda ou de l’État islamique, alors qu’elle les avait soutenus et armés dans les années 2011/2014 pour qu’ils fassent chuter le régime de Bachar el-Assad…
Massacres d’Alaouites, menaces sur les chrétiens
Après des mois de pogroms contre les Alaouites par le nouveau régime syrien, dominé par Hayat Tahrir al-Sham (HTS) sous la direction d’Abou Mohammed Al-Joulani, la minorité religieuse a formé des groupes de résistance armée dans la région côtière de Lattaquié et a commencé à riposter.
En réponse à la résistance alaouite, le régime jihadiste a envoyé des commandos de la mort dans les zones rurales de la côte syrienne. Des civils alaouites désarmés, y compris des enfants, ont été exécutés, des maisons ont été incendiées. Des rapports indiquent un déplacement massif de population, avec des gens fuyant vers les montagnes et les forêts ou se cachant sur la base militaire russe de Khmeimim pour échapper à la violence des jihadistes.
« Parmi les victimes, de nombreuses femmes et enfants, pris pour cible dans des massacres d’une violence inouïe. » Sur BFM TV, Benjamin Blanchard, directeur général de SOS Chrétiens d’Orient et Pierre-Alexandre Guillermet, chef de mission adjoint en Syrie de SOS Chrétiens d’Orient, témoignent (vidéo ci-dessus) de l’ampleur des violences contre la communauté alaouite ces dernières semaines.
Quelques chrétiens figurent aussi dans la liste des victimes, même si ces massacres ne semblaient pas les cibler. Quoi qu’il en soit, ils y assistent, comprenant bien le sort qui menace ceux qui se dressent contre les nouveaux maîtres de Damas que les Occidentaux ont adoubés.
L’adoubement occidental
En effet, pendant ce temps-là, les États-Unis ont levé la récompense de 10 millions de dollars offerte contre la tête d’Abou Mohammed Al-Joulani, le chef de HTS, lui-même ancien représentant local successivement d’al-Qaeda et de l’État islamique selon ses intérêts momentanés.
Le 18 mars, Ursula von der Leyen a promis 2,5 milliards d’euros à la « nouvelle Syrie » sur deux ans pour « faciliter sa reconstruction ». Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie de l’UE, a affirmé que le processus de levée progressive des sanctions contre la Syrie devait être maintenu, car sinon le risque était de « créer le chaos » dans tout le pays, si la communauté internationale n’aide pas la Syrie à « se remettre sur pied »…
Asaad Al-Shaibani, nouveau ministre syrien des Affaires étrangères (mais ancien membre fondateur du Front al-Nosra puis ancien porte-parole du Front Fatah al-Cham avant que s’y rallient divers autres groupes jihadistes pour former Hayat Tahrir al-Sham), reçu à Paris le 13 février puis à Bruxelles le 17 mars, en profitait pour demander la levée des sanctions.
La déclinaison locale du « nouvel ordre mondial fondé sur des règles » ressemble bien souvent à un chaos régional fondé sur la barbarie, le cynisme et la vision à courte vue…
En effet, ces mêmes jihadistes qui ont conquis la Syrie il y a 3 mois, étaient prétendument combattus et bombardés par une coalition occidentale menée par les Américains dans les années 2014-2018 lorsque Abou Bakr al-Baghdadi avait fondé le califat de l’État islamique « Daesh » en Syrie (le 29 juin 2014 à Raqqa). Néanmoins, tous les observateurs honnêtes témoignent que c’est l’intervention russe qui fut décisive à partir de 2015 pour avoir la peau – temporairement – du califat…
Mais précédemment, les mêmes jihadistes faisaient partis des groupes et factions opposantes à Bachar el-Assad, largement et aveuglément soutenus, financés et armés par les Occidentaux entre 2011 et 2014 pour nourrir la guerre civile et étrangère imposée à la Syrie…
Renversement de direction et chaos au Proche-Orient, au profit de QUI ?
Appétits israéliens et turcs
« Nous n’avons pas l’intention de nous engager dans un conflit avec Israël », avait expliqué il y a quelques temps à la télévision syrienne le chef de Hayat Tahrir al-Cham, qui veut maintenant se présenter sous son patronyme d’Ahmed al-Sharaa, et faire oublier son nom de guerre d’Abou Mohammed al-Joulani. Des propos qui ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd à Tel Aviv. Sur le terrain, Israël a déjà pris des gages sous forme d’une présence militaire sans précédent et sans limite de temps en territoire syrien. « Nous sommes là pour rester », a prévenu Israël Katz, le ministre israélien de la Défense.
Les soldats israéliens sont déployés dans trois zones :
- une zone tampon de 5 kilomètres de profondeur sur le plateau du Golan, où étaient déployés des casques Bleus de l’ONU depuis un demi-siècle, ainsi que sur le Mont Hermon qui surplombe la vallée menant à Damas distant de quelques dizaines de kilomètres. Neuf postes militaires avec tout leur équipement ont été disséminés.
- un deuxième secteur de 15 km de profondeur a été placé sous très haute surveillance. L’aviation israélienne y fait régulièrement le « ménage » en lançant des dizaines de raids contre des bunkers et des dépôts d’armes disséminés par le précédent régime.
- et une « zone d’influence » a été imposée, qui s’enfonce de 65 km à l’intérieur du territoire syrien.
Tsahal interdit l’accès à l’ensemble de ces zones à tous les groupes de résistants comme le Hezbollah qui a combattu les jihadistes en Syrie, et mène des bombardements contre des bunkers et des dépôts d’armes disséminés par le précédent régime.
Benyamin Netanyahou a prévenu que l’armée israélienne se porterait au secours des Druzes qui vivent dans cette région en cas d’attaques et veut aller encore plus loin dans ce « rapprochement » transfrontalier. Pour la première fois depuis la conquête du plateau du Golan lors de la guerre des Six Jours en 1967 et son annexion en 1981 par l’État hébreu, des centaines de Druzes syriens vont être autorisés à venir travailler dans l’agriculture et le bâtiment en Israël.
Mais les Israéliens ne sont pas les seuls dont l’appétit est réveillé. L’annexion des territoires syriens par l’État sioniste vise aussi à contrer la Turquie, considérée comme un concurrent et un adversaire dangereux (la Syrie était un territoire appartenant à l’Empire ottoman et la Turquie combat les velléités de sécessionnisme des Kurdes présents en Syrie). Et la Turquie était à la manœuvre pour conformer les jihadistes d’Idleb en vue de la prise de pouvoir réussie jusqu’à Damas.
Depuis quelques semaines, des responsables israéliens mènent une discrète campagne de pression auprès de l’administration de Donald Trump en faveur du maintien de la présence militaire de la Russie dans ses deux bases navales et aériennes installées en Syrie, pour faire contrepoids à la Turquie.
Tous les ingrédients d’une nouvelle explosion de violence sont réunies. Quelles que soient les méthodes que l’on reproche à Bachar el-Assad et à son père, le peuple syrien et la région proche-orientale ne semblent pas vraiment y avoir gagné…
Pauvre Syrie meurtrie depuis tant d’années… dans les prophéties musulmanes il est dit que le Christ apparaîtra en Syrie … à suivre
https://qactus.fr/2025/03/22/syrie-le-nouveau-president-syrien-a-exige-de-la-russie-lextradition-de-bachar-al-assad-al-arabiya/
Le chef des terroristes islamistes réclame la tete du président Assad, le rempart face aux égorgeurs, pillards et violeurs des minorités religieuses pendant 14 ans!