2019, Reconquista Press, 226 pages.
Préface de Martin Peltier.
Quand un roman n’a ni la moelle épinière d’une intrigue ni la chair de corps pensants qui agissent, créent et subissent de vrais événements, il se réduit à une éponge absorbant les eaux sales dont ne veulent ni la poésie, ni le théâtre, ni l’essai. Cette souffreteuse velléité de roman est aussi peu appétissante qu’une pensée fâchée avec les images dont elle s’efforcerait en vain à se vêtir. Mais précisément, c’est dans la forme d’un avorton littéraire que se peut signifier la diarrhée d’âmes subjectivistes tellement exténuées qu’elles sont en passe de s’évacuer tout entières dans leur puanteur aqueuse. Dans ce recoin de modernité hanté par les cirons, il y a le narrateur sceptique et sa lâcheté, Jeanne et sa trahison religieuse, Ursule et ses vices, Arnaud et son arrivisme, Ernest et son intransigeance butée. Il y a les conspirateurs inactuels en leur naïveté aigrie, et plusieurs autres figures tristement humaines du désespoir ordinaire. Il y a quand même l’espérance d’une victoire de l’ordre sur la possibilité du désordre en laquelle le premier se risque et se régénère, mais qui l’engloutit et le réduit à lui quand — tel Narcisse — il s’y mire trop longtemps.
Et puis il y a les bien-pensants en leur pathologie de pureté faisandée, qui abhorrent le péché non parce qu’il est mortifère, mais à cause de ce qu’il contient encore de vitalité.
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