Après le Blitz Krieg, la Blitz Besuch, la visite éclair. L’idée d’une parade triomphale a vite été abandonnée, elle aurait été une cible trop tentante pour les bombardiers de la RAF.
Trois civils accompagnent le Führer, tous vêtus d’uniforme pour ne pas détoner dans l’entourage : Albert Speer et Hermann Gieseler, architectes, et Arno Breker, sculpteur.
Aucune artère de la capitale n’a été spécialement préparée ou sécurisée, Hitler et sa suite circulent en voitures décapotable.
La visite commence tôt, à 6 heures du matin, dans un Paris encore désert – déserté plutôt.
Le cortège en provenance de l’aéroport du Bourget marque une première halte, la plus importante pour Hitler, à l’Opéra. Il connaît le monument par cœur d’après les plans et ouvrages qu’il a lus à son sujet, il prend plaisir à épater la galerie en signalant l’existence d’une salle provisoirement condamnée pour réfection : « Vous voyez que je suis chez moi ! ». À la sortie, le guide refuse le pourboire : il n’a fait que son travail dit-il.
L’aréopage se dirige ensuite vers l’arc de triomphe en passant par le boulevard de la Madeleine, la rue Royale et la Concorde, descend l’avenue Foch et rejoint le Trocadéro où la célèbre photo d’Hitler dos à la tour Eiffel est prise : il ne peut pas la visiter, le câble d’ascenseur avait été sectionné au moment de l’évacuation de la ville par les autorités.
Les Allemands se dirigent ensuite vers l’École militaire, puis vers les Invalides où Hitler médite longuement devant le tombeau de l’Empereur. Ensuite, il remonte vers le jardin du Luxembourg qu’il visite, mais ne souhaite pas visiter le Panthéon. Pour finir, il descend le boulevard Saint-Michel à pied, ses deux gardes du corps à distance.
Place Saint-Michel, il remonte en voiture. Ils arrivent alors sur l’île de la Cité, où il admire la Sainte-Chapelle et Notre-Dame, puis la rive droite (le Châtelet, l’hôtel de ville, la place des Vosges, les Halles, le Louvre, la place Vendôme). Ils remontent ensuite vers l’Opéra, Pigalle, le Sacré-Cœur qu’il aurait jugé « affreux », avant de repartir à 8 h 15. Un survol de la ville complète sa visite.
Dans l’avion, Hitler en extase se tourne vers Speer et lui dit : « c’était le rêve de ma vie de pouvoir visiter Paris un jour, je ne peux pas dire comme je suis heureux d’avoir réalisé mon rêve », on ne voit donc pas très bien pourquoi il aurait ordonné, quatre ans plus tard, de détruire Paris.
Note : la date de la visite fait débat entre historiens, 23 ou 28 juin. Si on retient qu’Hitler est arrivé en avion au Bourget pour visiter Paris, alors, la date probable est plutôt le 28: étant donné qu’il était à Rethondes en forêt de Compiègne le 22 pour signer l’armistice, on ne voit pas pourquoi il aurait eu besoin d’un avion pour aller au Bourget, 80 km entre les deux. D’autre part, Speer, Gieseler et Breker n’avaient, eux, rien à faire à Rethondes. Il a aussi fallu le temps d’amener sur Paris les Mercedes découvertes du Führer.
Source : vidéo de Mark Felton
Source secondaire pour le texte : L’IMAGE. Quand Hitler visitait Paris désert | Actu Paris
Il faut reconnaître qu’un discours du Führer au Trocadéro avec la Wehrmacht alignée sur le Champ de Mars, cela aurait fait une photo encore plus colossale que la fameuse à Nuremberg.
Mais AH ne voulait pas prendre le risque que Paris soit bombardée par la RAF, et connaissant Churchill, ce n’était pas un risque, c’était une certitude, comme quoi, lequel était le plus fou des deux?
Avant Paris, il était allé faire un pèlerinage sur les lieux de « sa » guerre de 14, à Fournes-en-Weppes et environs, où beaucoup des lieux existent encore, y-compris son logement. Il subsiste aussi certains des bâtiments qu’il y avait peints.
Merci, très intéressant.
Et c’est peut-être là qu’AH aurait appris le français auprès d’une petite française dont il se dit qu’il aurait eu un fils.
Et dans le secteur, à 15km, ironie de l’histoire, il y avait un régiment anglais commandé par un certain Churchill, alors en disgrâce après la gamelle des Dardanelles:
on l’oublie, mais en 1913, Churchill était déjà Premier Lord de l’Amirauté – ministre de la marine de guerre – en Angleterre, il n’y a pas beaucoup de poste au-dessus.