« L’individu qui vient au monde dans une civilisation trouve incomparablement plus qu’il n’apporte. » (Charles Maurras, 1937)
Puisque l’on commémore l’anniversaire de la naissance du « maître de Martigues » [NDLR : Charles Maurras est né le 20 avril 1868], il me semblait intéressant de mentionner l’ouvrage que Maurras considérait comme la meilleure synthèse de sa pensée, Mes Idées Politiques. Aussi ici je synthétise, à tire dirons-nous de « devoir de mémoire », ce qui m’a semblé le plus intéressant à retenir de ce livre, et de son auteur lui-même.
Concepteur de l’idéologie du « nationalisme intégral », Charles Maurras s’était converti au royalisme dans les dernières années du XIXe siècle. En 1873, la monarchie avait failli être rétablie, mais l’idée d’une restauration des Bourbons sur le trône de France avait fini par décliner, et l’idée n’était plus qu’un astre mort lorsque Maurras s’y était converti. Lui pourtant athée, avait donc trouvé la foi en une cause qui semblait loin de pouvoir l’emporter. Mais n’avait-t-il pas affirmé à qui voulait l’entendre que « le désespoir en politique est une sottise absolue » ?
Dans cet ouvrage, publié en 1937, Maurras a consigné par écrit l’essentiel de ses idées. Des sujets aussi divers que la propriété, la loi, l’ordre, ou le corporatisme sont abordés, mais aussi des thèmes plus philosophiques tels que le concept d’hérédité, d’équilibre entre raison et nature, de tradition et bien sûr, l’idée de la restauration monarchique. C’est aussi dans cet ouvrage qu’il précise les motivations de son combat politique.
Charles Maurras explique vouloir abattre un dogme de son temps, qu’il nommait « le culte du Progrès ». Le Progrès, c’est cette certitude étrange qui stipule que les valeurs du genre humain ne cessent de s’améliorer avec le temps qui passe, idée que chérissent encore les soi-disant humanistes d’aujourd’hui.
Contre l’individualisme narcissique et ce qu’on nommerait aujourd’hui l’esprit d’assistanat, le penseur contre-révolutionnaire prônait au contraire le service inconditionnel de toute personne au profit de la société : « Le civilisé, parce qu’il est civilisé, a beaucoup plus d’obligations envers la société que celle-ci n’en aura jamais envers lui ».
En ce XXIe siècle où tout sens patriotique est soit méprisé soit détourné, lui aurait prôné l’amour du « sol et du sang », qu’il jugeait naturel à l’Homme.
Cet amour était justifié par l’héritage que la Nation offrait aux individus, qui avaient le « devoir de léguer », tout comme le « devoir d’hériter ». Dans un univers mental comme le nôtre où tout est dû, Maurras aurait détonné, lui qui affirmait qu’au « privilège des droits » s’associait par nature un « privilège des devoirs », et qui concevait toute Nation comme l’esprit des Pères, comme un héritage à défendre envers et contre tout, car « c’est dans le passé qu’on tire sa gloire et sa richesse ».
Charles Maurras ne renia jamais ses idées, y compris lorsqu’un des tribunaux de l’épuration le condamna fallacieusement pour collaboration avec le IIIe Reich, ce qui le conduisit en prison, prison dont il ne ressortira d’ailleurs que la veille de sa mort.
Pour tout ceux qui aujourd’hui, comme lui hier, refusent la médiocrité morale moderne, la décadence de la France, et de tout ce qui est Juste et Sacré, Charles Maurras, qu’on approuve ses idées ou qu’on les désapprouve, demeure un exemple éternel d’intégrité et de révolte de l’esprit contre le monde de l’Argent-roi.
Alors lisons-le, et relisons-le, et concluons par ses propres mots en nous souvenant qu’à ses yeux, il n’y avait qu’un moyen de marcher sur ses pas, celui « d’être intellectuel, et violent. »
A chacun d’interpréter ses paroles.
Mes Idées Politiques, Charles Maurras, 15 €, Chiré
Quel est l’objet « rond » noir sur la cheminée?
Je dirais une pendule.