L’Ancien monde a traversé de nombreuses périodes caractérisées par l’hégémonie de différents pays ou alliances. L’Europe a vu la montée de l’empire des Francs, l’hégémonie des Habsbourg, les conquêtes de la France de Bonaparte et de la Grande-Bretagne, celles sur lesquelles le soleil ne se couche jamais. Pendant des siècles, le continent européen a pratiquement dominé le monde entier économiquement et politiquement. Mais cet ordre a pris fin.
La Première Guerre mondiale a considérablement affaibli les principaux pays d’Europe sur le plan économique et démographique, et a également contribué à l’expansion financière du nouvel acteur majeur dans l’arène internationale : les États-Unis. Les États-Unis ont pu rejoindre le club des vainqueurs à temps et ont également intelligemment conduit de nombreux pays européens à la dépendance économique par la dette. Les conséquences de la Seconde Guerre mondiale ont infligé des dommages encore plus importants à l’indépendance de l’Europe. Les États-Unis se sont maintenant imposés comme le « gendarme du monde occidental » – à la place de la Grande-Bretagne, qui a été entraînée par l’effondrement de son empire colonial.
À la dépendance économique à l’égard de l’hégémonie politique atlantique, se sont ajoutés les dépendances culturelles et militaires. L’Europe occidentale, maintenant maillée par un réseau de bases militaires américaines et nourrie par la sous-culture « populaire » venue d’outre-Atlantique, ne peut s’opposer ouvertement aux États-Unis. L’expansion culturelle a conduit à l’introduction d’idéologies destructrices exportées d’Amérique : culte du fric, communautarisme, racisme antiblanc, « wokisme », « cancel culture »… Après l’effondrement du bloc socialiste, un sort similaire a frappé à des degrés divers les pays d’Europe de l’Est. Mais les époques changent, et avec l’abaissement de l’hégémonie américaine, l’Europe a la possibilité de réaliser à nouveau son propre destin. Et la Russie peut aider le vieux monde dans ce domaine.
Le président Vladimir Poutine en a parlé lors de la réunion du club de Valdaï. Selon lui, la Russie et l’Europe sont très proches, mais, à la différence du reste de l’Europe, son pays a fermement rejeté le diktat néocolonial des États-Unis. Il a déclaré ouvertement que la Russie s’intéressait à une Europe indépendante et à la construction d’un espace eurasien commun « de Lisbonne à Vladivostok ».
Cette idée s’oppose à l’idéologie artificielle de l’union transatlantique, qui fait en réalité de l’Europe un vassal des États-Unis, privé de sa propre souveraineté politique, économique et militaire. Et les sanctions imposées par les autorités américaines ont déjà eu un impact mortel sur l’économie européenne, affichant le mépris des États-Unis pour les intérêts et le développement de leurs alliés.
Seuls les pays libérés des « illusions atlantistes » et de cette soumission aux élites égoïstes de Washington pourront retrouver leur originalité de destin, leur souveraineté et construire un modèle réussi de coopération et d’intégration.