« Il ne faut pas craindre de faire porter aux Juifs une part de responsabilité dans ce qui est arrivé »
Alexandre Soljénitsyne, Deux siècles ensemble, Juifs et Russes pendant la période soviétique
Le 22 mars 1917, Nicolas II, qui a abdiqué quelques jours plus tôt, est placé en résidence surveillée avec sa famille au Palais Alexandre situé à Tsarskoïe Selo près de Saint-Pétersbourg. En août 1917, le gouvernement provisoire d’Alexandre Kerenski évacue les Romanov à Tobolsk en Sibérie, selon lui, pour les protéger contre les débordements de la Révolution.
Alors que la lutte entre l’Armée rouge et les Armées blanches s’intensifit, la famille est rapatriée en deux convois (Nicolas II, Alexandra et leur fille Maria en avril, le tsarévitch Alexis trop malade pour accompagner, est resté avec ses sœurs Olga, Tatiana et Anastasia et ne quittent Tobolsk qu’en mai 1918) dans la direction de Moscou avant de bifurquer vers l’Oural et Ekaterinbourg.
La famille impériale y est retenue depuis le 30 avril 1918 à la villa Ipatiev située en plein centre-ville. Tout y est calme, tout au moins en apparence et les jours s’y écoulent dans l’ennui.
Mais dans sa grande majorité le peuple russe n’accepte pas l’immense barbarie bolchevique et la progression des armées blanches en est facilitée. Et venant l’été 1918, des divisions de l’armée de Dénikine s’approchent de Moscou. Une légion formée avec d’anciens prisonniers de guerre tchécoslovaques anticommunistes se dirige vers Ekaterinbourg où le tsar et sa famille sont détenus. Panique chez les bolcheviques qui s’apprêtent à reprendre la clandestinité. Pour Lénine, pas question de prendre le risque qu’ils puissent être libérés. Sa décision d’ailleurs était mûrie depuis longtemps. Il fallait tuer le tsar et sa famille. Toujours le modèle de la Révolution française !
Ce fut le juif Iakov Solomon, dit Sverdlov, qui transmit au chef local de la Tchéka, Iankel Chaïmovitch Iourovsky (« d’une famille juive orthodoxe » – Alexandre Soljénitsyne, Deux siècles ensemble, Juifs et Russes pendant la période soviétique), chargé de surveiller la détention du tsar, l’ordre de massacrer toute la famille impériale. Sverdlov l’avait lui-même reçu de Philippe Goloschiokine, le« secrétaire du Comité de région de l’Oural ».
« On sait maintenant qu’au début de juillet 1918 Goloschiokine s’était rendu à Moscou dans le but de convaincre Lénine que laisser « s’enfuir » le tsar et sa famille était une mauvaise solution, qu’il fallait carrément ouvertement les exécuter, puis annoncer la chose publiquement. Convaincre Lénine qu’il fallait supprimer le tsar et sa famille n’était pas nécessaire, lui-même n’en doutait pas un seul instant. » (Alexandre Soljénitsyne, Deux siècles ensemble, Juifs et Russes pendant la période soviétique)
Le 16 juillet au soir, Iourovski procura des pistolets à ses hommes. Après minuit, il demanda aux Romanov et à leurs suivants de se préparer à être transférés dans un lieu plus sûr. Tout le monde descendit par les escaliers intérieurs jusqu’au sous-sol. L’ex-tsar portait son fils dans ses bras. Il y avait deux chaises, où s’assirent l’empereur et l’impératrice, Alexis se trouvait sur les genoux de son père, les grandes-duchesses et leurs suivants se trouvaient debout à côté du couple impérial.
Iourovski, prétextant qu’il allait chercher un appareil photographique pour prouver de leur bonne santé auprès de Moscou, alla régler les derniers détails du massacre avec ses hommes de mains. Puis il ouvrit la double porte où se trouvaient les prisonniers. Sur le seuil, les douze hommes s’alignèrent sur trois rangs. Dehors, le chauffeur du camion mit le moteur en marche pour couvrir le bruit des détonations.
Au premier rang des tueurs, Iourovski sortit un papier et se mit à le lire rapidement : “Du fait que vos parents continuent leur offensive contre la Russie soviétique, le comité exécutif de l’Oural a pris le décret de vous fusiller.” La fusillade se déchaîna aussitôt, dans le désordre le plus absolu. Il n’était plus question de préséance révolutionnaire : la plupart des exécuteurs visèrent le tsar Nicolas II. Le choc des multiples impacts le projeta en arrière et il s’effondra, mort sur le coup. Alexandra et la grande-duchesse Olga eurent à peine le temps d’esquisser un signe de croix avant de tomber à leur tour.
Dans la fumée de la poudre qui emplissait la pièce, le tsarévitch effondré par terre, faisait preuve, selon Yourovski, d’une “étrange vitalité” : il rampait sur le sol en se protégeant la tête de la main. Nikouline, maladroit ou trop énervé, vida sur lui un chargeur sans réussir à le tuer. Yourovski dut l’achever de deux balles dans la tête. Le sort des grandes-duchesses fut encore plus horrible : les projectiles ricochaient sur leurs corsets où elles avaient cousu des bijoux et des pierres précieuses pour les dissimuler aux gardiens. Yourovski dira, plus tard, qu’elles étaient “blindées”. Les tueurs ont vidé leurs armes mais cela ne suffit pas, trois des grandes-duchesses étaient encore en vie. Selon son témoignage, Kabanov alla chercher une baïonnette en forme de couteau d’une Winchester pour les achever. D’autres l’imitèrent.
Même régime pour le médecin de famille Ievgueni Botkine, la femme de chambre Anna Demidova, le valet de chambre Alekseï Trupp et le cuisinier Ivan Kharitonov (pas de pitié pour le bon peuple…). Anna Demidova fut aussi très longue à mourir.
Les corps ensanglantés furent emmenés en camion dans une clairière, près du village de Koptiaki. Ils furent arrosés d’acide sulfurique, brûlés et démembrés avant d’être ensevelis sous un chemin forestier.
En 1991, plus de soixante-dix ans après l’assassinat, des recherches sont organisées dans la forêt de Koptiaki afin de retrouver les corps de la famille impériale. Des ossements sont exhumés à l’endroit indiqué par Yourovski dans son rapport. Les archéologues relèvent des mâchoires, des fémurs et des morceaux de crânes en mauvais état, et comptent en tout neuf corps (cinq femmes et quatre hommes). Grâce à des analyses ADN poussées, les scientifiques sont formels, deux des squelettes découverts appartiennent à Nicolas et Alexandra. Quelques années plus tard, les experts affirment avoir également déterré les corps du docteur Botkine, des trois domestiques, d’Olga, Tatiana et… Anastasia. Le 29 juillet 2007, des fragments d’os sont retrouvés près de la fosse commune où furent enterrés les Romanov. Ils auraient appartenu à un garçon d’environ 14 ans et une jeune femme d’une vingtaine d’années. En janvier 2008, un communiqué annonce que les ossements sont ceux d’Alexis et Maria.
L’assassinat de Nicolas II et de toute sa lignée est véritablement l’acte fondateur du régime judéo-bolchevique – comme l’assassinat du couple royal français l’avait été pour la Révolution – et une déclaration de guerre au christianisme lui-même. C’est un acte de défiance absolue envers Dieu. Le crime perpétré par le régime bolchévique constitue un exemple d’une tentative d’effacer le passé et d’enterrer l’histoire du pays. À tel point même que le 27 juillet 1977 la décision de raser la Villa Ipatiev était prise et l’ordre donné. L’instigateur en était Mikhaïl Souslov, membre du Politburo et personnage méconnu de l’époque soviétique qui fut pourtant l’un des plus sombres et des plus terribles de son histoire.
Mais peine perdue !
Quatre-vingts ans plus tard, en 1998, jour pour jour, leurs restes ont été transportés à Saint-Pétersbourg et ensevelis dans la nécropole impériale de la cathédrale Pierre et Paul.
Le 15 août 2000, la famille impériale fut canonisée comme mort-martyr par le Patriarche Alexis II de Moscou. Et chaque année depuis 1997 se déroule à Ekaterinburg, sur les lieux de l’extermination et les endroits où l’on a retrouvé les restes de Nicolas II et de sa famille, une procession et un chemin de croix qui réunissent régulièrement près de 50 000 à 70 000 orthodoxes de Russie et du monde entier pour se souvenir de la famille impériale lâchement assassinée.
Le 1er octobre 2008, le Présidium de la Cour Suprême de Russie a reconnu que les répressions contre le tsar Nicolas et sa famille étaient injustifiées et a décidé de les réhabiliter estimant qu’ils ont été victimes de la répression politique.
Le 27 août 2010, une décision de la Cour suprême a permis la réouverture de l’enquête sur le meurtre du tsar et de sa famille.
Enfin, le 29 novembre 2017 le Comité d’enquête, institution judiciaire russe de premier plan, a formé une commission chargée d’enquêter sur les circonstances de l’assassinat du tsar Nicolas II, de son épouse et de ses cinq enfants. « Nous vérifions toutes les versions possibles des circonstances du décès, notamment la destruction des corps à l’aide de feu et d’acide, leur décapitation… ainsi que la version d’un meurtre rituel », y a déclaré Marina Molodtsova, une haute responsable du Comité d’enquête, approuvée par l’évêque Tikhon, un dignitaire religieux qui a rappelé que « les bolchéviques et leurs hommes de main n’étaient pas étrangers à toutes sortes de rituels symboliques ».
Voir aussi :
Rendez-vous avec l’histoire : le massacre rituel de la famille impériale de Russie
L’horreur absolue!